Incendie de Synapse 3i pendant les émeutes : l'association s'installe dans de nouveaux locaux, "cinq semaines, ça nous a paru une éternité"

Lors des émeutes qui ont secoué la France après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, les locaux du centre d'insertion Synapse 3i d'Amiens avaient été incendiés. Un mois plus tard, l'association s'installe dans de nouveaux locaux. Une solution provisoire, mais qui permettra une reprise rapide de l'activité.

"Quand il y a eu l'incendie, j'étais triste, se souvient Ahmad Mahfoud, salarié en insertion chez Synapse. En vrai, j'étais plus que triste : j'étais en colère." Venu de Syrie, où il était architecte d'intérieur, il assure avoir trouvé une deuxième famille dans cette association. "Mon équipe me manque, et mon chef aussi, donc il faut reconstruire !"

Si le traumatisme de l'incendie qui a détruit les locaux du centre d'insertion dans le quartier sud-est est encore bien présents, les salariés et la direction sont prêts à aller de l'avant. Ils vont s'installer provisoirement dans les anciens locaux de l'entreprise Lee Cooper, situés à Amiens Nord. Ahmad et d'autres s'attellent déjà à repeindre, mettre aux normes et aménager les 2 000 mètres carrés qui les accueilleront bientôt.

Une activité relancée à l'automne

"Nous avons cinq activités au sein de nos ateliers : la tapisserie d'ameublement, la valorisation numérique, le conditionnement numérique, la couture et la menuiserie, explique Marc Leclercq, responsable des ateliers. Donc ça demande un peu d'espace, surtout pour la menuiserie qui est équipée de grosses machines. Pour les autres ateliers, les machines sont un peu moins volumineuses, mais elles sont quand même nombreuses." Grâce aux remboursements des assurances, de nouveaux équipements ont pu être commandés pour remplacer ceux détruits dans l'incendie.

L'activité pourrait ainsi reprendre au plus tard au mois d'octobre. "Notre difficulté, c'est que nos partenaires, qui ont certes très bien compris notre situation, nous donne des délais, et ils ne sont pas extensibles à l'infini, donc aujourd'hui, il faut que notre production puisse repartir et que nous puissions répondre aux attentes des différents partenaires", poursuit le responsable.

Une volonté partagée par l'ensemble des acteurs de Synapse 3i. "Ça fait plaisir d'avoir trouvé un local ! Cinq semaines, ça nous a paru une éternité. C'était un peu comme une deuxième maison... Alors maintenant qu'on a retrouvé un local, tout va repartir sur de bonnes bases", se réjouit Alexandra Duflot, salariée de la structure.

Une solution temporaire

Si l'association s'est tournée vers le privé, c'est parce qu'aucune des solutions de relocalisation proposées par la mairie d'Amiens ne répondaient suffisamment aux besoins. "Les locaux étaient petits et les activités auraient été éclatés aux quatre coins de la ville, précise Patrice Chelmy, le président de Synapse 3i. Et puis il fallait un accès pour les camions, pour le chargement et le déchargement."

Mais le directeur insiste : il ne s'agit là que d'une solution temporaire. Il ne souhaite pas rester indéfiniment à Amiens Nord, si loin des anciens locaux. "Les trois quarts des personnes qui interviennent chez Synapse sont du quartier sud-est. Ce n'est pas parce que les locaux ont brûlé là-bas qu'il faut déserter le quartier, estime-t-il. Au contraire, ce serait une grosse erreur politique. [...] Il faut aussi penser à la mobilité, qui fait partie de l'insertion. Si on ne veut perdre personne en route, il faudra retourner très vite dans le quartier sud-est."

Au-delà de l'urgence, il espère désormais entamer un dialogue de fond sur l'avenir de sa structure et la reconstruction avec la municipalité.

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