"Je suis venu pour progresser" : privé de son pôle excellence, le club de natation d'Amiens mise sur la jeunesse

Alors que Mewen Tomac et son entraîneur ont quitté Amiens Métropole Natation pour d'autres horizons, le club a décidé de mettre sur pause son pôle excellence en raison de difficultés financières. En attendant le retour de cette section, il mise tout sur l'entraînement des jeunes nageurs prometteurs du centre de formation.

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Jérémy Stravius, Mélanie Hénique, Mewen Tomac, Maxime Grousset… Tous ces médaillés internationaux sont passés par l'Amiens Métropole Natation. Depuis des années, le club amiénois est réputé pour la qualité des nageurs qu'il forme. Il pouvait compter sur son pôle d'excellence. Mais ce pôle est aujourd'hui mis sur pause pour raisons financières.

Amiens a aussi perdu ses deux têtes de gondole. Après près de dix ans passés dans les lignes d'eau amiénoises, Mewen Tomac a rejoint l'INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) à Paris en septembre. Il y retrouve Mathieu Neuillet, son entraîneur au pôle excellence, qui a pris la tête de la section natation de l'INSEP. Mewen Tomac s'envolera ensuite pour les États-Unis en 2025. Bien qu'il ne s'y entraîne plus, Mewen Tomac reste tout de même licencié du club amiénois.

Et comme la nature a horreur du vide, c'est la jeunesse qui prend le pouvoir. En cette rentrée, le centre aquatique Aquapôle a vu arriver les nageurs du centre d'accession et de formation (CAF) Hauts-de-France d'Amiens.

De la Réunion à la Picardie

Ces jeunes âgés de 15 ans à 18 ans viennent de toute la France, à l'image du Réunionnais Alexandre Ferrere, qui entame sa deuxième année de formation. "Ça a toujours été un peu mon rêve de m'entraîner ici, avec les plus grands, de devenir un nageur qui réussit, qui fait des résultats", explique le jeune nageur de 16 ans.

S'il lui a fallu s'habituer au climat picard et à l'éloignement familial, il se dit "très content" de ses progrès et "espère encore faire mieux" cette année.

Ça m'a toujours animé, c'est un rêve depuis que je suis petit. Je suis venu pour progresser.

Alexandre Ferrere,

nageur réunionnais au Centre d'accession et de formation

Jeanne Lechevalier, elle, est l'une des seules Amiénoise du groupe. Dans le sillage d'un Mewen Tomac ou d'un Jérémy Stravius, la jeune nageuse est spécialiste du dos et compte déjà parmi les meilleures de sa catégorie.

"Je me souviens que, quand on était plus petits, on le [Mewen Tomac, ndlr] voyait s'entraîner le matin. C'est sûr, c'est une source d'inspiration. Mais c'est un grand challenge pour moi d'arriver à ce niveau-là", mesure Jeanne qui a commencé à s'entraîner dans ce club dès son plus jeune âge.

Concilier les entraînements et le lycée

Si le centre de formation amiénois attire des jeunes de la France entière, c'est aussi parce qu'il offre la possibilité de concilier pratique de haut niveau et formation scolaire. Malgré ses 13 entraînements par semaine, Jeanne ne se sent pas noyée par ce rythme intense.

Le lycée s'organise pour qu'on rate le moins de cours.

Jeanne Lechevalier,

nageuse amiénoise au Centre d'accession et de formation

"Ils organisent des cours à rattraper et même les évaluations, on peut les rattraper. Pendant les compétitions, il y a toujours des personnes de notre classe ou des profs qui nous envoient les cours", illustre Jeanne, par ailleurs élève au lycée du Sacré Cœur, partenaire du CAF.

Pour la jeune nageuse qui se voit kinésithérapeute ou médecin du sport, l'école reste importante. "Mes parents m'ont toujours éduquée dans [l'idée] que l'école est toujours la priorité et que la natation est toujours un plus", explique-t-elle.

"J'ai de la chance de pouvoir les entraîner"

La jeunesse est aussi en bord de bassin. À 21 ans, Nathan Hudan, en formation pendant deux ans, épaule l'entraîneur principal Alexandre Legrand depuis septembre. "C'est une opportunité pour moi d'être dans un club tel qu'Amiens, qui est une très grosse structure. Et pour le CAF, comme ces jeunes sont top 5, top 10 nationaux, voire même champions ou championnes de France, j'ai de la chance de pouvoir les entraîner", estime-t-il.

"C'est une très grosse responsabilité parce que je les accompagne dans leur projet, donc j'ai la pression de bien faire", ajoute celui qui a été nageur de haut niveau pendant une dizaine d'années.

"Mettre en veille le pôle excellence pour mieux revenir"

Miser sur la jeunesse, faute de mieux pour le moment, c'est le pari d'Amiens Métropole Natation. "Les comptes ne sont pas au vert, ils sont plutôt au rouge, donc il fallait absolument réduire la voilure du club, vis-à-vis de nos institutions notamment", explique Romuald Allais, président d'Amiens Métropole Natation.

"L'idée était de mettre en veille le pôle excellence pour mieux revenir, donc travailler fort avec le CAF pour sortir le maximum de nageurs qui ont le potentiel de nager à très haut niveau [...], les suivre au mieux pour les amener où ils veulent aller et leur souhaiter, pour certains, Los Angeles avec un podium à la clé. [...] Et d'ici un an, un an et demi, je pense que le pôle excellence rouvrira", affirme-t-il.

D'ici là, les jeunes du centre formation espèrent progresser pour, eux aussi, rentrer dans l'histoire du club et de la natation.

Avec Émilie Montcho / FTV

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