Depuis novembre, le centre hospitalier à installé des points de collecte des masques usagés sur ses sites. Ils sont ensuite traités par des entreprises qui se chargent de la désinfection et de la récupération des matériaux.
Ce sont de discrètes boîtes couleur kraft qui ont fait leur apparition début novembre sur les trois sites du CHU Amiens-Picardie. Après la ville de Laon par exemple, le centre hospitalier samarien a décidé de lutter contre la "pollution sans précédent" engendrée par le port du masque jetable, pourtant "largement légitime sur un plan sanitaire" en temps de pandémie. Ses équipes ont donc installé 120 points de collecte, où personnels, patients et visiteurs peuvent déposer leurs dispositifs usagés – qu'il faut, selon les recommandations, changer toutes les quatre heures.
L’établissement estime consommer environ 7.446.000 masques par an, soit 30 tonnes de déchets qui étaient auparavant traités comme des ordures ménagères – donc destinés notamment à l’enfouissement ou l’incinération. "On a fait le calcul : si on les met côte-à-côte, c’est la distance Paris-Madrid", souligne Imad Fakhri, ingénieur logistique au CHU. Un chiffre qui ne prend en compte que les utilisations internes – et auquel on doit donc ajouter les usagers de passage qui se fournissent à domicile.
Réemploi dans l'automobile ou le textile
L’hôpital a fait appel à une PME du Nord. Cosmolys développe depuis plusieurs années des systèmes de revalorisation des déchets à risque infectieux, et a mis en place une filière de traitement avec plusieurs partenaires locaux. Les équipes logistiques rassemblent les volumes collectés, qui sont récupérés par les prestataires et emmenés Avelin, au sud-est de Lille.
"Les masques usagés (…) sont d’abord désinfectés par micro-ondes", expliquait en mars Lyreco, la structure chargée de l’acheminement. Un processus de tri est alors entamé afin de séparer les barrettes nasales métalliques et les fils élastiques. Une fois le polypropylène [la matière retrouvée dans le voile bleu notamment, NDLR] isolé, il est broyé et régénéré pour produire des granulés." Ces derniers peuvent alors être remployés dans la fabrication de matériaux pour l’industrie automobile ou textile.
Du côté du CHU, "on s’inscrit dans une optique plus large : les cartons doivent aussi être recyclables et recyclés pour s’inscrire dans une logique de développement durable", assure Imad Fakhri, qui précise aussi que les acheminements sont optimisés pour réduire la pollution liée au transport. Même si le volume de masques a explosé avec la pandémie, l’ingénieur espère voir le dispositif être pérennisé au-delà, en réanimation par exemple. Aujourd’hui, l’hôpital produit environ 3.000 tonnes de déchets par an. Il compte une vingtaine de filières de revalorisation, dont, depuis octobre, les métaux (aluminium, cuivre, inox) utilisés en bloc opératoire.