Le tribunal de commerce a validé, ce vendredi 12 juillet, l'offre de reprise de la filiale amiénoise de Metex par le groupe agroalimentaire Avril. Le site d'Amiens emploie à l'heure actuelle 280 personnes, dont la quasi-totalité vont garder leur emploi.
Le brouillard qui pesait depuis plusieurs mois sur l'avenir de Metex Noovistago se dissipe enfin. Elle sera reprise par le géant de l'agroalimentaire Avril, spécialiste des huiles végétales, connu notamment pour ses filiales Lesueur et Puget. L'offre, tout juste validée par la justice, prévoit la reprise des 315 emplois répartis entre Amiens, Paris et le Puy-de-Dôme.
"Je me réjouis de cette décision, qui marque une nouvelle étape dans le développement d’Avril. Au nom de tous les collaborateurs, je souhaite la bienvenue aux 315 salariés qui vont nous rejoindre. Je suis fier et heureux du projet que nous avons construit pour donner un nouvel avenir à ces entreprises. Nous allons maintenant nous mettre au travail pour développer un modèle économique solide et pérenne, et proposer une offre de produits pour contribuer à la fois à la compétitivité et à la transition environnementale du secteur de l’élevage", a déclaré Jean-Phillipe Puig, directeur général d'Avril, via un communiqué.
"On est tous contents de tourner la page de Metex, nous confie Maxime, technicien de production. C'est une autre aventure qui commence". "Avril, c'est une entreprise familiale, c'est une belle mentalité, on n'entend que du bien sur eux", ajoute Christophe, salarié de l'entreprise depuis 24 ans.
Metex Noovistago est une filiale du groupe Metex qui produit à Amiens nord de la lysine, un acide aminé utilisé entre autres dans l'alimentation pour bétail, une usine unique en Europe. Affaiblie par l'envol du coût du sucre et une concurrence chinoise agressive, elle avait été placée en redressement judiciaire le 20 mars, laissant ses quelque 300 employés dans l'incertitude. Face au ralentissement de l'activité, une partie d'entre eux avait même dû être mise au chômage partiel.
Metex, un sujet hautement politique
Le groupe Avril s'était positionné quelques semaines plus tard, mais avait rechigné à déposer une offre dans le délai imparti. Le géant de l'agroalimentaire avait en effet préféré prendre son temps, afin d'obtenir des garanties financières de l'État, ainsi qu'un accord pour faire baisser le prix du sucre, matière première pour produire la lysine. Un sujet auquel les pouvoirs publics étaient déjà sensibilisés, puisque la direction du groupe Metex tirait la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois, avant même l'enclenchement de la procédure de redressement.
Et le sujet était même devenu un thème de campagne, l'usine ayant vu défiler les responsables politiques. À gauche, pas moins de trois têtes de listes des élections européennes venues rendre visite aux salariés : Léon Deffontaines (PCF), Marie Toussaint (EELV), et Manon Aubry (LFI). Deux députés de la Somme que tout oppose, François Ruffin (divers gauche) et Jean-Philippe Tanguy (RN), s'étaient également emparé du sujet.
Une offre de reprise en association avec l'état
Finalement, le 3 juin, Avril annonçait le dépôt de son offre de reprise, concernant à la fois la filiale amiénoise, mais également une partie des activités commerciales et de recherche et développement, basées à Paris. Une offre en association avec l'État, par le biais du fonds d'investissement SPI. "Elle a également été construite grâce au soutien de la Région Hauts-de-France et d’Amiens Métropole", précise Metex dans un communiqué.
C'est cette offre qui vient d'être validée par le tribunal de commerce. La reprise prendra effet le 16 juillet. Pour l'occasion, la direction du groupe Avril se rendra sur le site d'Amiens pour rencontrer les salariés. "Ce sera un accueil chaleureux, confirme Samir Beyahya, délégué syndical. Grace au groupe Avril, notre société est sauvée aujourd'hui, et grâce aux efforts de plusieurs personnalités comme François Ruffin, Monsieur Lescure (ministre délégué chargé de l’Industrie) et les personnes en charge du dossier à Bercy."
Le groupe Metex détient également une usine en Moselle, à Carling-Saint-Avold. Pour ce site, le tribunal de commerce avait désigné fin juin une société belge, Maash, comme repreneur des actifs. Seuls 10 emplois devraient y être maintenu, sur les 46 que compte cette filiale spécialisée dans la chimie verte.