En Picardie, une vingtaine de candidats aux élections municipales 2020 bénéficient de l'investiture ou du soutien de La République en Marche. Mais, à l'image des prétendants à la mairie d'Amiens, il est parfois difficile de comprendre quel aspirant arbore les couleurs macronistes. Décryptage.
Pour ces élections municipales 2020, les logos des partis politiques se font très discrets sur les affiches des prétendants aux mairies. À Amiens par exemple, difficile pour les électeurs de distinguer le candidat se présentant sous les couleurs de La République en Marche. Dans la capitale picarde, c'est la maire sortante UDI Brigitte Fouré qui bénéficie du soutien du parti présidentiel.
En compagnie de 71 autres élus, la première édile avait co-signé en juin 2019 une tribune de soutien à Emmanuel Macron. L'initiative s'avère fructueuse puisque Brigitte Fouré rafle l'appui des marcheurs malgré la demande d'investiture de Fany Ruin pour sa liste Une ambition pour Amiens et la présence de la députée LREM Barbara Pompili sur la liste Amiens en couleurs de Christophe Porquier.
Les maires sortants à la recherche du rassemblement
Ainsi, Brigitte Fouré bénéficie d'un large rassemblement au centre-droit (UDI, MoDem, LREM et LR) favorable à sa réélection. "Les têtes de liste ne brandissent pas souvent la mention "République en Marche" sur leurs supports de campagne, leur but est avant tout d'avoir une liste à large spectre politique," confie Nicolas Bourgeois, référent LREM dans l'Oise et candidat à Lamorlaye.Son homologue de la Somme abonde dans son sens : "les enjeux politiques locaux ne sont pas les mêmes que sur le plan national : pour les municipales, les citoyens votent davantage pour une personne qui porte un projet plus qu'un parti," affirme Bruno Bienaimé, qui fait campagne aux côtes de Brigitte Fouré. Son comité départemental, divisé dans les trois listes Macron-compatibles à Amiens, s'est "mis en sommeil le temps de la campagne, d'un commun accord," explique Anne-Marie Poulain, elle aussi membre du comité LREM de la Somme, mais qui a décidé de soutenir Fany Ruin.
La maire de la deuxième ville picarde, Beauvais, a opté pour la même stratégie que l'élue amiénoise. Caroline Cayeux, qui se présente en 2020 sous l'étiquette divers droite puisqu'elle n'a pas renouvelé son adhésion aux Républicains en septembre 2018, a éliminé la concurrence d'un éventuel candidat LREM en se voyant octroyer l'appui du parti présidentiel, sans pour autant y adhérer.
Vous trouverez sur la carte suivante l'ensemble des candidats bénéficiant, dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants et les sous-préfectures,
- de l'investiture LREM (jaune)
- du soutien du parti présidentiel (orange)
- d'aucun candidat LREM déclaré (en noir)
Sur quel critère LREM accorde-t-elle son soutien ? "Dans le cas des maires sortants, on regarde tout d'abord s'ils ont soutenu l'action du gouvernement. C'est le cas de Mme Fouré comme de Mme Cayeux. La dernière s'est notamment illustrée dans la mise en œuvre du programme Action cœur de ville, souligne Nicolas Bourgeois. Ensuite, on scrute le comportement adopté aux dernières élections européennes. Je sais que l'expression est cliché mais elle a une part de vrai : le candidat a-t-il soutenu les "progressistes" contre les "populistes"? Et enfin, nous sommes attentifs aux rapports qu'entretiennent ces candidats avec les comités locaux de marcheurs."
Investis par LREM
Comme dans l'Aisne, on dénombre seulement deux Macron-compatibles dans la Somme : Brigitte Fouré et Aurélien Dovergne, adjoint à la mairie d'Abbeville et prétendant à la succession du maire sortant LREM Nicolas Dumont, présent sur la même liste. Dans l'Oise, le maire de Noyon Patrick Deguise, élu sous la bannière socialiste en 2008 et 2014, fait aussi partie des prétendants à leur succession à s'être accordé la bénédiction présidentielle. Le département du sud de la Picardie est celui qui compte le plus de candidats marcheurs.Parmi la vingtaine de candidats picards, seuls deux sont des candidats "investis" par le parti. C'est le cas de Jean-François Dardenne, ex-socialiste et maire sortant de Nogent-sur-Oise depuis 2008. Toujours dans l'Oise, Marie-Christine Salmona est la candidate investie par La République en Marche à Montataire. Cette conseillère municipale ex-LR aura pour mission de récupérer la ville de 13 000 habitants des mains de Jean-Pierre Bosino, maire communiste depuis 1994 et candidat à sa réélection.
"Il y a très peu de différence entre les "soutenus" et les "investis" : les seconds sont adhérents du parti, lorsque les premiers peuvent demander un soutien sans adhérer. Ce soutien, exclusif de celui des autres partis, a pour objectif de chercher le rassemblement ou l'émergence face à un maire déjà installé," rappelle Nicolas Bourgeois.Émerger pour conquérir une mairie
À Compiègne, l'UDI Daniel Leca compte lui aussi mettre fin à un long règne. Le secrétaire général du parti centriste et conseiller régional des Hauts-de-France a obtenu le soutien de LREM pour devancer Philippe Marini, qui détient la ville impériale depuis 1987. Franck Delattre tentera de réaliser la même opération à Soissons, face au maire sortant (DVD) Alain Crémont.
Ancien élu de la majorité à Creil, Hicham Boulhamane s'est émancipé de la tutelle du maire (PS) Jean-Claude Villemain pour conduire sa propre liste de centre-gauche. Rejoint par Johann Lucas, lui aussi proche du maire sortant, sa liste Génération Creil a obtenu l'appui de La République en Marche. "Il s'agit d'occuper un espace politique, de fournir une offre aux citoyens et de récupérer le soutien de ces partis pour ne pas qu'un concurrent en bénéficie," résume Nicolas Bourgeois.