Nutrimaine Banania : le conseil de prud'hommes invalide le licenciement de 32 salariés

Le conseil de prud'hommes d'Amiens a invalidé le licenciement des 32 ex-salariés de l'usine Nutrimaine Banania à Faverolles. Chacun est reparti avec des indemnités en fonction de leur ancienneté et situation. Pour rappel, ils avaient été licenciés en 2019. L'entreprise leur avait alors proposé un reclassement à Levallois en Hauts-de-Seine ou en Allemagne.

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C’est un soulagement et le dénouement d’une affaire qui dure depuis plus de trois ans. En effet, 32 des 39 ex-salariés licenciés de l’usine Banania viennent d’obtenir le verdict dans le procès des licenciements de Nutrimaine.

"Le licenciement est intervenu sans cause réelle et sérieuse"

Le conseil de prud’hommes "a considéré que le licenciement est intervenu sans cause réelle et sérieuse", explique maître Amine Ghenim, avocat des ex-salariés. Il a "rejeté le motif invoqué par la société Nutrimaine, selon lequel il y avait une menace sur sa compétitivité."

Le conseil a "également écarté l’autre argument de remise en état du site pour investissement à hauteur de près de 7 millions d’euros." Chaque salarié s’est vu allouer "une indemnité en réparation du préjudice subi" qui "dépend de l’ancienneté de chaque salarié et de leur situation, l’indemnité n’est pas versée forfaitairement", complète l’avocat.

Quant aux sept autres salariés dits "protégés", élus du comité social et économique (CSE), ils avaient obtenu du tribunal administratif d’Amiens l'invalidation de leurs licenciements. À ce jour, seulement 15 des 39 salariés ont réussi à trouver un emploi stable.

La production délocalisée en Allemagne

En 2019, les anciens salariés de l’usine Nutrimaine – auparavant appelée Banania – décidaient d'attaquer en justice leur ancien employeur. En cause, la fermeture en avril de cette même année, faute de repreneur, de l’usine spécialisée dans les poudres chocolatées située à Faverolles, dans la Somme.

Son propriétaire, le groupe allemand Krüger, avait décidé de délocaliser la production en Allemagne. Un reclassement a été proposé aux salariés, mais au siège de Levallois et en Allemagne. Tous ont refusé. Une quarantaine d’employés ont alors été licenciés.

Pour justifier la délocalisation, la direction a invoqué la vétusté du site et les "conditions économiques du marché du chocolat en poudre dont la baisse structurelle de consommation régulière s'est accélérée ces dernières années."

"Banania appartenait au patrimoine français"

Une situation invraisemblable pour les salariés de l'usine qui avaient demandé une contre-expertise et un nouveau chiffrage des travaux à réaliser. Selon eux, l'usine était tout à fait fonctionnelle et aux normes, expertises à l'appui. "C’est injuste, soufflait alors Jérôme Tabary, représentant syndical. Banania appartenait au patrimoine français. L’unique usine française de la célèbre marque depuis 1973 dans la Somme, qui comptait 125 salariés dans les années 1990, n’aurait jamais dû fermer."

Les ex-salariés ont alors décidé de porter l'affaire devant la justice pour licenciement abusif. En juin 2020, une première audience devant les prud'hommes d'Amiens a lieu. La séance a été brève. La direction campait sur ses positions en affirmant que les difficultés économiques justifiaient la fermeture du site.

Lors de la dernière audience, le 10 mai dernier. L'avocat de Nutrimaine, Me Jilali Maazouz insistait une nouvelle fois sur ce point. "Un licenciement est abusif lorsqu'il repose sur un motif qui n'est ni réel ni sérieux et ici ce n'est pas le cas. En l'espèce, nous avons des données comptables qui montrent les courbes du chiffre d'affaires en chute et les courbes de la matière première en hausse. C'est une situation dramatique pour les 40 familles, c'est pour cela que nous avons mis en place une cellule de reclassement."

Usine emblématique de la Somme depuis 1973, l’entreprise Banania a produit jusqu’à 20 000 tonnes de cacao en poudre par an. Le succès de la production de chocolat était tel que le président François Mitterrand était venu visiter le site de Faverolles en 1985.

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