Quand la charge mentale ne s'arrête jamais : les vacances, un vrai piège pour les mamans

Être maman d’enfants en bas âge, ce n’est pas que du bonheur. La rentrée et tous ses tracas sont passés que déjà les vacances de la Toussaint sont là. On pourrait croire que les mères peuvent se reposer alors que c’est tout le contraire. Les professionnels alertent sur l'importance de bien s'entourer quand on est maman pour prévenir le burn-out parental.

Durant les vacances scolaires, les mères ont souvent leurs enfants à temps plein sauf si les proches donnent un bon coup de main. Lucie, maman de deux enfants de 4 ans et 2 ans, se lamente : "Je préfère la routine de l’année où les enfants sont à l’école et chez la nounou, qu’aux vacances. Durant les vacances scolaires, je garde mes enfants 24/24h. Je ne peux pas vraiment compter sur mes parents, car ils ont envie de profiter de leur retraite. Avec mon mari, on n'a jamais pu laisser nos enfants un week-end chez les grands-parents pour se retrouver en amoureux."

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Fatigue maternelle ©FTV

Eh oui, tous les grands-parents ne sont pas forcément des papis et mamies gâteaux disponibles. En vacances, il y a peu de répit ! La journée peut devenir très longue et pénible pour les mamans, mais aussi dans les familles homoparentales.

Déborah raconte qu’elle s'est trompée en louant un mobil-home sans climatisation en Dordogne. "En arrivant dans le camping, on a découvert que je m’étais trompée dans la réservation. Il n’y avait finalement pas de climatisation. Il faisait plus de 30°C à 22h30. Impossible de coucher les enfants tôt. La nuit, la température tombait à 16°C. Les enfants se réveillaient en pleine nuit frigorifiés."

Fatigue, énervement général... De quoi rendre les journées compliquées pour cette famille.

Charge mentale accrue

Le mot "vacances" qui vient du latin "vacans", qui signifie "être dépourvu, inoccupé" n'est vraiment pas adapté à ce que peuvent vivre les parents. Leur charge mentale est accrue.

Selon une enquête Ipsos, au sein des couples, seuls 10% des conjoints gèrent la préparation des valises, 20% la trousse à pharmacie et sur place même constat, seulement 11% d'entre eux affirment laver le linge.

Stéphanie Pujalte, bloggeuse spécialiste de la fatigue maternelle sur son site internet Mam’Rou Louve, déculpabilise les mères : "Il faut prendre du temps pour soi, ne serait-ce qu’une quinzaine de minutes par jour. Et puis, les mamans ont le droit de confier leurs enfants à un centre de loisirs pour quelques heures. Ainsi, elles ont de nouveau cette énergie positive quand elles les retrouvent pour vraiment profiter de l'instant présent."

78% des mères vivent mal leur post-partum

Il faut avoir en tête que 78% des Françaises vivent mal les premières années de leurs enfants ! Les mères n’osent pas parler de leur fatigue chronique, car elles croient être toutes seules à subir ce handicap au quotidien. Quand une coiffeuse demande à une maman comment se sont passées ses vacances, elle répond spontanément : "Oh, c’était compliqué !" Avant de se reprendre face au regard surpris ou réprobateur de la coiffeuse : "Enfin, c’était chouette d’être avec les enfants !"

Pas de place pour la complainte dans les conversations mondaines. Les femmes tentent d’être aussi performantes en tant que mère qu’en tant que salariée. Juste après la naissance de leur bébé, elles reçoivent les convives avec une maison impeccable et un gâteau fait-maison. Les professionnels comme la sage-femme Anna Roy sont unanimes à ce sujet : "Restez assises dans le canapé, mesdames. Laissez les convives vous servir ! Vous venez d'accoucher !"

Des ateliers de soutien

Pour les mamans en post-partum, il existe à Amiens le "cercle maman/bébé et compagnie" animé par Anne Sader, orthophoniste, maman de deux enfants en bas âge. Anne explique ses motivations : "Je me suis sentie très isolée quand j’ai eu mon premier enfant. Je voulais agir pour que cela n’arrive pas aux autres. Je me suis formée pour accompagner les mères avec l’association Cercle maman/bébé et depuis je suis habilitée à organiser des ateliers de deux heures. Je les écoute vraiment. La première partie est consacrée à la libération de leur émotions. Puis, je leur donne des conseils en alimentation, en organisation, en allaitement... Je leur explique surtout qu'elles ont le devoir de prendre soin d’elles pour bien prendre soin de leur bébé. Un bébé a besoin d’une maman qui ne s’oublie pas."

À Lille, Stéphanie Pujalte, aide aussi les mamans via son blog Mam’Rou Louve. Elle publie des articles sur la fatigue et la culpabilité maternelle et propose un coaching en visio pour soutenir les mamans en difficulté psychologique.

Depuis un an, elle a pu aider une cinquantaine de mamans. "J’ai moi-même connu l’épuisement maternel et je n’ai pas trouvé beaucoup de ressources à ma disposition. Dans mon blog, j’apporte de l’aide via mes articles. Je propose également des accompagnements par visio. Aujourd’hui, je développe des ateliers en crèche pour les mamans. Je sensibilise pour éviter que les mamans tombent en burn-out parental. La vie de maman est par essence fatiguante. Apprendre aux mamans à gérer leur fatigue permet d’éviter qu’elles tombent dans des pathologies plus graves. En une séance, j’arrive à rassurer une maman qui peut stresser pour sa reprise de travail par exemple."

Quelles solutions ?

Pour Stéphanie Pujalte, il existe plusieurs façons de mieux gérer sa fatigue. "En général, j’aide les mamans à déconstruire le mythe de la mère parfaite, le mythe de la maternité 100% bonheur et j’insiste sur l’importance du partage des tâches avec le conjoint... Il faut considérer le co-parent comme un coéquipier."

Aujourd’hui, selon une étude Ifop, 73 % des femmes disent s’occuper plus des tâches domestiques et parentales que leurs conjoints. Des femmes se battent pas à pas au quotidien pour inciter leurs partenaires à être meneurs dans les prises de décision, à penser à faire les courses, à prendre l’initiative de préparer le dîner plusieurs fois semaine, à jouer avec les enfants le soir tout en les mettant en pyjama par exemple.

Stéphanie donne ses préconisations pour que les conjoints ne se sentent pas agressés. "Quand il traîne des pieds, il faut leur dire ce que l’on ressent... C’est beaucoup moins accusateur. Plutôt que de leur reprocher qu'ils ne font pas ci ou ça !"

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