L'université de Picardie Jules Verne va devenir la première université de France à intégrer les règles douloureuses et l'endométriose dans le régime spécifique d'études. Les étudiantes concernées pourront ainsi bénéficier d'aménagements dans leurs études. Les modalités restent à définir avant la rentrée 2023.
Souffrir de règles douloureuses ou d'endométriose lorsqu'on est étudiante peut-être très compliqué à gérer. Inquiétude, fatigue chronique, effets secondaires des traitements, absences répétées en raison des douleurs trop intenses ou pour le suivi médical… Sans reconnaissance de la légitimité de ces conséquences lourdes et diverses, la réussite des étudiantes peut être affectée.
"Quand une endométriose est active et s'exprime, c'est douloureux physiquement et psychologiquement", souligne Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance, l'association française de lutte contre l'endométriose. En France, une personne menstruée sur 10 est atteinte d'endométriose et 70% d'entre elles souffrent de douleurs chroniques invalidantes, selon l'INSERM.
L'UPJV, université pionnière dans le domaine
Fin mars, une motion proposant d'intégrer les dysménorrhées dans les conditions éligibles à la mise en place d'un régime spécifique d'études (RSE) a été votée à l'unanimité lors de la commission de la formation et de la vie universitaire de l'université de Picardie Jules Verne (UPJV). Elle a été déposée par les élus étudiants de la Fédération des Associations Étudiantes Picardes (FAEP), première organisation représentative des étudiant.e.s du territoire picard.
C'est une première à l'échelle du territoire. "On espère qu'en septembre 2023, les étudiantes ayant des règles douloureuses et de l'endométriose pourront en bénéficier", explique Manon Pentel, présidente de la FAEP. "C'est une excellente idée, si ça peut aider les personnes menstruées à continuer leurs études dans de meilleures conditions et ne pas se stresser pour les examens par exemple, ça peut être tout à fait intéressant", réagit la présidente d'EndoFrance.
En France, le RSE permet à certains étudiants de licence, licence professionnelle et master de bénéficier de différents types d'aménagement dans leurs études. Sont notamment concernés, les artistes et sportifs de haut niveau, les étudiants en situation de handicap, les femmes enceintes, les salariés, etc. Des aménagements d'emploi du temps, une priorité sur le choix des TD et TP, d'éventuelles dispenses, ou encore des modalités de contrôle des connaissances différentes sont par exemple prévus.
Définir les modalités avec l'aide d'associations
Si la motion a été acceptée à l'UPJV, les contours du dispositif doivent encore être précisés. "Nous allons organiser des groupes de travail avec l'université pour en discuter", explique Manon Pentel.
L'antenne locale de l'association EndoFrance ainsi que l'association des étudiants sages-femmes d'Amiens vont également aider à l'élaboration de modalités afin "que ce soit le plus spécifique possible et que ça corresponde aux besoins des étudiantes. Un certificat médical serait le plus simple, mais il est parfois difficile d'avoir un rendez-vous chez le médecin. On veut que ce soit bien fait pour montrer l'exemple", abonde Manon Pentel.
Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre l'endométriose, EndoFrance avait milité pour que les élèves de collèges et de lycées souffrant de règles douloureuses bénéficient d'un projet d'accueil individualisé (visite libre à l'infirmerie pour se reposer et se voir administrer des antalgiques, tiers temps pour les examens…).