Traitement préventif contre la bronchiolite : "c'est une arme de plus pour permettre aux enfants d'affronter plus sereinement l'hiver"

L'hiver dernier, l'épidémie de bronchiolites, assez virulente et arrivée plus tôt que d'habitude dans les Hauts-de-France, avait pris de court les professionnels de santé. Cette année, un nouveau traitement préventif est mis en circulation pour éviter les formes graves.

C'est un diagnostic qui effraie souvent les jeunes parents : la bronchiolite. Cette infection des voies respiratoires, liée à un virus très contagieux, se traduit chez les bébés par une toux fréquente et des difficultés à respirer. Si des séances de kinésithérapie peuvent soulager les nourrissons infectés, certains cas graves nécessitent une hospitalisation de plusieurs jours. L'hiver dernier en France, plus de 73 000 nourrissons ont été admis aux urgences pour une bronchiolite, dont un sur trois a été hospitalisé pour une forme sévère. Des chiffres bien plus élevés que les années précédentes.

Une seule injection nécessaire

C'est justement pour contrer ces situations qu'un traitement préventif, le Beyfortus, vient d'être mis en circulation en France.

"La promesse, c'est d'éviter les formes graves. C'est une injection d'anticorps monoclonaux qui vont neutraliser le virus avant qu'il ne pénètre dans les cellules de l'enfant. L'enfant pourra être infecté, peut-être avoir quelques symptômes, mais ils resteront modérés et on évitera les hospitalisations"

Bruno Pierre, coordinateur du service des kinésithérapeutes de garde pour les bronchiolites en Picardie

Ce nouveau traitement pourrait ainsi permettre de désengorger les urgences. Mais pour le docteur Hyppolite Tchidjou, pédiatre et responsable de l'hospitalisation de courte durée au CHU d'Amiens, il s'agit surtout de protéger au mieux les bébés. "C'est une arme de plus pour permettre aux enfants d'affronter plus sereinement l'hiver, estime-t-il. Nous invitons les parents à faire cet effort, pour pouvoir garantir un hiver serein et en bonne santé aux enfants." Une seule injection est nécessaire, offrant 83% de protection contre les formes graves.

Vigilance et gestes barrières

Le médecin souligne néanmoins que ce traitement ne doit pas faire baisser la garde des parents et des professionnels de la petite enfance sur les mesures de prévention habituelles : lavage des mains, nettoyage de surface, port du masque, distanciation, aération des espaces... Ces précautions permettront de limiter la propagation du virus. 

Il espère surtout ne pas revivre la même crise que l'année dernière : l'épidémie était à la fois virulente et précoce, touchant les Hauts-de-France dès la fin du mois de septembre. Difficile de dire si elle arrivera aussi tôt cette année, mais une administration rapide et massive du traitement préventif aux enfants nés après février 2023 pourrait permettre de mieux la maîtriser. Et il ne va pas falloir tarder : deux enfants étaient déjà hospitalisés au CHU d'Amiens dans la nuit du 14 au 15 septembre pour une bronchiolite avec une grosse gêne respiratoire.

Pas encore de stock à l'hôpital ni dans les pharmacies

Le hic : le Beyfortus, censé être disponible dès ce 15 septembre, n'est pas encore là. Le CHU ne dispose que d'une seule dose, pour toute la maternité de l'hôpital. Les pédiatres font tout de même de la prévention auprès des parents et le prescrivent. 

Mais les officines non plus n'ont pas encore été livrées. Gilles Tranchant, pharmacien à Amiens, explique que la marche à suivre pour passer commande est à la fois plus floue et plus complexe que d'habitude, avec des délais plus longs et l'obligation de passer par le laboratoire Sanofi ou par Santé Publique France plutôt que par les grossistes répartiteurs. "Les modalités de mise à disposition du public et des professionnels de santé sont assez catastrophiques, estime-t-il. C'est une procédure de commande assez lourde, et on me répond que ce sera dans trois à cinq jours après la procédure.

Il ne peut donc fournir aucune boîte de Beyfortus pour le moment, et espère que le problème sera réglé avant que les demandes n'affluent. "C'est dommage, souffle-t-il. C'est encore de la précipitation, ou une mauvaise organisation. On aurait dû les avoir au mois d'août."

Pour le moment, seuls les médecins sont habilités à administrer le Beyfortus, mais la Haute Autorité de Santé préconise d'élargir cette possibilité aux sages-femmes, pour permettre une campagne d'immunisation plus rapide... à condition, bien sûr, de pouvoir obtenir des boites. 

Avec Sophie Picard / FTV

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