Les ex-salariés de l'usine Whirlpool d'Amiens ont accepté de recevoir une indemnité de la part de leur ancien employeur, en échange de l'abandon de poursuites aux prud'hommes. Venu à Amiens le 15 septembre, l'avocat de 180 des ex-employés leur a aussi proposé d'engager une poursuite au civil... contre Emmanuel Macron.
Une trentaine d'ex-salariés de Whirlpool se sont retrouvés vers 13 heures jeudi 15 septembre sur le parking de l'ancienne usine, aujourd'hui désaffectée. "Ça fait longtemps que j'avais pas vu certains visages. Certains, depuis 2018, reconnaît l'un d'entre eux, aujourd'hui au chômage. C'est bon signe qu'on soit peu nombreux : ça peut signifier que beaucoup ont pu retrouver un emploi."
Les ex-Whirlpool se sont réunis autour de leur avocat Fiodor Rilov, qui est venu leur confirmer les modalités de l'accord financier passé avec le fabricant de machines à laver. Contre l'abandon de la procédure aux prud'hommes, la multinationale propose à ses anciens salariés une compensation de près de 15 000 euros chacun.
Pour rappel, 180 des 280 ex-Whirlpool comptaient poursuivre aux prud'hommes leur ex-employeur, estimant que leur licenciement économique n'était pas justifié.
"On va dire que c'est acceptable, signifie un employé. Notre avocat a longuement négocié et je pense pas qu'on aurait pu avoir davantage. Il y a la jurisprudence Goodyear [les ex-Goodyear d'Amiens avaient gagné aux prudhommes en 2020, NDLR] mais on n'avait pas les mêmes rémunérations qu'eux, on serait sûrement sortis perdants si on avait poursuivi la procédure."
Il y a une paire de collègues qui ne veulent plus entendre parler de Whirlpool, cette transaction leur convient au lieu de poursuivre une procédure qui peut encore durer longtemps.
Un ex-employé de Whirlpool
Me Fiodor Rilov est venu annoncer une autre nouvelle à ses clients : il compte poursuivre au civil Nicolas Decayeux, ex-patron de WN, repreneur du site de Whirlpool en 2017 et condamné au pénal en février 2022, ainsi que le président de la République Emmanuel Macron, en sa qualité de représentant de l'État, pour leur gestion de la reprise du site.
Les ex-Whirlpool présents sur l'ancien site industriel amiénois ont pu émarger pour signifier leur accord pour cette proposition de leur avocat.
Ce projet d'action en justice peut paraître davantage symbolique que compensatoire : Emmanuel Macron dispose de l'immunité présidentielle et Nicolas Decayeux est en faillite personnelle. "Mais ça me semble nécessaire pour que soit reconnu ce fiasco industriel," juge ce même ex-salarié.