Augmentation des tentatives de départs de migrants depuis la côte picarde : le dispositif de surveillance se renforce encore

Face à la multiplication des tentatives de traversées de migrants depuis les côtes picardes vers l'Angleterre, les gendarmes ont décidé de renforcer leur dispositif de surveillance avec un troisième peloton sur terre et la remise en service d'une brigade nautique.

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Au moins deux tentatives de départ ont eu lieu le week-end du 21-22 septembre 2024 depuis le littoral picard. Depuis Cap Hornu, à Saint-Valery-sur-Somme, et depuis Cayeux-sur-Mer, entre 20 et 30 personnes exilées ont essayé de rejoindre l'Angleterre à bord de canots pneumatiques avant d'en être empêchés par la préfecture maritime. 

"Pour la première fois, l’ensemble du littoral est concerné"

Depuis 2022, le phénomène, jusque-là majoritairement concentré sur les côtes du Pas-de-Calais, s'intensifie sur le littoral samarien. En date du 20 septembre 2024, la préfecture de la Somme comptabilisait déjà 14 tentatives de départ clandestines depuis le début de l'année, pour 406 migrants empêchés de partir (contre 10 fin septembre 2023 pour 243 migrants) et 10 réussites de traversée, pour 521 migrants qui ont traversé la Manche (contre 4 à la même période en 2023, pour seulement 109 migrants). 

Depuis le début de l’année 2024, la Somme est confrontée à des tentatives de départ exceptionnelles en raison de leur localisation et de leur saisonnalité. Pour la première fois, l’ensemble du littoral est concerné, avec des tentatives de départs allant d’Ault à Fort-Mahon-plage.

Préfecture de la Somme

Une surveillance terrestre, maritime et aérienne continue

Pourtant, la surveillance se renforce régulièrement. Les gendarmes de la Somme patrouillent sur le littoral en continu, 7j/7 et 24h/24. Un troisième peloton comprenant 16 personnels a même été créé le 1er avril dernier au sud du département.

"Le département du 62 quadrille déjà très bien le terrain pour stopper les tentatives vers l'Angleterre donc le phénomène descend sur le département du 80, voire celui du 76 et c'est la raison pour laquelle nous avons augmenté nos effectifs pour pouvoir contrer les tentatives de départ vers l'Angleterre", explique, depuis Quend, Fabien Catan, commandant en second de la compagnie de gendarmerie départementale d'Abbeville

En plus des moyens terrestres, qui permettent aux gendarmes de surveiller les routes, des moyens aériens sont aussi déployés comme le drone. "C'est un outil indispensable pour permettre de détecter toutes les personnes qui traversent les terrains privés et les zones qui peuvent mener jusqu'aux plages", appuie Fabien Catan.

En appui, les hélicoptères sont également utilisés et plus exceptionnellement l'avion Frontex, utilisé depuis décembre 2021 pour prévenir les traversées maritimes vers l'Angleterre. "Il permet de filmer la zone en direct pour détecter les moindres mouvements des personnes qui se dirigent vers les plages", précise le commandant. 

La brigade nautique, composée d'une dizaine de personnes dont certaines doivent encore être formées, a aussi été remise en service le 1er septembre pour compléter le dispositif de surveillance. Un renforcement jugé nécessaire après plusieurs drames survenus récemment. Mi-septembre, au moins huit exilés sont décédés au large d'Ambleteuse, dans le Pas-de-Calais. Quelques jours plus tôt, 12 passagers d'une autre embarcation de fortune avaient, eux aussi, trouvé la mort, au large du cap Gris-Nez.

Utopia 56 dénonce l'échec de la politique sécuritaire

La préfecture de la Somme défend le bilan sécuritaire du département. "Grâce à l’action des forces de sécurité intérieure, aucun décès sur les côtes samariennes n’a été à signaler depuis 2020 et le début de ce phénomène sur notre littoral. L’objectif est clair : contrecarrer l’action des passeurs qui exploitent la détresse des migrants et sauvegarder des vies humaines."

De son côté, Utopia 56 condamne la militarisation des côtes. L'association assure que la politique sécuritaire mise en place est un échec. "On va complètement dans la mauvaise direction, estime Axel Gaudinat, coordinateur d'Utopia 56 à Calais. Ce qui se passe en Picardie, c'est ce qui se passe dans le Calaisis depuis 30 ans. On militarise la côte, on met en place des moyens policiers énormes, des technologies de pointe, des drones, des avions, des barbelés, des murs… Tout ce que ça a créé, ce sont des départs plus loin. Donc le risque augmente puisque la distance augmente", expose-t-il. 

Tout ce que ça va créer, c'est plus de morts. [...] On dépense des millions, voire des milliards dans la répression, dans le blocage. Ça ne fonctionne pas.

Axel Gaudinat, coordinateur de l'association Utopia 56 à Calais

"Cet argent, on l'a, on l'utilise juste à mauvais escient, on pourrait l'utiliser pour un accueil digne et solidaire ici en France", souligne Axel Gaudinat. Il propose de mettre les moyens sur l'accueil de ces personnes et sur la création de "voies de passage sûres pour ceux qui souhaitent demander l'asile en Angleterre". 

Le nombre de tentatives d'embarcations clandestines vers l'Angleterre double chaque année dans la Somme depuis 2022. Dans la Manche, 46 personnes exilées sont mortes depuis le début du mois de janvier.

Avec Anthony Halpern / FTV

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