Dans les Hauts-de-France, de plus en plus d'agriculteurs prennent leur congé de paternité pour être présents durant les premiers jours de leur nouveau-né. Grâce à un service, pris en charge par la Mutualité Sociale Agricole, ils peuvent laisser leur exploitation tourner grâce à un remplaçant.
Pour Alexandre, c'est "un soulagement". Ce jeune agriculteur à son compte est récemment devenu papa d'une petite Gabrielle.
Il a réussi, grâce à un un service de remplacement, pris en charge en grande partie par la Mutualité Sociale Agricole (MSA), à obtenir un congé paternité de 25 jours.
Un agriculteur venu en remplacement
Sur le plan professionnel, lui et sa femme - architecte, aussi à son compte - savaient que la situation allait être "très compliquée" parce que la naissance "tombait en pleine campagne de pommes de terre, donc zéro disponibilité quasiment". Il fallait trouver "assez tôt" une solution pour le remplacer.
Son épouse avait aussi "beaucoup de contraintes donc beaucoup de projets qu'elle a dû décaler, indique-t-il. Pour moi, le minimum, c'était d'être présent au moins les premières semaines pour l'accompagner". Heureusement pour lui, un peu avant l'été, il a pris connaissance de ce système de remplacement d'agriculteurs qu'il a directement contacté.
C'est un gros soulagement. Là je peux me consacrer au bébé et je sais que le chantier tourne.
Alexandre Gru, agriculteur
Toutefois, étant donné que la naissance est arrivée 10 jours avant son terme, il leur a fallu attendre "trois jours après la naissance" pour qu'un remplaçant vienne. Ils ont pu compter sur Pascal Snoeck, un agence du service, pour s'adapter sereinement à leur nouvelle vie de parents.
Pour ce dernier, il n'est pas difficile de trouver ses marques. "Il faut s'adapter, mais un tracteur reste un tracteur, explique-t-il. Une fois que vous en avez conduit un, c'est toujours le même système". Ce qui change, c'est surtout "le milieu, le biotope, on change de surface, de terre, c'est différent".
"On est en manque d'agents de remplacement"
Clélia Chevalier, déléguée Hauts-de-France du service de remplacement, ajoute qu'ils agissent aussi dans le cadre d'un "mandat syndical, formation, accident, maladie et même répit pour les agriculteurs qui sont en difficulté". Le congé de paternité est, quant à lui, utilisé de plus en plus depuis "qu'il est passé à 25 jours en 2021", même si la déléguée observe une hausse depuis 2019.
Elle déplore néanmoins un constant "manque d'agents de remplacement" tout au long de l'année, aussi bien au sein de la région qu'au niveau national.
Le métier d'agent de remplacement est vu comme celui qui remplace l'agriculteur dans un coin, après dans un autre, alors qu'il est vraiment là pour la sécurité des exploitations et pour les maintenir.
Clélia Chevalier, déléguée Hauts-de-France du service de remplacement
Certains services de remplacement proposent même des formations "pour remplacer nos agriculteurs" au pied levé. Il est également possible de passer par le Pôle Emploi comme Pascal Snoeck, ce qui lui a permis "un changement de situation".
Alexandre Gru, quant à lui, pourra profiter de la présence de son nouveau-né pour quinze jours encore, avant de reprendre le travail.