Coronavirus : le laboratoire départemental de la Somme prêt à réaliser 300 tests par jour, mais toujours pas sollicité

Depuis un décret du 5 avril, les laboratoires départementaux sont théoriquement autorisés à effectuer des tests de dépistage du Covid-19. Dans la Somme, le laboratoire départemental est prêt depuis deux semaines à réaliser 300 tests PCR par jour, mais il n'a toujours pas commencé. Explications.

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Face à la crise sanitaire du coronavirus, les laboratoires qui ne sont pas habilités en temps normal à réaliser des actes de biologie médicale peuvent désormais être appelés en renfort et ainsi "participer à l’effort national de dépistage" du Covid-19 comme l'a indiqué le ministère de la Santé au début du mois d'avril. 

Dès le mois de mars, les laboratoires départementaux annonçaient être prêts à réaliser des tests mais attendaient l'aval du gouvernement. Le 5 avril, le ministre de la Santé donne finalement le feu vert sous conditions : disposer avant tout des équipements et des personnels nécessaires mais aussi obtenir l'accord d'un laboratoire de biologie médicale public ou privé.
 


Un arrêté du ministre du 5 avril 2020 précise : "les examens mentionnés au I (les tests PCR, ndlr) sont assurés sous la responsabilité d'un laboratoire de biologie médicale, dans le cadre d'une convention passée avec lui et donnant lieu à des comptes-rendus d'examen validés par le biologiste médical, mentionnant, dans chaque cas, le nom et l'adresse du laboratoire autorisé en application du présent article."


Pas d'accord avec le CHU d'Amiens

Dès cette annonce, le premier laboratoire public à avoir proposé des tests est celui des Bouches-du Rhône. Mais dans certaines régions, cela coince encore. Dans la Somme, "le laboratoire départemental est prêt depuis deux semaines", annonce Laurent Somon, président du conseil départemental. "Mais il manque la convention avec un laboratoire, en particulier celui du CHU d'Amiens, pour pouvoir avoir l'accréditation technique", explique-t-il. "C'est le réglement c'est comme ça, même si les qualités des biologistes, que ce soit en laboratoire humain ou animal, sont exactement les mêmes puisque les tests et les matériels utilisés sont identiques."

"Nous avons pu voir leur structure, affirme le professeur Sandrine Castelain, responsable du laboratoire bactériologie-hygiène du CHU d'Amiens, ils n’ont pour l’instant jamais réalisé ce type de tests, surtout sur le volume que cela pourrait représenter. Donc je pense qu’il y a une mise en route à faire." Selon elle, le laboratoire du CHU peut répondre pour le moment à la demande. Il est actuellement en capacité de réaliser 300 tests PCR par jour et espère passer à 1500 dans les semaines qui viennent. Ceci étant, elle n'exclut pas un partenariat avec le laboratoire départemental. "Pour le moment, nous laissons la place à un autre laboratoire privé qui est intéressé de pouvoir prendre ses marques, mais il est clair que si on a vraiment besoin, on fera appel à eux."
 
Si un accord est trouvé avec un laboratoire de biologie médicale (celui du CHU ou un autre laboratoire privé), il faudra également obtenir l'autorisation de la préfecture. "Cela a été confirmé que l'ARS sollicitait les laboratoires départementaux et que la préfète était tout a fait encline à donner les autorisations dans les meilleurs délais", affirme Laurent Somon.
 


"On fait déjà des PCR sur d'autres pathologies"

D'ordinaire, les laboratoires départementaux interviennent dans les domaines de la santé animale, de l'hygiène alimentaire, de la santé des végétaux ou encore de la surveillance sanitaire des produits de la mer. Depuis une loi du 30 mai 2013, seuls les laboratoires de biologie médicale sont autorisés à traiter des prélèvements issus du corps humain. Pour autant, les laboratoires départementaux disposent du matériel nécessaire. 
 
"On fait déjà des PCR sur d'autres pathologies, sur d'autres germes, sur la maladie des muqueuses par exemple qui est un virus également en médecine animale, affirme Laurent Somon qui est vétérinaire de métier. Le tout est de calibrer et de tester la machine par rapport à un positif et un négatif et une fois que la machine est réglée elle fait de la PCR pour n'importe quel germe." Le président du conseil départemental de la Somme indique que le laboratoire est en mesure de réaliser 300 tests PCR par jour. Au niveau national, selon l'Assemblée des départements de France, les laboratoires départementaux pourraient en réaliser 150 000 à 300 000 par semaine. 

"Il y a une vraie demande et un besoin urgent d'analyses", affirme Laurent Somon. "C'est la raison pour laquelle j'insiste pour que le laboratoire départemental puisse faire ces tests et les démultiplier dans les Ehpad, les établissement médicaux sociaux, les écoles..."
 

Quid des tests sérologiques ?

Selon le président du conseil départemental, le laboratoire est aussi en mesure de réaliser des tests sérologiques. "Les capacités d'analyses sérologiques pour une pathologie peuvent être tout à fait réalisées en grande quantité rapidement, assure-t-il. Mais aujourd'hui, il faut savoir que ces tests ne sont pas suffisamment fiables pour être faits à grande échelle."

Sans aval du ministère de la Santé, qui se montre très réservé sur la fiabilité mais aussi depuis peu sur l'utilité-même des tests sérologiques, le laboratoire départemental privilégiera les tests PCR, qui doivent être prescrits par un médecin et qui sont remboursés par la sécurité sociale. 
 
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