Stéphanie Magloire, à 17 ans, est une jeune femme souriante, motivée, engagée, heureuse de vivre, jusqu’à ce jour, en novembre 2022 où elle annonce à ses parents : "je ne suis pas moi-même, il faut que je consulte." Écrire est pour elle une thérapie, son livre "jusqu'au jour où tout ira bien" résonne comme une bombe.
C’est un choc pour ses parents qui l’écoutent et la soutiennent dans sa démarche. En effet, Stéphanie a caché à sa famille depuis des semaines, des mois, qu’elle n’allait pas bien "je ne voulais pas qu’ils me voient dans cet état-là".
La dépression est là, sournoise et bien installée, elle est arrivée tout doucement. Cela a commencé par l’envie de ne plus rien faire, elle qui depuis l’âge de 14 ans est engagée en politique, mais aussi chez les Jeunes Sapeurs-Pompiers. Elle sent bien que ce n’est pas normal, mais se dit que cela va revenir. S’installe ensuite un sentiment de vide très profond, c’est à ce moment-là, à l’âge de 16 ans, qu’elle décide d’aller consulter un psychiatre libéral. Le verdict tombe : "je suis atteinte de dépression avec des troubles anxieux" Commence donc, un traitement médical avec des antidépresseurs. Au début, ils augmentent les troubles anxieux"à ce moment-là, je ne pense qu’à mon mal-être et j’avale une boîte entière d’anxiolytiques".
Hospitalisée dans l’unité médecine de l’adolescent de l’hôpital d’Amiens, c’est là que Stéphanie ressent le besoin d’écrire "J’ai besoin d’extérioriser toutes mes émotions, la tristesse, la colère, mes moments de réflexions, mais aussi mes réussites" Comme elle l’explique dans l’émission Hauts-Féminin, elle n’a pas de papier pour écrire à l’hôpital, elle se rabat sur ce qu’elle trouve, le papier toilette.
Un livre écrit en six mois
Commencé en novembre 2022, elle termine son livre en juin 2023. Intitulé Jusqu’au jour où tout ira bien, elle l’a autoédité. "Je n’ai pas cherché d’éditeur, car à ce moment-là, je souffrais du syndrome de l’imposteur, et de plus, je ne voulais pas que l’on m’impose de changer des passages de mon livre" Les retours des lecteurs sont plus que positifs, beaucoup, en fonction de leur âge, se mettent à sa place ou à celle de ses parents, ils comprennent beaucoup de choses sur les troubles psychiques puisque Stéphanie "parle" avec son cœur.
Ce n’est pas facile de prendre son destin en main.
Stéphanie Magloire, 17 ans
Ce livre fait partie de son chemin pour se reconstruire, même si son combat contre la dépression est loin d’être terminé. Elle a depuis fait trois séjours en milieu hospitalier en accord avec son psychiatre, mais aussi à sa demande (un second dans l’unité médecine de l’adolescent, puis les deux autres, dont le dernier en date la semaine dernière à sa demande à l’EPSM de la Somme, le CH Philippe Pinel), jamais elle n’aurait imaginé être hospitalisée à l’EPSM ! Et pourtant, même si elle est toujours inquiète, heureuse des avancées qu’elle réalise "c’est compliqué de retrouver le monde extérieur après un séjour hospitalier, je n’ai pas ce sentiment de sécurité où rien ne peut vous arriver, ce n’est pas facile de prendre son destin en main".
Mes enseignants cette année ne savent pas encore que je suis dépressive, je compte leur annoncer la semaine prochaine.
Stéphanie Magloire
Il y a aussi les rencontres. L’une d’entre elles date d’il y a un an, "Laure était intervenante dans mon lycée, comédienne, elle donnait des cours de théâtre, j’ai admiré ce qu’elle m’a apporté, elle a compris très vite que je n’allais pas bien, on essaye de se voir souvent (Laure vit à Marseille) dès qu’elle vient à Amiens, ou je descends la voir, j’admire sa sensibilité, sa bienveillance." Stéphanie est en terminale cette année, dans le cadre de ses études, elle fait 10 heures de théâtre par semaine. Après le BAC elle espère réussir à intégrer la Sorbonne en lettres mineures et théâtre. "L’année dernière en première, l’équipe éducative a été super à l’écoute de mes problèmes, ils m’ont apporté beaucoup de bien, mes enseignants cette année ne savent pas encore que je suis dépressive, je compte leur annoncer la semaine prochaine."
Une jeune fille engagée avec des convictions
La politique compte pour elle. "Parce que je viens d’une famille qui m’a toujours dit rien n’est tabou sauf la politique."
Lors des élections législatives européennes, elle lit toutes les professions de foi des candidats de son secteur, elle contacte la liste d’union de la gauche et des écologistes menée par Karima Delli, ils lui proposent de faire du porte-à-porte avec eux à 14 ans !
Son engagement se confirme auprès du parti communiste dont elle est pour quelques jours encore secrétaire fédérale de la jeunesse communiste de la Somme. Pour quelques jours encore, car elle va démissionner de toutes ses fonctions pour adhérer au Parti Communiste.
Engagement également dans le sport qui la passionne et qui lui donne envie, toute jeune, de s’engager et de devenir JSP (jeune sapeur-pompier). Avec l’équipe féminine de la Somme (la seule équipe 100 % féminine) dont elle est capitaine, elle remporte la finale française du CETIF (jeux olympiques de l’extinction du feu) en avril 2022. Les voilà qualifiées pour la finale mondiale quelques semaines plus tard en Slovénie. "Hélas le résultat face aux équipes internationales ne sera pas celui escompté, mais l’essentiel est de participer à une formidable aventure humaine" Là aussi, elle a arrêté ses fonctions.
Pour finir, une dernière question Stéphanie : Qu’attendez-vous de la Vie ? "C’est une très bonne question dont je n’ai pas encore la réponse…"
Stéphanie fêtera ses 18 ans en mars 2024, elle espère que son livre pourra aider beaucoup de personnes. Ses conseils sont d’être à l’écoute pour les familles, et pour celles et ceux qui ne se sentent pas bien, ne pas minimiser ce que l’on ressent, le prendre au sérieux, demander de l’aide et aller voir quelqu’un comme elle a pu le faire.
>>> À voir aussi : Retrouvez Stéphanie Magloire dans l'émission Hauts Féminin sur france.tv. Écrire pour se libérer de la dépression, en cliquant ici.