L’association Patat (Préserver les Espaces Naturels et les Terres Agricoles de l’Amiénois) entre dans la lutte contre le projet de Veolia, qui prévoit de doubler la superficie de son centre de traitement des déchets à Boves. L’association dénonce une nouvelle artificialisation de terres agricoles et demande un moratoire.
On connaît Patat avant tout pour sa bataille contre le projet de zone d'activités Boréalia 2 sur une surface de terres agricoles de 62 hectares à l'ouest d’Amiens. Le collectif s'oppose désormais au projet Valopôle, porté par Veolia, qui prévoit de doubler la superficie du centre d'enfouissement de déchets de Boves, en convertissant 50 hectares de terres agricoles supplémentaires. Un projet loin de faire l’unanimité dans cette petite commune de la métropole amiénoise.
Augmentation du trafic routier et artificialisation des sols
Olga Milheiro y vit et se sent déjà pénalisée par le site existant. Elle redoute cette extension : "Les camions circulent tous les jours de la semaine, ça commence entre 8h et 11h. Il y en a parfois deux ou trois qui se suivent. Le soir, quand il fait chaud, on aime ouvrir pour aérer un peu. Ça nous arrive pendant la nuit de nous réveiller et de devoir fermer car ça sent vraiment mauvais, ça rentre dans les maisons".
L'association craint une augmentation du trafic routier occasionné par l'acheminement de déchets par la route, mais dénonce aussi le sacrifice de surfaces agricoles. "Il existe un plan régional de prévention et de gestion des déchets. Ce projet n'y est pas mentionné, et il entre en contradiction avec ce plan. La région Hauts-de-France est très largement en surcapacité. Le centre de Boves est déjà très important avant extension. Il couvre 700 000 habitants, c'est plus que le département la Somme. Il n'est donc pas question d'ouvrir de nouveaux sites d'enfouissement. L'objectif est plutôt de les réduire", argumente Olivier Crépin, de l'association Patat. "C'est une aberration de faire de gros efforts pour réduire les déchets sur l'agglomération amiénoise, et dans le même temps de doubler les capacités du centre de gestion", souffle-t-il.
L'association interpelle le préfet
Le collectif a déposé en préfecture une demande de moratoire sur la question. "On voudrait entendre la Région, avoir l'avis des services de l'État et de Veolia sur le plan de déchets. Il existe sûrement des sites déjà dégradés qui demandent à être réhabilités pour qu'on leur trouve un usage, plutôt que de prendre des terres agricoles ou des espaces naturels. Il faut privilégier les sites desservis par chemin de fer et voie d'eau et éviter recours au transport routier".
Veolia défend une meilleure valorisation
La multinationale défend toutefois son projet, chiffré à 70 millions d’euros. Sur le site exploité aujourd'hui, environ 200 000 tonnes de déchets sont traitées chaque année, avec une faible valorisation. Mais Veolia assure pouvoir inverser cette tendance grâce à cette extension. "On va retravailler le déchet pour qu'il devienne soit une matière recyclée, soit un potentiel combustible. Aujourd'hui, l'objectif est de diviser par deux le stockage et de multiplier par huit la valorisation qui est produite sur ce projet", explique Guillaume Cossez, chef du projet Valopôle.
Des arguments qui ne suffisent pas à convaincre les opposants au projet. Avec sa demande de moratoire, le collectif Patat sollicite l'intervention de l'État, notamment du préfet de la Somme, pour étudier minutieusement toutes les dimensions et les impacts de cette extension. Contactée, la préfecture n'a à ce stade pas donné suite à nos sollicitations.
Une pétition, lancée en février 2023, a recueilli plus de 800 signatures ce 20 juillet.