Lundi 4 octobre, le corps d'une femme de 50 ans est retrouvé au domicile d'un couple à Méaulte, près d'Albert dans la Somme. La veille, son mari âgé de 64 ans s'était suicidé en se jetant sous un train à quelques kilomètres de là. La thèse du meurtre conjugal est privilégiée.
Lundi 4 octobre vers 20h, la gendarmerie est appelée par le conducteur d'un train de fret qui circule sur la ligne Lille/Amiens : il aurait vu quelqu'un descendre d'un talus à hauteur de la commune d'Aveluy et se jeter sous son train. Les gendarmes lui confirment qu'un corps a bien été retrouvé sur les rails mais qu'il n'est pas identifiable immédiatement. Les enquêteurs ratissent alors la zone pour vérifier que des éléments d'identification n'ont pas été laissés à proximité. Un véhicule est effectivement découvert non loin des lieux. À l'interieur, des papiers d'identité au nom de Francis M. 64 ans, retraité, résidant à Méaulte près d'Albert.
"Nous avons donc envoyé une patrouille au domicile renseigné sur les papiers, explique le capitaine Bosseau de la gendarmerie de Péronne. La patrouille a trouvé une maison éteinte. Elle a fait une reconnaissance des lieux et a trouvé une porte ouverte. En pénétrant dans l'habitation, elle a trouvé le corps sans vie d'une femme." La victime, âgée de 50 ans, est morte "d'une possible strangulation". Elle sera identifiée comme Carine D. employée à l'agence régionale de santé et compagne du propriétaire du véhicule. Le couple avait un fils de 17 ans, étudiant et absent du domicile au moment des faits. Francis M. et Carine D. étaient mariés depuis 2004 et vivaient ensemble depuis 20 ans. Ils étaient en instance de séparation.
Mis en garde à vue en août
"Nous sommes sur des faits où, possiblement, une personne impliquée dans un homicide conjugal qui se serait suicidée ensuite. C'est la thèse la plus probable. Mais c'est une enquête complète qui va être faite pour faire toute la lumière sur les circonstances du passage à l'acte et le contexte, précise Alexandre de Bosschère, le procureur de la République d'Amiens. C'est un homicide conjugal : c'est une femme qui, s'il est avéré que l'auteur des faits est son compagnon qui s'est ensuite suicidé, c'est un meurtre conjugal".
En août dernier, la gendarmerie était intervenu au domicile pour une suspicion de violences conjugales avec mise en garde à vue du mari : "l'appel à la gendarmerie par Madame ne concernait pas directement ces faits mais c'est à cette occasion qu'elle a révélé que son époux l'avait plusieurs empoignée, il ne s'agissait pas de coups directs mais d'empoignades, plusierus fois au niveau des membres supérieurs qui lui avaient laissé des bleus. Elle parlait aussi de violences psychologiques. Monsieur avait également commis des outrages au moment de son interpellation", selon Alexandre de Bosschère.
Mesure de composition judiciaire
Ces faits, à l'issue de la garde à vue, avaient fait l'objet d'une mesure de composition pénale avec "à la demande du Parquet, une interdiction de contact entre l'auteur et la victime, l'obligation de suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales, de payer une mande et d'indemniser les victimes". Fin septembre, le couple s'était séparé de corps, Carine D. ayant choisi d'aller vivre ailleurs qu'au domicile conjugal. L'enquête devra préciser pourquoi c'est au domicile de Francis M. que son corps a été retrouvé. Francis M. n'a jamais été condamné pour des faits de violences conjugales. "On était, semble-t-il, dans un contexte de suspicion de relation extra-conjugale de sa part à lui selon les éléments fournis par les premiers témoins", précise le procureur.
Une autopsie doit être pratiquée pour confirmer l'identité de l'homme accidenté et pour déterminer s'il y a eu ou non enchaînement des faits. Une enquête pour homicide aggravé par conjoint a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Péronne.