Il avait insulté des migrants délogés d'un camion-citerne à Flixecourt : un Gilet jaune condamné à un mois avec sursis

Le jeune Y., Gilet jaune de Flixecourt (Somme) a été condamné à un mois de prison avec sursis par le tribunal d'Amiens pour "injure publique". Le Samarien avait publié sur Facebook en novembre 2018 un vidéo le montrant insulter des réfugiés qui sortaient d'un camion-citerne où ils s'étaient cachés.

La vidéo de Y. avait fait grand bruit au début de la mobilisation des Gilets jaunes, en novembre 2018. Sur celle-ci, on pouvait apercevoir les Gilets jaunes du rond-point de Flixecourt (Somme) réagir à la découverte, à l'aube du 20 novembre, de réfugiés clandestins à l'intérieur d'un camion-citerne.

"Ils sont en France les sales bâtards (sic)," grognait alors l'auteur de la vidéo. "Ouais ouais, t'as le sourire hein, enculé (sic). (...) On a été bon les gars ! Mieux que la douane ! Je vais postuler, avec CV et lettre de motivation," peut-on encore entendre alors que les immigrants descendent de la cuve du véhicule, avant leur interpellation par les gendarmes. Postée sur Facebook le jour-même, la séquence avait été massivement partagée, provoquant indignation comme soutien.
 

Une peine symbolique

Pour ces propos, l'auteur de la vidéo comparaissait devant le tribunal correctionnel d'Amiens ce 7 mai 2019. Poursuivi pour "injure publique en raison de l'origine, la race ou la religion par parole, image, écrit ou moyen de communication public par voie électronique", il a été condamné à un mois de prison ferme, peine en concordance avec la réquisition du procureur. Y. devra aussi suivre, à ses frais, un stage de citoyenneté. Il risquait jusqu'à 1 an de prison et 45 000 euros d'amende.

Les associations de lutte contre le racisme, la LICRA et le MRAP, s'étaient portées parties civiles. La première ne réclamait qu'un euro symbolique de dommages et intérêts. "On n'est pas là pour la punition, signale Céline Bekerman, avocate de la première association mentionnée. Nous sommes attachés à certaines valeurs, notamment celle de fraternité qui, en l'espèce, a été bafouée et méconnue. (...) Pour la LICRA c'est un échec de voir qu'il y ait encore des gens qui puissent penser comme ça, tenir de tels propos." Y. devra verser 500 euros de dommages et intérêts au MRAP et la même somme aux deux associations pour couvrir leurs frais de défense. La CGT douanes, qui avait porté plainte à l'encontre de Y., ne s'est finalement pas constituée partie civile.
 
 

Déjà connu de la police

Y. est un jeune homme de 23 ans, résidant aujourd'hui à Berteaucourt-les-Dames (Somme), venu devant la cour accompagné de sa mère. Il est défavorablement connu des services de police pour une affaire de stupéfiants, avec un casier judiciaire riche de quatre mentions. Après l'arrivée tardive de son avocat, le jeune homme reconnaît être l'auteur de la vidéo mais nie avoir tenu des propos racistes.

"[Ils ont été tenus] dans un contexte particulier, au début du mouvement où il y avait une forme d'euphorie, affirme Me Ghislain Fay, l'avocat du jeune prévenu, avant d'assurer que son client et ses compagnons de lutte ont signalé la présence de réfugiés dans la cuve aux gendarmes pour leur porter assistance. Y. avait publié sa vidéo dans un groupe Facebook de Gilets jaunes de Flixecourt, qu'il pensait "privé", il n'avait aucun intention de tenir ces propos en public, que ceux-ci n'avaient "pas vocation à sortir par la presse".

Ce matin du 20 novembre, le chauffeur du camion-citerne s'était stationné pour boire un café avec les Gilets jaunes de Flixecourt au niveau du rond-point où ces derniers s'étaient réunis. Des coups avaient alors retenti dans la cuve et les manifestants avaient aussitôt signalé la présence de personnes dans la citerne aux gendarmes. C'est pendant leur intervention que la vidéo a été enregistrée.

 

Notre reportage à Amiens (Somme)

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