Nouvellement élue à la tête de la CFDT pour remplacer Laurent Berger, Marylise Léon s'est rendue à Fort-Mahon, sur la côte picarde, ce mardi 18 juillet. Objectif : sensibiliser les travailleurs saisonniers à leurs droits.
C'est une première sortie officielle pour la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, élue fin juin 2023 pour prendre la place de Laurent Berger. Elle a choisi la station balnéaire de Fort-Mahon, dans le cadre de la campagne annuelle du syndicat qui vise à sensibiliser les travailleurs saisonniers, mais aussi les employeurs, aux règles qui régissent ce type de contrat.
"Il y a des droits à faire respecter"
"L'idée, c'est de dire qu'il y a aussi un code du travail pour les saisonniers. Quel que soit le type de contrat, il y a des droits à faire respecter, assène-t-elle. Il y a souvent l'idée que le contrat d'un saisonnier n'est pas tout à fait un contrat comme les autres. C'est vrai que c'est un contrat particulier, mais les droits ne sont pas moindres."
Dans la Somme, en 2022, la CFDT s'est occupée de trente dossiers litigieux. "Pour certains jeunes, c'est vital de travailler pour avoir de l'argent pour leurs études, mais parfois, ils travaillent sans avoir signé de contrat, ou font des heures supplémentaires à gogo... Ce sont souvent ces deux problématiques qu'on retrouve", explique Alexandre Boutte, représentant du syndicat en charge du dossier des saisonniers dans le département. Il évoque par exemple ces deux jeunes qui l'ont sollicité à la fin de l'été dernier. "L'un n'a pas été payé pendant un mois et demi, et l'autre avait 35 heures supplémentaires non payées", se souvient-il.
Pallier la pénurie de saisonniers
Si certains estiment que ces métiers sont délaissés en raison des horaires décalés ou des conditions de travail jugées trop difficiles, la question du manque de respect du droit du travail, comme celle de la rémunération, est également souvent évoquée. D'après Pôle emploi, un million de saisonniers sont pourtant nécessaires à l'industrie du tourisme chaque année, et il en a manqué près d'un tiers en 2022. En rencontrant également des employeurs, Marylise Léon a pu évoquer cette problématique. "Je pense que l'une des questions cruciales pour le recrutement, c'est la reconnaissance des compétences, que les salaires soient bien à la hauteur de ce que font les personnes, et de leur polyvalence."
Elle en a discuté avec Laurent Pruvot, propriétaire-gérant d'un camping à Fort-Mahon, qui a réussi à boucler ses recrutements de l'été dès le mois de mai. Son secret ? Il propose un logement à la majorité de ses saisonniers et mise sur le bien-être au travail.
"Il faut leur donner des bonnes conditions de travail : 35 heures par semaines et deux jours de repos consécutifs dans la semaine, pour qu'ils puissent avoir des vrais temps de pause."
Laurent Pruvot, propriétaire-gérant d'un camping à Fort-Mahon
"Ça passe aussi par une bonne formation, (...) et il faut créer une communauté de saisonniers, que chacun s'entende pour qu'il y ait une bonne ambiance au travail." Des ajustements qui représentent un coût, mais qu'il ne regrette pas du tout. "C'est un investissement positif puisque mes salariés sont beaucoup plus zen et beaucoup plus motivés à travailler. Ils rendent un meilleur service, et le client est satisfait, donc c'est gagnant pour tout le monde."
Lui-même président de la fédération de l'hôtellerie de plein air dans la Somme, il voit d'un très bon œil la venue de Marylise Léon. "On travaille avec les syndicats représentants des salariés. Qu'ils viennent dans les campings pour voir réellement ce qu'est un établissement, je trouve ça très bien", assure-t-il.
Il pourra peut-être se prêter à nouveau à l'exercice très bientôt : la CGT organiser également une journée dédiée aux saisonniers à Fort-Mahon ce vendredi 21 juillet.