Le Parc du Marquenterre, dans la Somme, fête ses 50 ans. Si quelques unes ont disparu, 30 nouvelles espèces d'oiseaux sont arrivées sur le site depuis 1973. Une terre d'accueil pour ces animaux auxquels l'équipe du parc cherche à offrir un habitat le plus riche possible.
Jamais la gorgebleue à miroir ou le pic noir n'auraient pu être observés en Picardie il y a 50 ans. Au parc du Marquenterre, situé à Saint-Quentin-en-Tourmont, dans la Somme, on estime qu'une trentaine d'espèces est arrivée sur le site depuis sa création en 1973.
Dans ce petit paradis pour ornithologues, la cigogne, présente naturellement dans la région, avait quasiment disparu de France avant qu'elle ne soit réintroduite par le fondateur du parc.
"Il y a une soixantaine de couples dans le département de la Somme, mais je n'oublie pas le passé, le fait qu'elle a failli disparaître. Donc, chaque jour, je savoure ces moments parce que je me dis que c'est une chance pour nous aujourd'hui", estime Philippe Carruette, responsable pédagogique au parc du Marquenterre.
Spatule blanche, héron garde-boeufs...
D'autres espèces sont arrivées de loin comme la spatule blanche, venue des Pays-Bas en 2000, et le héron garde-bœufs, remonté vers le nord en raison du changement climatique dès 1992. "Ça a été la grande surprise pour nous parce que c'était vraiment un oiseau d'Afrique, du bassin méditerranéen. Quand on a vu les premiers hérons garde-bœufs sur le site, c'est comme si on avait vu des flamants roses en Picardie", se souvient Philippe Carruette. "On en compte 800 aujourd'hui", précise-t-il.
Le bihoreau gris est également arrivé du sud. Un couple vit aujourd'hui dans le parc. La protection des grandes zones de marais, plus à l'est, a de son côté permis à la grande aigrette d'étendre sa population vers l'ouest de l'Europe et de gagner le parc dans les années 1990. "On est sur un mélange d'identité, de diversité et d'Histoire, car l'ornithologie est aussi une longue histoire de la nature", résume Philippe Carruette. Et si ces oiseaux sont restés, c'est parce qu'ils évoluent dans un milieu très favorable.
"Il faut savoir les accueillir et avoir une richesse d'habitat"
"On se dit qu'il n'y a pas assez d'endroits comme ça. La nature a besoin d'être sauvegardée de toute évidence. C'est vraiment un plaisir de s'y retrouver en se sentant dans un milieu protégé", observe un visiteur. "Le parc est vraiment très bien. Ils expliquent l'évolution à cause du climat. C'est un bel endroit. On peut y passer la journée, il y a toujours quelque chose à voir", se réjouit une visiteuse, appareil photo autour du cou.
Si certaines espèces comme la mouette mélanocéphale sont venues parce que l'Homme a détruit son habitat, au parc, on reste optimiste. "Ça veut dire qu'il faut travailler, savoir les accueillir et avoir une richesse d'habitat. Si l'oiseau est chassé de lieux favorables et s'il n'en trouve pas, c'est l'extinction à plus ou moins long terme donc c'est un défi pour nous de garder la biodiversité", prévient le responsable pédagogique du parc. D'où le temps passé à protéger les lieux, mais aussi à sensibiliser les générations futures.
De très belles photos d'espèces d'oiseaux sont à découvrir sur le site du photographe animalier Benoît Henrion.