Mers-les-Bains demande que l'église Saint-Martin soit classée monument historique : "ce qu’elle a d’exceptionnel, c’est l'alliance de deux styles différents"

Sur les hauteurs de Mers-les-Bains, l'église, construite en 1928 dans le style byzantin en vogue au début du 20ᵉ siècle, surplombe la station balnéaire du littoral picard. La municipalité demande son classement au titre des monuments historiques.

Pour accéder à ce joyau de l'architecture de bord de mer, il vous faudra gravir les dizaines de marches d'un escalier abrupt. Surplombant la ville, nul ne peut l'ignorer. Avec les falaises, l'église Saint-Martin est le site le plus visité dans le plus vieux quartier de Mers-les-Bains.

Style romano-byzantin

Il faut dire qu'elle est étonnante, cette église plantée face à l'horizon. Avec son clocher tour carré et ses briques d'un rouge intense, elle a la particularité d'associer deux styles architecturaux très différents : "byzantin à l’extérieur et d’inspiration romane à l’intérieur. Dès qu’on entre, on est plongés dans une autre époque. C’est assez rare pour une construction de 1920, relève Michel Delépine, le maire de Mers-les-Bains. Ce qui fait aussi sa spécificité, c’est le soin que l’architecte et les différents intervenants ont apporté à l’édifice, avec beaucoup de détails. On peut admirer l’église Saint-Martin parce qu’elle résiste particulièrement bien malgré quelques petits dommages qui commencent à apparaître."

Des dommages qui ont poussé la mairie à demander le classement de l'édifice au titre des monuments historiques. Un classement qui apporterait à la municipalité des aides pour entamer des travaux de rénovation. L'air salé a en effet commencé à faire son œuvre.

Elle est pourtant jeune, l'église Saint-Martin. Mais du haut de son promontoire, elle affronte bientôt cent ans la rudesse des embruns et des vents marins. Construite en 1928, elle voit les premiers offices se tenir en son sein six ans plus tard.

Entièrement financée par des donations

Mers-les-Bains disposait déjà d'une église, datant de la fin du 15ᵉ siècle. Mais avec l'arrivée du chemin de fer en 1872 et la mode des bains de mer, la population du village passe rapidement de moins de 500 habitants à plus de 2 500 en quelques années. Si de riches bourgeois s'installent à Mers, les estivants sont de plus en plus nombreux. L'édifice devient très vite trop petit pour accueillir tous ces nouveaux fidèles. Décision est donc prise de la détruire pour reconstruire une plus grande église à la place.

Le projet est entièrement financé par les donations des paroissiens et des estivants. Des ventes de charité et des spectacles au casino sont organisés pour récolter de l'argent. À la tête du chantier, un bâtisseur d'églises renommé, l'architecte amiénois Edmond Douillet qui multiple les originalités : béton armé, parements des façades en silex des falaises et en galets des plages de Mers, toit en ardoise, retable du 17ᵉ siècle classé monument historique depuis 1983, large nef voûtée constituée d'une série de coupoles...Tout dans cette église interpelle.

Flamboyance et chaleur des vitraux

Mais ce qui frappe le plus quand on y entre, c'est le bain de lumière qui vous accueille. Une lumière chaude et flamboyante qui émane des vitraux. "Même quand il fait mauvais et que tout est gris, quand on entre dans l'église, on a l'impression qu'il fait beau. Tout ce rendu, c'est grâce au choix des verres, s'émerveille Stéphane Brissy, maître verrier. C'est du verre fait à la main, soufflé à la bouche. On a un dégradé qui va du rouge, violet et qui va vers le jaune. Tous les verres ont été travaillés à l’acide pour avoir une décoloration progressive. Il y a différentes couches de verres : un verre transparent sur lequel on a coulé un verre de couleur. C'est vraiment très difficile de faire des vitraux comme ceux-là. Ils sont flamboyants et donnent une impression de vivant dans l'église."

Et comme dans chaque église de bord de mer, la tradition des ex-voto perdure avec la réplique d'un bateau de pêche, le Redoutable. "C'était un village de pêcheurs et il fallait les protéger quand ils partaient en mer, explique Aude Lamirand, guide bénévole. Les systèmes de sécurité n'étaient pas aussi développés qu'aujourd'hui. Et les secours n'arrivaient pas aussi vite. Donc on espérait sur la protection du Seigneur pour faire qu'ils puissent rentrer tous au port."

Et s'il y a bien longtemps que les bateaux de pêche ont disparu du port de Mers-les-Bains, ceux qui passent au large peuvent toujours compter sur la protection de l'église Saint-Martin qui continue de veiller, plantée face à l'horizon, surplombant la ville du haut de son promontoire, affrontant la rudesse des embruns et des vents marins.

Avec Sophie Picard / FTV

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