"On est très inquiets", bloqué à Amiens à cause du Covid, un enfant de 8 ans ne peut pas rejoindre ses parents au Canada

En raison de la crise sanitaire, les frontières du Canada sont fermées aux touristes. Conséquence : des dizaines d’enfants dont les parents sont résidents temporaires au Canada, se retrouvent bloqués en France, faute d’autorisation spéciale. C'est le cas de Louméo, 8 ans, bloqué en Picardie.

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Louméo a 8 ans et demi. Depuis trois ans, il réside à Montréal, avec ses parents, résidents temporaires au Canada. Cet été, le jeune garçon est venu seul en France pour rendre visite à ses grands-mères à Amiens et à Albert dans la Somme. Il ne les a pas vues depuis décembre 2019.

Mercredi 21 juillet, après vingt jours en Picardie, Louméo devait prendre son avion retour. Seulement, ses parents, restés au Québec, ont été contraints de repousser son vol. "Deux jours après son arrivée en France, on découvre sur les réseaux sociaux qu’il y avait un document à remplir au niveau de l’immigration", raconte Alexis Boulenger, le père de Louméo.

Ce document exigé par les autorités canadiennes, c’est une demande d’exemption des restrictions de voyage. En effet, en raison de la crise sanitaire, les frontières du Canada sont toujours fermées aux touristes.

"Les parents peuvent rentrer, mais les enfants sont refoulés simplement parce que nous avons un statut de travailleur temporaire et que les enfants mineurs, qui sont à l’école ici, n’ont pas de permis d’étude. Ils ont seulement une fiche visiteur. Et avec les restrictions, les enfants visiteurs, même s’ils vivent avec leurs parents au Canada, les autorités refusent qu’ils rentrent au Canada", détaille Alexis Boulenger.

Une procédure qui existe depuis décembre 2020, mais peu connue des familles ressortissantes. "Personne ne nous a parlé de ça, fustige Alexis Boulenger, on avait pris toutes les dispositions en appelant le consulat de France à Montréal et l’Immigration canadienne pour connaître les démarches administratives pour envoyer un enfant seul en France et connaître les restrictions au niveau des normes sanitaires", continue le père.

14 jours de délai pour obtenir une réponse

Louméo devrait rentrer le 2 août. 14 jours de plus chez ses grands-mères durant lesquels les autorités étudieront son dossier. Bulletins scolaires, livret de famille… Tout y passe. "Ce qu’il y a de plus ahurissant, c’est que de nombreuses familles ont reçu un refus. Leurs enfants se sont retrouvés bloqués à l’aéroport à l’embarquement, se désole Alexis Boulenger.

On est très inquiets car s’il y a refus, il faut faire une nouvelle demande et on repart sur 14 jours de plus. On ne sait pas vraiment si Louméo pourra revenir en août.

Alexis Boulenger, père de Louméo

Avec les demandes de procédure à la hausse, les délais pourraient même aller jusqu’à 20 jours ouvrables. De quoi inquiéter davantage les parents.

Plus de 400 familles françaises concernées

"Au début, on s’est dit que l’on ne s'était peut-être pas assez informé puis on s’est rendu compte qu’on était loin d’être les seuls". Un groupe Facebook Les enfants bloqués en fiche visiteur résidant au Canada, rassemble près de 450 familles dont les enfants n’ont pas pu retourner dans leur pays de résidence. À travers ce groupe, les parents essayent de trouver des solutions.

"On a essayé de faire intervenir des avocats, des ministres québécois et français". Une lettre ouverte à l’attention du Ministre de l’Immigration canadien a même été signée par plus de 196 familles de résidents. 

Pour l’instant, aucune réponse. "Tout le monde se renvoie un peu la balle. C’est au niveau fédéral canadien que ça bloque", explique Alexis Boulenger. En attendant, les familles envisagent de lancer des procédures de regroupement familial.

On souhaite que cette demande d’exemption soit supprimée ou alors que les délais de traitement soit de 48 h et qu’on ait une réponse positive pour que nos enfants puissent rentrer.

Alexis Boulenger, père de Louméo

Le consulat Général de France à Montréal, lui, conseille aux familles qui souhaitent voyager, de ne pas quitter le Canada avant d’avoir l’autorisation écrite.

Comme d’autres, Alexis Boulenger ne comprend pas cette différence de traitement entre travailleurs temporaires et résidents permanents : "On est déçus, car on ne peut pas voyager et voir notre famille alors que des résidents permanents peuvent. On se demande si on n’est pas pris comme une simple main d’œuvre et pour le reste, il n’y a pas trop d’états d’âme", conclut le père de famille.

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