"On n'est pas concurrents, on collabore" : des restaurateurs de la baie de Somme s'allient pour créer une "carte d'infidélité"

Pour "faire sourire", pour l'image du métier et celle de leur station balnéaire, des restaurateurs de la commune d'Ault (Somme) s'associent en lançant une carte de fidélité collaborative : la "carte d'infidélité".

À Ault, les falaises s'effritent, pas l'inventivité. Ni le commerce. Le 1er juin, au moins quatre restaurateurs de cette commune nichée entre Cayeux-sur-Mer et les trois Villes Sœurs comptent lancer une "carte d'infidélité".

Promotion de l'adultère ? Non. On parle ici de fidélisation des clients, simplement d'une drôle de façon.

Concrètement : après un repas tamponné dans chacun des restaurants partenaires, un cadeau sera offert à votre table préférée.

"Chacun va offrir quelque chose de différent, mais pour un même ordre de prix, chez nous ce sera un dessert", précise François-Joseph Mugg, nouveau patron du Saint-Pierre et initiateur du projet.

Valoriser la concurrence pour entretenir l'envie de se mettre à table

Le concept de carte d'infidélité (ou "de déloyauté") serait né en 2009 à Londres, avant de faire des petits outre-atlantique et d'arriver aux oreilles (par la radio) de François-Joseph Mugg.

Depuis janvier 2024, cet ancien conducteur de travaux est passé de la restauration de monuments historiques à la restauration gastronomique. Et il a convaincu ses voisins de jouer la carte de l'infidélité.

"J'ai découvert des restaurateurs qui eux-mêmes venaient d'ouvrir ou s'apprêtaient à ouvrir et on avait deux volontés communes : se développer et donner une autre image de la restauration, raconte François-Joseph Mugg. On n'est pas des concurrents, on collabore."

On cherche à questionner les gens et à les faire sourire.

François-Joseph Mugg, propriétaire du Saint-Pierre à Ault

"On est à 20 mètres les uns des autres, on passe notre temps ensemble", confie le restaurateur. Les restaurateurs aultois s'échangeraient déjà "du pain" et "des serviettes" quand quelqu'un en manque. Mais... échanger des clients ?

"Quoi qu'il arrive, quelqu'un qui va avoir fait le tour va de toute façon finir par échouer chez celui où il s'est senti le mieux, donc personne n'est lésé, c'est que du plaisir, estime François-Joseph Mugg. Y'a pas de rentabilité derrière une carte d'infidélité, on cherche à questionner les gens et les faire sourire."

Six restaurants au lancement ?

Le Saint-Pierre a ainsi convaincu Chez Virgile, Fenêtre sur cour et Aux vents et marées. C'est sur cette base qu'un prototype de la fameuse carte a été dessiné, en vue d'un lancement le 1er juin. Mais une nouvelle mouture est sur les rails : c'est probablement à six établissements qu'il faudra goûter avant d'être récompensé.

"L'idée, c'est le partage, alors on a fait passer le mot sur le groupe Facebook de l'association des commerçants et il y a deux autres restaurateurs qui ont répondu présents, donc ça devrait se faire." 

La carte d'infidélité devrait aussi être disponible en mairie et à l'office du tourisme. Le nouveau Aultois en profite pour dépeindre une station balnéaire "en vraie dynamique depuis 2 ans", "l'ambiance particulière" d'une charnière sociale et culturelle entre Saint-Valery et Le Tréport, le "charme particulier" d'un centre-bourg rénové et de bâtiments désuets empreints d'un faste passé.

Un tableau intriguant qui semble bien attirer les touristes. Les trois autres principaux partenaires de l'opération n'ont pas pu nous répondre, sans doute bien occupés en ce pont ensoleillé du mois de mai.

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