"On ne peut pas comprendre le projet européen sans la Première Guerre mondiale" : Barbara Legrand, guide-conférencière

Originaire d'Allemagne, Barbara Legrand vit dans la Somme, où elle fait découvrir le circuit du souvenir de la Première Guerre mondiale aux touristes, essentiellement australiens et néo-zélandais. Quatrième portrait d'une série baptisée #NousLesEuropéens.

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"Je suis née sur le Rhin de l'autre côté de Mulhouse, côté allemand, ça s'appelle Neuenburg. Ce n'est pas très loin de Bâle en Suisse. Chez nous, on appelle ça les trois frontières. On allait à Bâle acheter du café suisse et du chocolat, en Alsace pour le vin. Ça a toujours été un carrefour des marchandises."

Barbara Legrand grandit dans un contexte qui fait fi des frontières. A une époque, les années 1950 et 1960, où l'Allemagne et la France rêvent d'une Europe qui doit tourner le dos à des siècles de guerres et de haine. "Le dimanche matin, au lieu d'aller à la messe, mon grand-père suivait les discussions à la télé et ça discutait Europe. La construction européenne, je l'ai suivie à la télé au jour le jour. C'était une bouffée d'oxygène. Quelque chose de très important pour redémarrer l'économie, côté allemand, dans les années 1960."

A 17 ans pourtant, c'est vers les Etats-Unis, où elle travaille quelques mois comme jeune fille au pair que sa curiosité la guide. Un pays fascinant par sa grandeur et ses longues routes interminables, bien loin de son petit continent d'origine. Mais ce petit et vieux continent lui manque : "Ce qui me gênait, c'était l'absence de vieille architecture et de culture. Je m'ennuyais un petit peu."

Un trésor au musée de Villers-Bretonneux

L'amour d'un jeune Français va finalement la mener jusque dans la Somme, où des milliers de soldats ont péri durant la Première Guerre mondiale. Devenue guide-conférencière, elle redécouvre alors totalement ce passé, aidée par ses compétences linguistiques : "On ne peut pas se contenter d'être un perroquet. J'ai donc joué au Sherlock Holmes historien. Quand j'ai commencé mes recherches, il n'y avait pas encore internet. Il fallait lire les livres. J'ai trouvé un trésor au musée de Villers-Bretonneux qui compte tous ces livres en anglais."

Ces pages changent sa vision d'un conflit étudié pendant sa scolarité. L'apport des troupes de l'Empire britannique (Canada, Nouvelle-Zélande, Australie) était omis : "Ça m'a surpris. L'Histoire à l'école se réduisait à l'armée allemande, l'armée française, l'armée britannique. Mais on ne parlait pas de l'armée de l'empire britannique. Il y avait le stéréotype : les Français, les Anglais, plus tard les Italiens et ça s'arrêtait là. (...) C'était un petit peu réducteur quand même. Ça m'a touchée de découvrir tous les détails."

La Première Guerre mondiale est la clé

Pour Barbara, parcourir les allées des cimetières militaires, comme les listes de noms de soldats de l'Anzac gravés dans la pierre aux connaissances anglaises, françaises, allemandes ou italiennes, c'est aussi l'occasion de réaliser l'importance de la Der des der sur le présent : "La Première Guerre mondiale est la clé pour comprendre la géopolitique aujourd'hui, pourquoi nous avons des problèmes au Moyen-orient, quels sont les résultats du traité de Versailles qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale. On ne peut pas comprendre qu'il puisse y avoir un projet européen sans la Première Guerre mondiale."

Mais cette Europe qu'elle aime passionnément, perd peu à peu de son attrait. La paix qu'elle a porté semble garantie et son intérêt moins évident pour les nouvelles générations. Les dictatures qu'elle a fait tomber moins effrayantes. Ainsi, un étudiant lui a dit un jour que la démocratie ne lui plaisait pas, parce que ce ne serait pas une formule qui marche. Paraphrasant l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill, elle lui a répondu que c'était la formule qui marchait le mieux par rapport à toute autre construction politique : "Ça ne marche peut-être pas très bien, ce n'est pas une Porsche, c'est une 2CV, mais ça marche ! Donc on fait marcher et on reste constructif."

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