À Aubigny, dans la Somme, la Gendarmerie a formé une douzaine de maires ce mardi 8 juin pour leur apprendre à gérer les incivilités ou à réagir face à une agression verbale. C'est la première session du genre en Picardie.
Pour de nombreux édiles, les incivilités sont devenues monnaie courante, des agressions verbales qui parfois peuvent dégénérer.
Afin de préparer les élus picards à bien réagir face à ces situations, le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) a conçu une formation.
Sur toute la Picardie, 1 000 maires seront formés par deux négociateurs, à raison d'un jour par semaine jusqu'en mars 2022. La première session a eu lieu ce mardi 8 juin à Aubigny, dans la Somme, à destination d'une douzaine d'élus du département.
"L'élément déclencheur s'est passé en août 2019 dans la commune de Signes, dans le Var, rapporte le chef d'escadron Julien Rossignol, commandant de la compagnie de gendarmerie d'Amiens. Le maire est mort en voulant empêcher un dépôt sauvage de gravats. La camionnette lui a roulé dessus en prenant la fuite".
"C'est 3 fois plus qu'en 2019"
D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 1 276 atteintes aux élus de toutes natures (menaces ou agressions) ont été recensées en 2020, pour toute la France. "Cela fait trois fois plus qu'en 2019" précise le militaire.
"Beaucoup de gens se plaignent de beaucoup de choses, raconte Claude Vitry, maire de Poulainville. Souvent les gens viennent avec des problématiques qui ne concernent pas la mairie, qui ne sont pas de notre fait. Ils ne comprennent pas et ça les énerve".
Dans cette formation, les élus reçoivent "une boîte à outils pour analyser le comportement d’une personne et apprendre à garder le self-control. Ça passe par l'observation et l'écoute" dit le chef d'escadron.
"Il faut se synchroniser avec l'auteur"
"Quelqu'un qui s'énerve, vous avez tendance à en faire autant, reconnaît Claude Vitry. Et plus vous élevez le ton, plus ça risque de dégénérer. On nous donne quelques pistes pour amener la personne à s'expliquer, pour avoir un dialogue. La personne repart non pas avec une solution mais calmée. Par les mots et le ton qu'ils vont utiliser, vous avez le niveau d'énervement qu'ils ont. À partir de ça, c'est à vous d'arriver à utiliser des mots pour faire redescendre la pression".
Après la théorie, la pratique. Les maires se prêtent au jeu des mises en situation. L'occasion pour Bertrand Lelieur d'apprendre la synchronisation : "Il faut se synchroniser avec l'auteur, explique l'adjoint à la sécurité à la mairie de Villers-Bretonneux. Il faut reproduire ses gestes et il finit par reproduire les vôtres et c'est vrai que ça marche".
À l'issue de cette formation, les négociateurs en profitent pour rappeler aux maires de ne pas hésiter à demander le soutien des gendarmes selon la situation, mais ils leur font surtout passer le message : "Même pour une simple agression verbale, il faut porter plainte".