"Le combat peut être une fête", écrivait Jorge Luis Borges. Il ne pensait pas si bien dire : ce week-end a lieu la troisième fête anti-mille vache, symbole du combat anti-agro-industrie. Elle a lieu ce dimanche 11 septembre à Drucat-le-Plessiel, près d'Abbeville, dans la Somme.
Le dossier n'est certainement pas clos. La Ferme des mille vaches, "l'usine", comme l'appellent ses opposants, suscite toujours autant d'émotion. La troisième fête d'opposition à ce projet a lieu ce dimanche 11 septembre à Drucat-le-Plessiel, près d'Abbeville, dans la Somme.
Au programme, une marche vers l'usine à partir de 9h30, l'inauguration d'une "stèle de la résistance" à l'élevage industriel, puis un repas "tiré du sac" à 12h30. A 14h30 aura lieu une conférence sur le thème "élevage industriel, comment en sortir ?" avec Fabrice Nicolino, journaliste spécialiste des questions d'écologie à Reporterre. Le soir, des festivités sont prévues.
Les Millevaches et la crise du lait
Tandis que l'on assiste à une surproduction de lait en Europe, la ferme des mille vaches est une totale aberration pour ses détracteurs. Karima Delli, députée européenne EELV, sera présente ce dimanche. Elle dénonce "une aberration environnementale liée au trafic routier considérable, aux 400 000 m² d'eau par an que nécessitent les vaches, les 5,5 hecatres de bitume, les épandages menaçants pour la baie de Somme, etc." La députée roubaisienne dénonce également une "abérration sanitaire", avec "des troupeaux traités aux antibiotiques et des conditions d'élevage désastreuses"Karima Delli, candidate aux primaires EELV pour la présidentielle, parle de gigantisme, de démesure, et préconise un changement de système. "Il faut favoriser les circuits courts, aller vers une meilleure agriculture. Pensons aux générations futures !"
"Cinq ou dix fermes valent mieux que cette usine"
La ferme, ou "usine", comme l'appellent ses détracteurs, est autorisée à accueillir 500 vaches par la préfecture. Mais en réalité, elle en accueillerait beaucoup plus. Si le chiffre est particulièrement flou, ses détracteurs l'estiment compris entre 600 et 900. Le responsable du projet, Michel Welter, estime que la capacité du site est calibrée pour 1 000 et que le seuil de rentabilité se situe à 850 vaches.Récemment, M. Welter aurait demandé à ce qu'une décision administrative - sans passer par une étude d'impact, comme c'est le cas normalement - l'autorise à accueillir 850 vaches. Ségolène Royal, dans un courrier adressé au Préfet de la Somme, a signalé que cette procédure n'était pas conforme. "Un nouveau dossier avec une nouvelle étude d'impact doit être déposé." écrit-elle.
"Ceux qui s'en sortent visent la quantité au lieu de la qualité [...] Ceux poussés par les industriels creusent leur propre tombe", estime Francis Chastagner, président de Novissen. Selon lui, l'agro-écologie, comme le préconise Stéphane le Foll, est la solution. Pour Karima Delli, "cinq ou dix fermes valent mieux que cette usine".
Mais le combat peut être une fête, comme l'érivait Jorge Luis Borges. Du côté des élus, Barbara Pompili et Pascal Durand seront présents. L'organisation, qui est à l'origine de cette troisième fête anti-mille vaches, attend 150 à 600 personnes, en fin d'après-midi.