L'activité sportive s'est à nouveau arrêtée dans le sport amateur après l'instauration du 2ème confinement. Le premier avait déjà fait des ravages dans les clubs qui ont perdu beaucoup d'adhérents. Les mesures annoncées par Emmanuel Macron ne rassurent pas les dirigeants sportifs de la région.
Si les clubs professionnels occupent l'actualité au sujet des désastres provoqués par la crise sanitaire et le(s) confinements(s), les associations amateurs tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme car elles craignent de devoir mettre la clé sous la porte, si la situation persiste, et si l'Etat ne les entend pas.
Il y a un mois, les clubs de tennis de la métropole lilloise sont montés au créneau quand le couvre-feu a été instauré, avec la fermeture totale des salles de sport (sauf pour les professionnels qui peuvent continuer à jouer et s'entraîner).
La Fédération française de tennis a même déposé un recours auprès du tribunal administratif pour annuler l'arrêté. Recours qui a été rejeté. Mais le combat a continué pour les dirigeants du tennis, qui ont constaté un réel recul des cotisations.
Le Tennis club Lille Métropole, l'une des principales structures des Hauts-de-France, était en première ligne dans ce combat, même s'il n'est pas le plus impacté par cette crise." Nous étions à environ 750 adhérents l'année dernière. Nous sommes à 500 actuellement. Mais nous pouvons encore avoir des nouveaux adhérents en cours de saison", explique ainsi le président Antoine Sueur.
Les cotisations et les cours représentent 25% du budget. Mais ce club de haut-niveau est bien soutenu par les collectivités et des entreprises qui ont renouvelé leur partenariat.En raison du confinement le Club sera fermé jusqu'au 1er décembre. Sachez que nous ferons le maximum pour dédommager nos adhérents de ces semaines d'inactivité. Prenez soin de vous et de vos proches, et restons unis en ces temps difficiles. Nous avons hâte de vous retrouver. pic.twitter.com/uvHZGpkp9w
— Tennis Club Lillois Lille Métropole (@TCLillois_LM) October 30, 2020
Après être reparti progressivement le18 mai, le TCLM a mal vécu les restrictions mises en place par le préfet du Nord à l'automne. Les adultes ont dû arrêter la pratique début octobre. les enfants à la fin du mois. Depuis, les courts sont désespérement vides, bien que les contraintes santaires étaient rigoureusement respectées, et que, deux joueurs sur les 600 mêtres carrés que représente un court ne risquent pas de propager le virus.D'où l'incompréhension des pratiquants de tennis.
Les jeunes à la relance
L'annonce d'une reprise possible des jeunes en décembre est donc accueillie comme une bonne nouvelle. 350 jeunes jouent au TCLM." Pour eux, nos cours sont pleins. Nous avons fait une bonne rentrée. Et le retour des jeunes relancera notre activité. En attendant qu'elle arrive dès janvier pour les adultes", affirme Antoine Sueur." Dans ces conditions, le tournoi de jeunes qui a lieu en janvier pourra aussi se tenir normalement".Si la reprise totale de l'activité n'était pas confirmée, la FFT compte en appeler au Conseil d'Etat pour faire annuler le jugement du Tribunal administratif." Mais nous avons envie d'être optimistes", conclue le dirigeant lillois."Cela ne peut aller que mieux..."
Au lendemain de la lettre ouverte adressée par le Mouvement sportif au Président de la République le 26 octobre dernier, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a réalisé, une enquête auprès des clubs fédérés afin de mesurer l’impact, de la crise du Covid-19.
Avec les retours de 44 414 clubs, cette enquête révèle que 74% des clubs qui ont répondu ont constaté en moyenne une perte de 26% de licenciés en raison de l’épidémie.
Au-delà de la perte de cotisations, 78 % des clubs confirment avoir enregistré une perte économique sur d’autres secteurs, tels que la baisse de ressources liées au partenariat et au mécénat, la réduction voire la suppression totale de revenus de billetterie ainsi que la diminution de subventions…
"un déficit de recettes d'un montant de 376 millions d’euros, dont 260 millions de pertes de cotisations"
Dans ce rapport, le Comité olympique constate:"à ce stade de l’analyse, sur un échantillon représentatif de 36 000 clubs, on constate déjà un déficit de recettes d'un montant de 376 millions d’euros, dont 260 millions de pertes de cotisations et 116 millions de pertes "autres" (subventions, partenariats, billetterie…), avant la prise en compte d'autres pertes plus spécifiques."
Il s'agit là de chiffres globaux. Mais les situations sont très différentes selon les disciplines et les régions. Les arts martiaux sont les plus impactés car ils sont à la fois sports de salle et sports de contacts. Ils n'ont reçu que bien après les autres l'autorisation de reprendre. Mais dans de telles conditions que beaucoup sont à l'arrêt depuis la mi-mars. Et des clubs envisagent une fermeture pure et simple.
Des situations très variables
Les sports collectifs de salle aussi subissent la crise plus que les disciplines en plein air. Mais ces structures amateurs qui vivent en grande partie sur les cotisations de leurs adhérents souffrent aussi de la perte des licenciés. Exemple: le hockey sur gazon, sport 100% amateur, très implanté dans notre région.Le président de la Ligue des Hauts-de-France (30 clubs, dont 90% dans le Nord-Pas-de-Calais), Laurent Frappart, a constaté une diminution de 25% des adhésions." Beaucoup chez les enfants de moins de 12 ans. Les parents sont pourtant venus faire des essais en début de saison. Mais ils n'ont pas voulu s'engager vu l'incertitude sur le bon déroulement de la saison".
De nombreuses journées de championnats ont déjà été annulées. Les entraînements ont pris fin sauf pour les scolaires. Les compétitions ont été arrêtées depuis le 1è novembre jusqu'au 31 décembre." La saison en salle, qui occupait nos hivers, vient aussi d'être complètement annulée. Cela nous permettra peut-être de reprendre la saison sur gazon en janvier, afin de rattraper les matches en retard.
Mais les pertes financières, non. Pour son club de l'Iris hockey Lambersart, dont il est aussi le président, Laurent Frappart déplore la perte de 50 adhérents, sur 450 cette saison." Les cotisations représentent 70 000 euros sur un budget total de 330 000. Heureusement, nos partenaires institutionnels et privés sont restés fidèles, tout comme pratiquants les plus anciens, qui n'ont même pas demandé de remboursement de cotisation après le premier confinement. Mais nous avons quand même prévu de faire un geste commercial pour eux".
Retrouver des adhérents
Laurent Frappart relève une autre note positive:" Avec l'interruption des championnats, nous avons payé moins de frais de déplacement". L'IH Lambersart compte une vingtaine d'équipes dans toutes les tranches d'âge. Le club a aussi souffert du couvre-feu instauré dans toute la métropole lilloise." Nos entraînements sont programmés de 18h à 22h chaque soir. Il a fallu adapter nos plannings pour libérer les pratiquants bien avant 21h"."Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est de retrouver des adhérents. Pour les gros clubs comme le mien, ils devraient passer la crise. Mais pour les structures de moins de 50 licenciés, la situation est très préoccupante et beaucoup pensent ne pas pouvoir repartir l'année prochaine", conclue le président de la Ligue régionale.
Le Tennis club lillois et l'Iris Hockey de Lambersart: ces deux clubs bien structurés restent positifs. Mais ce n'est pas le cas de toutes les associations, beaucoup plus petites, dans des disciplines différentes. Rien ne dit que les annonces d'Emmanuel Macron fasse disparaître les inquiétudes des clubs amateurs...
LES MESURES MACRON
Emmanuel Macron a réuni des représentants du monde du sport mardi en visioconférence.Voici les principales mesures qu'il a annoncé.
- Mise en place d’une aide massive à la prise de licence sous la forme d’un « Pass’Sport » dès 2021. Cette mesure évaluée à 100 millions d’euros, doit faciliter le retour des Français dans les clubs sportifs.
-L’Etat investira 15 millions supplémentaires en 2021 sur le fonds d’urgence positionné à l’Agence nationale du sport pour continuer de venir en aide aux toutes petites associations.
- Création d’un fonds de compensation pour amortir les pertes des fédérations sportives en termes de licences.
- Retour des mineurs dans les associations sportives puisse être effectif au mois de décembre selon des protocoles sanitaires qui seront travaillés avec le ministère chargé des Sports et les acteurs locaux.
- Concernant le sport professionnel, mise en place du mécanisme de compensation de la billetterie à hauteur de 110 millions d’euros pour les clubs masculins et féminins ainsi que les organisateurs de manifestations sportives dont les fédérations.