Le maire de Berles-au-Bois, village dans le Pas-de-Calais, raconte son quotidien en période de coronavirus et de confinement.
A 67 ans, Michel Petit avait envisagé de ne pas se représenter. Et il devait céder sa pharmacie à la fin de ce mois de mars. Le voilà aujourd'hui plongé en pleine crise du Covid 19. Sur deux fronts : en tant que maire de son village et professionnel de santé.
Son village, c'est Berles-au-Bois, dans cette jolie campagne du sud de l'Arrageois, d'ordinaire si pimpante lorsqu'arrive le Printemps. 530 habitants. Aucun commerce. La première boulangerie est à Beaumetz-les-Loges, l'ancien chef lieu de canton.
"C'est tout le problème, raconte Michel Petit (DVD). Près de la moitié des habitants de ma commune est âgée de plus de 60 ans. Des gens qui devraient impérativement rester confinés chez eux... et qui galopent dès le matin pour aller faire des courses ! Je connais un retraité qui fait 17 km pour aller chercher son pain, du côté d'Arras, parce qu'il n'imagine pas pouvoir changer de boulangerie !"
Le maire et le pharmacien se sont donc mis au boulot. Le maire, il se tient à la disposition de ses administrés. "On m'appelle. Tout le monde a mon numéro de téléphone. Je préfère que ce soit moi qui fasse les courses, plutôt qu'un voisin ou un ami. Je sais comment ça se passe ici : à celui qui vous rend service... On le retient pour l'apéro ou pour déjeuner ! C'est le plus difficile encore aujourd'hui : faire prendre conscience de la mesure du danger et du risque de contagion extrême du virus."
"On se croise. De loin..."
Contre l'isolement, Michel Petit met en place dans son village ce qu'il appelle "une brigade d'écoute ou de réconfort". Des volontaires qui appellent, prennent des nouvelles, donnent des nouvelles. Un couvre-feu ? "Le Préfet m'a demandé si je voulais y avoir recours. Je ne suis pas certain que ce soit nécessaire à la campagne."
Le pharmacien, lui, adressera aux habitants de la commune un nouveau courrier pour les mettre en garde. "J'en vois encore pas mal qui se promènent. Je vois encore des enfants de familles différentes qui jouent ensemble. Régulièrement, je rappèlerai les règles simples : pas de contact physique ; pas de déplacement."
L'élu et le professionnel de santé s'inquiètent également de "l'après coronavirus". "Dans quel état allons-nous sortir de cette crise ? Je vois bien que c'est pire de jour en jour : les gens pétochent ! Peur du virus. Peur du lendemain. Peur du gendarme. Des gens hyper-stressés qui passent trop de temps à regarder les infos à la télé. Ils absorbent tout ! Il faudra gérer ce stress..."
Michel Petit vient d'être réélu pour un quatrième mandat. Près de quatre décennies en mairie. A l'âge de 20 ans, il était déjà conseiller municipal de Berles-au-Bois. Il a renvoyé chez eux ses trois employés municipaux. Il a fermé sa mairie, mais y passe encore quelques heures le matin en compagnie d'un adjoint. "On se croise. De loin..."