Témoignages. À bout de souffle, les personnels des EHPAD des Hauts-de-France en grève

Publié le Mis à jour le Écrit par Romane Idres avec Sophie Crimon
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Manque de moyens, journées à rallonge, sous-effectif : les personnels des EHPAD sont à bout de souffle. À Airaines dans la Somme, ils ont décidé de suivre l'appel national à la grève. Et de nous raconter leur quotidien. 

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Sept organisations syndicales ont lancé un appel national à la grève ce mardi pour interpeller le gouvernement. Ils demandent, entre autres, le maintien des effectifs et l'arrêt des baisses de dotations. Ce mardi matin à l'EHPAD d'Airaines, ils étaient nombreux à avoir répondu à l'appel.


Pour comprendre leurs difficultés au quotidien, une de nos équipes de journalistes a passé une matinée avec Frédéric, infirmier à l'EHPAD (établissement d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes) d'Airaines. Il doit distribuer les médicaments. Seul, pour 94 malades, répartis dans 5 services et dispersés sur plusieurs étages. Des patients âgés, dépendants, grabataire, atteints de la maladie d'Alzheimer. "C'est très speed, tout seul, on file à chaque fois, on se dépêche avec le chariot qui est assez lourd.", souffle-t-il.

Il court partout dans les couloirs pour s'occuper de tout le monde comme il peut. Depuis une chambre voisine, une patiente l'appelle à plusieurs reprises. "J'arrive, madame !", promet-il. "Regardez, je transpire ! C'est toujours assez soutenu."

Un oeil sur le patient, l'autre sur la montre


Il se concentre sur son travail pour le faire vite et bien, tout en essayant de conserver la dimension humaine. Des gestes bienveillants, des petits mots. "À chaque fois c'est deux, trois minutes avec le patient. On discute rapidement le temps de préparer les médicaments, mais c'est très court." Il regrette de ne pas avoir plus de temps et d'avoir toujours un oeil sur sa montre.

Dans le même temps, sa collègue Francine, aide-soignante, s'active aussi. Elle doit faire seule la toilette de 31 résidents. "Là, je viens de faire une toilette en mode dégradé. Par exemple, on ne va pas raser une personne, ou on ne lave pas les pieds.", explique-t-elle. "C'est pitoyable. Je ne conseille à personne d'aller en EHPAD."

Le personnel épuisé


Pourtant Francine fait preuve de dévouement. Elle fait ce mérite depuis 38 ans. Mais à 57 ans, avec un salaire d'à peine 1 800 euros, elle est à bout de souffle. "Les conditions de travail n'ont jamais été aussi catastrophiques.", souffle-t-elle. "Plus ça va, plus on nous en demande. On vient de nous retirer deux aides soignantes de jour... mais il faut toujours que le travail soit fait pour les résidents, qui paient quand même 2000 euros par mois."

À Airaines, il manque au moins quatre postes et 200 000 euros de budget. Le personnel est épuisé. Conséquence : 10% d'arrêts maladie. Les économies prennent le pas sur la qualité de prise en charge des résidents. Marine, 72 ans, résidente de l'EHPAD, le constate tous les jours. "Ils sont presque sur les genoux. Tous les jours on les entend dire qu'il manque quelqu'un... Ils sont à bout."



Des témoignages similaires dans de nombreux EHPAD en France. De nombreux établissements ont répondu à l'appel à la grève nationale lancé par les syndicats. 


Sur France 2 ce mardi matin, la ministre de la Santé s'est défendue en rappelant que des investissements étaient prévus en 2018. "Le budget des EHPAD est le budget qui va le plus augmenter de tout le budget de la sécurité sociale cette année.", a-t-elle indiqué Des sommes dérisoires par rapport aux besoins, d'après les syndicats.


Sur RTL, le député (France Insoumise) de la Somme François Ruffin a également exprimé son point de vue sur le sujet. Il parle de "maltraitance institutionnelle". 





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