Les deux principaux géants de la bière ont conclu mercredi un accord formel d'achat de SABMiller par AB InBev pour marier des marques comme Peroni et Stella Artois, pour 112 milliards d'euros, soit l'une des plus importantes acquisitions jamais réalisées.
Si la transaction est acceptée par les actionnaires des deux groupes et validée par les autorités de régulation des nombreux pays concernés, elle constituerait la troisième plus importante jamais enregistrée tous secteurs confondus, d'après le cabinet Dealogic. Elle mariera les marques de bière américaine Budweiser et belge Stella Artois d'AB InBev avec les italienne Peroni, tchèque Pilsner Urquell et néerlandaise Grolsch de SABMiller. Le belgo-brésilien AB InBev a souligné que cet achat, qu'il espère boucler au second semestre 2016, lui permettra de devenir "un vrai brasseur mondial", le britannique SABMiller étant très présent dans les marchés en croissance d'Asie, d'Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Afrique, un des marchés avec le plus fort potentiel de croissance pour le groupe combiné.
C'est "la conclusion logique d'une décennie de regroupement dans l'industrie brassicole", a expliqué Jeremy Cunnington, d'Euromonitor International. Entre 2005 et aujourd'hui, la part de marché mondiale des cinq principales entreprises du secteur est passée de 38% à 56%, a-t-il rappelé. "Le nouveau groupe produira environ 29% de la bière à l'échelle mondiale", souligne Brenda Kelly, analyste pour London apital Group, de la mexicaine Corona (hors Etats-Unis) à l'australienne Foster's en passant par la chinoise Snow - la marque la plus écoulée sur la planète. A eux deux, AB InBev et SABMiller brassent en effet près de 60 milliards de litres par an, soit trois fois plus que l'actuel numéro trois du secteur, le néerlandais Heineken.
Cession aux Etats-Unis
Afin d'éviter d'être sanctionné pour position dominante, SABMiller a déjà annoncé la vente pour 12 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) de sa participation majoritaire dans le brasseur américain MillerCoors au profit d'un autre brasseur de la région, Molson Coors. Les grands brasseurs sont à la recherche de nouveaux relais de croissance, alors que le marché de la bière progresse à pas comptés - 1% de hausse attendue seulement entre 2014 et 2015. Les bières artisanales, qui représentent entre 5 et 9% de la consommation, voient néanmoins leurs ventes bondir de plus de 10% par an sur les marchés les plus avancés.Le président de SABMiller, Jan du Plessis, a mis en exergue dans ce contexte "la présence sans égale de SABMiller dans les marchés en développement qui connaissent une forte croissance".Il a souligné toutefois que la proposition de son concurrent n'était pas refusable
et que "le conseil d'administration de SABMiller a recommandé de façon unanime l'offre d'AB InBev". Les détails financiers de l'accord confirment les grandes lignes dévoilées lors de la conclusion d'une entente préliminaire le 13 octobre, à l'issue d'un bras de fer d'un mois au cours duquel le conseil d'administration de SABMiller avait désapprouvé quatre premières offres informelles, faisant monter les enchères, avant d'accepter la cinquième.
Fin de la cotation à Londres
AB InBev va verser 44 livres sterling (62 euros) par action aux détenteurs de titre SABMiller, ce qui représente une prime de pas moins de 50% par rapport au cours de clôture de l'action SABMiller le 14 septembre, avant que les spéculations sur une possible acquisition ne ressurgissent. Cette somme valorise SABMiller à près de 80 milliards de livres (112 milliards d'euros), dette comprise. Les actions du nouvel AB InBev seront principalement cotées à Bruxelles, avec des cotations secondaires à Johannesburg, Mexico et New York. Le nouveau groupe ne sera en revanche pas coté à Londres, a confirmé Carlos Brito, le PDG d'AB InBev lors d'une conférence téléphonique.Peu après 16H05 GMT, le titre AB InBev prenait 1,71% à 113,10 euros à Bruxelles tandis qu'à Londres, l'action SABMiller progressait de 1,72% à 40,45 livres. "Cet accord est considérable et les marchés vont toujours saluer un rapprochement de cet ampleur. (Mais), cette fusion était déjà intégrée dans les cours de Bourse depuis des semaines, donc les réactions ne devaient être que minimes", a expliqué Craig Erlam, analyste chez Oanda. La direction d'AB InBev espère que l'acquisition de SABMiller va lui permettre de réaliser des économies via des synergies à hauteur de 1,4 milliard de dollars par an à partir de la quatrième année suivant l'absorption effective de son concurrent.