Le numéro un mondial de la bière AB InBev a mis plus de 90 milliards d'euros sur la table pour racheter son grand concurrent SABMiller et donner naissance à un mastodonte du secteur mariant la Stella Artois, la Budweiser, la Pilsner et la Peroni.
Cette offre à 68 milliards de livres (92,27 milliards d'euros) a reçu un premier accueil très frais de SABMiller. Le président du brasseur, Jan du Plessis, a estimé que AB InBev sous-évaluait "très substantiellement" son entreprise qu'il qualifie de "joyau de la couronne de l'industrie brassicole mondiale". Selon Les Echos, le conseil d'administration de SABMiller a finalement rejeté cette offre mercredi. Il en avait déjà repoussé deux, plus basses, faites en privé par AB Inbev.
Si ce mariage voyait le jour, ce serait la troisième plus grosse fusion-acquisition de l'histoire, selon l'institut Dealogic, qui la place derrière deux unions dans les télécoms: Vodafone et Mannesmann en 1999, Verizon Communications et Verizon Wireless en 2013. Depuis sa première approche, le 16 septembre, AB InBev, basé dans la ville belge de Louvain commercialise - entre autres - les marques Budweiser, Corona, Stella Artois, Hoegaarden, Leffe et Jupiler. Le groupe dit avoir relevé deux fois son offre: initialement à 38 livres par action, elle est passée à 40, puis mercredi à 42,15, qui est la première des trois offres à avoir été rendue publique. "AB InBev a besoin de SABMiller mais a formulé des propositions opportunistes et hautement conditionnelles, dont certains éléments ont été délibérément conçus pour être sans attrait aux yeux de nombre de nos actionnaires", a critiqué Jan du Plessis.
Porte de l'Afrique
Connu en Europe pour la bière italienne Peroni et la tchèque Pilsner Urquell, SABMiller, deuxième brasseur mondial, est un géant des pays émergents et notamment en Afrique (28% de son chiffre d'affaires), l'Afrique du Sud étant le pays d'origine de SAB, où il est né il y a 120 ans. Il est certain que pour AB InBev, cette alliance offre de grands avantages, lui ouvrant notamment la porte de l'Afrique et l'Asie. "La combinaison d'AB Inbev et SABMiller résulterait dans un brasseur vraiment mondial (...) Vu les implantations géographiques largement complémentaires et les portefeuilles de marques d'AB Inbev et SABMiller, le groupe combiné opérerait dans presque tous les marchés majeurs de la bière, y compris des régions émergentes clés avec de fortes perspectives de croissance comme l'Afrique, l'Asie, l'Amérique centrale et du sud", explique AB InBev.Le cigarettier Altria, le principal actionnaire de SABMiller et le propriétaire de Marlboro, avait apporté son soutien à l'offre relevée d'AB InBev. Dans un communiqué à part, "il exhorte le conseil d'administration du brasseur à s'engager sans délai et de manière constructive avec AB InBev à se mettre d'accord sur les termes d'une offre recommandée". Un autre rapprochement a été annoncé mercredi matin dans le secteur. Le néerlandais Heineken a racheté au groupe de boissons alcoolisées Diageo des parts de sociétés
pour un montant total de 696 millions d'euros, lui donnant notamment le contrôle d'un producteur jamaïcain et renforçant sa mainmise sur un brasseur malaisien. Heineken a par ailleurs porté à 100% sa participation dans la société GAPL, qui elle-même détient une part majoritaire du brasseur malaisien GAB, producteur de marques telles que Guinness et Malta.