Les températures plus douces que la moyenne ont modifié la migration des oiseaux visibles au Parc du Marquenterre où les haltes migratoires sont devenues plus longues. Un moment pour observer des oiseaux pas si inconnus que cela.
La présence, ou pas, d’oiseaux communs est un bon indicateur des bouleversements climatiques. Lors de la migration de printemps, les oiseaux arrivent plus tôt sur leur zone de reproduction puis à la fin de l’été, commencent à se rassembler pour les premiers préparatifs d’hivernage.
A l’automne, la plupart des oiseaux migrateurs nichant en Europe s’exilent vers le Sud. Ces dernières années en raison des changements climatiques, des individus ne descendent plus chez nous car ils trouvent leurs nourritures l’hiver dans des pays plus au nord comme la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne.
D’autres encore opèrent juste un changement de régime alimentaire ou passent l’hiver sur leur zone de nidification comme au Parc du Marquenterre, au cœur de la réserve naturelle nationale de la baie de Somme.
Armé de jumelles et appareils photos, un groupe de visiteurs a choisi le thème de la migration pour sa visite au début du mois de novembre. Et si vous regrettez de ne pas vous être inscrit il vous faudra attendre l'automne prochain. Installez-vous confortablement, on vous raconte tout ou presque.
Les oiseaux se repèrent aux reliefs, c’est plus facile d’enregistrer les traits de côte que les toitures.
Léa – Guide naturaliste au Parc du Marquenterre
L’oiseau migrateur a une horloge interne gérée par une hormone, la mélatonine qui en augmentant déclenche le départ.
La migration automnale est aussi appelée la migration postnuptiale.
70% des oiseaux migrent de nuit en se repérant aux étoiles.
Léa, guide naturaliste au Parc du Marquenterre
Des stratégies de migration différentes d’une espèce à l’autre
- Migration rampante
C’est le cas des passereaux qui se déplacent de quelques dizaines de kilomètres par jour, de buisson en buisson pour se mettre à l’abri des prédateurs tout en cherchant leur nourriture, par exemple des baies.
- Migration sur zone de nidification
Typiquement celle du cygne, un des plus gros oiseaux du Parc. On distingue leur genre grâce à la protubérance noire visible sur leur bec, plus importante chez le mâle. Ils sont d’une remarquable fidélité envers leur partenaire. Territoriaux ils avancent les ailes ouvertes pour défendre leur territoire ou montrer leur agacement.
Il est rare de les voir voler, pourtant ils en sont capables : ils atteignent les cent kilomètres heure. Il faut juste qu’ils supportent leur poids de dix kilos au décollage et ça n'est pas une mince affaire.
On dit que lorsque l’on voit juste la tête de l’oiseau, on peut connaître son régime alimentaire et le milieu dans lequel il vit.
Léa , guide naturaliste au Parc du Marquenterre
Le geai, lui, a un bec costaud qui lui permet de casser toutes sortes de graines et glands.
Au sein de la réserve naturelle du Parc, passent depuis les années 1990 des cigognes, non alsaciennes, dont certaines sont baguées. Leur bec est en forme de poignard ce qui est bien utile à ces carnivores qui ne font qu’une bouchée de leur plat préféré : les grenouilles. Opportunistes, elles n’auront aucun scrupule à dévorer les poussins d’eau au printemps.
Piètre pêcheuse, elle laisse les petits poissons au héron cendré, dont le bec est de la même forme mais qui du haut de ses grandes pattes d’échassier reste au bord de l’eau en prenant garde de ne pas mouiller les plumes… sauf si sa cousine l’aigrette, plus communément appelé héron blanc, avait l’idée saugrenue de lui voler son repas ou empiéter sur son territoire. Le règlement de compte serait immédiat !
Le record de distance est détenu par une barge rousse de 290 petits grammes, sa balise GPS a révélé qu’elle avait Parcouru 13 050 kilomètres de l’Islande à la Nouvelle-Zélande en 11 jours, sans se poser, probablement aidée par des vents porteurs.
En savoir plus :
Avez-vous déjà vu les oiseaux se lisser les plumes ?
En réalité, il s’agit d’une grosse opération de toilettage qui leur est vitale.
Tous les oiseaux ont une glande sébacée uropygienne à la pointe des ailes, juste au-dessus du croupion dans le bas du dos qui sécrète une substance très grasse en continu. Ils la récupèrent avec le bec puis lissent leurs plumes externes une à une pour imperméabiliser leur plumage. Ce geste maintes fois répété au cours de la journée les préserve de l’hypothermie donc de la mort.