Des filets de pêche biodégradables pour lutter contre la pollution maritime testés de la Côte d’Opale au Tréport

On les appelle les filets fantômes, des filets de pêche tombés dans les fonds marins, ils représentent 30% des déchets en mer. Une pollution que le Parc Naturel Marin des Estuaires Picards et de la mer d’Opale a décidé de combattre avec une première mondiale : des filets de pêche compostables et biodégradables.

3 heures du matin, port de Fécamp en Seine-Maritime, le fileyeur le Gauthier-Lucile prend la mer direction le Cap d’Antifer près du Havre.

Comme chaque jour, ce petit bateau de pêche côtière vient relever les filets posés la veille. Le jour s’est levé, au moment de relever leurs propres filets, l’équipage récupère les filets perdus par un autre bateau.

Un incident fréquent.

Biodégradables et compostables

Il y aurait eu 400 mètres de filets perdus au fond de la mer qui auraient mis 400 ans à se dégrader. Une corde qui pète, un chalutier qui va passer dedans sans le faire exprès et va arracher le filet. Cela peut être tout : une croche, un caillou ou n’importe. J’ai 27 ans, j’ai encore quelques années à tirer. Si on commence à tout détruire, dans quelques années, il n’y aura plus rien !

Emeric Salgado, second capitaine à bord du fileyeur.

Une prise de conscience qui a incité le patron pêcheur, Kévin Truchon à participer une expérimentation, la première au monde : tester en conditions réelles des filets de pêche biodégradables et compostables.

Son bateau fait partie de la 3 e phase du projet TEFIBIO, porté par le Parc Naturel Marin des Estuaires Picards et de la mer d’Opale, financé par le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche et cofinancé par France Filière Pêche.

Un filet normal se dégrade à peu près en 400 ans en mer alors qu’un filet biodégradable va mettre 8 à 10 ans à se dégrader. Et il ne va pas avoir de relargage de micro-particules et donc il va être bien plus bénéfique pour l’environnement marin

Solène Peuget, chargée de mission TEFIBIO au Parc naturel marin.

Pour concevoir ces filets à partir de matériaux biosourcés, il aura fallu près de 10 ans à l’entreprise bretonne Seabird. Un filet fabriqué à partir de bioplastique, biodégradable en cas de perte en mer et compostable à terre. La matière qui sert à ce filet nouvelle génération a été mise au point à Larmor-Plage dans le Morbihan. 

Retour sur le Gauthier-Lucile, qui fait partie de la 3 e phase de tests en conditions réelles .

Pendant 70 sorties en mer, l’équipage utilise 3   200 mètres de filets biodégradables en alternance avec des filets conventionnels.

Au 42 e jour d’expérimentation, les essais en conditions réelles donnent encore l’avantage pour la résistance aux filets classiques. C’est ce qu’a constaté Julien Ferrand, marin-pêcheur à bord du fileyeur.

Le filet bio reste plus fragile, un peu moins pêchant. Cela dépend aussi du courant souvent. Quand il y a trop de courant, ça pêche beaucoup moins. On voit la différence à ce moment-là.

Julien Ferrand, marin-pêcheur à bord du fileyeur.

Après 13 heures de navigation, retour au port de Fécamp, la pêche du jour a été bonne, 360 kilos de sole dans les casiers. Le capitaine a le sourire.

Dans sa cabine, un petit cahier où il inscrit chaque jour des relevés très précis.

"On a le pourcentage d’usure entre le biodégradable et le conventionnel. Pour l’instant, je ne vois pas trop de différence. Ensuite, on a les espèces de poissons pêchées, aujourd’hui, les biodégradables étaient meilleurs. Ce qu’il reste à améliorer ? Il faut rétrécir un peu la maille, elle est trop épaisse, si elle était plus petite, ce serait plus pêchant."

A quel Prix ? 

Reste une inconnue, de taille. Le prix des filets biodégradables. Pendant les expérimentations, le Parc naturel les met gratuitement à disposition des professionnels. Mais la question du coût se pose lorsque l’on sait qu’un fileyeur utilise jusqu’à 3 tonnes de filets par an, c’est le principal poste de dépenses après le carburant.

Le Parc naturel qui va poursuivre cet hiver les essais au large de Fécamp avec la volonté à terme de rendre les filets de pêche biodégradables obligatoires pour toute la zone de pêche d’Ambleteuse au Tréport :

Les deux premiers prototypes embarqués et utilisés durant les étés 2021 et 2021 ont pêché de manière similaire au filet conventionnel.

Les tests de recyclage des prototypes et l’étude de leur mis sur le marché vont permettre de pérenniser et généraliser, le projet TEFIBIO, innovation mondiale pour tourner définitivement la page du filet en nylon.

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