L’autocariste belge JFA voyages s’est évaporé dans la nature. Ses clients français pensaient partir en Espagne ou au Portugal, ils se retrouvent à quai, délestés de leurs économies.
Plus aucun signe de vie de JFA voyages et de son directeur Jean-François Caramin depuis la mi-janvier. Les clients, des retraités des Hauts de France dans leur grande majorité, ont simplement été informés sur la page Facebook de cet autocariste belge que le catalogue 2017 était annulé. Or les chèques d’acompte et de règlement des voyages ont bien été encaissés.
L’affaire a été révélée par la Voix du Nord en début de semaine. Il évoque des centaines de victimes. Les séjours clé en main à travers l’Europe proposés par les voyagistes belges attirent chaque année des milliers de seniors de la région. Beaucoup des clients de JFA avaient une totale confiance en son patron, pour avoir déjà fait plusieurs voyages avec sa société, ou par le passé lorsqu’il était encore chauffeur pour un autre autocariste.
Désormais, la page Facebook de JFA voyages n’est plus accessible. Le numéro de téléphone du voyagiste sonne dans le vide, et les mails qui lui sont adressés restent sans réponse. A Pipaix, dans la Hainaut belge, rien ne permet plus d’identifier la SPRL JFA voyages, hormis le courrier qui s’accumule dans la boîte aux lettres.
L’ampleur du préjudice
Les victimes se comptent sans doute par centaines. La plupart d’entre eux ont payé des acomptes, de 300 à 700 €, évaporés dans la nature avec le directeur de JFA voyages. D’autres avaient déjà versé la totalité du montant de leur voyage, 2000 € pour ces retraités de Leforest près de Douai, ou encore 2300 € pour ce couple de Marles-Les-Mines près de Bruay-la-Buissière. Le préjudice total pourrait se situer entre 150 et 180 000 €.Une opportunité pour les autres voyagistes belges ? Dès la mi janvier, LL voyages, publiait sur la page facebook de JFA la proposition de reprendre les voyages annulés. Depuis, cette société multiplie les messages sur sa propre page pour inciter les clients floués de JFA à venir rejoindre sa compagnie, avec des gestes commerciaux à la clé (en déduisant du prix du voyage les acomptes versés à JFA).
Son directeur, Lino Lombardo, ancien sous-traitant de JFA en tant que transporteur, démarre son activité de voyagiste. Une belle opportunité pour lui de se constituer une clientèle en récupérant celle de JFA voyages, dont il a recruté (pour l’instant en intérim), l’ancienne chargée de relations clients. Il assure ne pas être le repreneur de JFA. Il affirme aussi que les fichiers clients ne sont la propriété de personne et que tous les voyagistes belges ont les mêmes, ce qui paraît curieux vu de ce côté-ci de la frontière.
JCO, autre voyagiste, a lui récupéré le chanteur vedette qui accompagnait les séjours de JFA, Alain Sombret. Lui aussi se dit victime de Jean-François Caramin, dont il croyait être l’associé (l’initiale de son prénom était le A de JFA). Il a déclaré à la Voix du Nord avoir été « pris pour un con », et avoir quitté le navire en novembre 2016 pour cette raison. Selon lui, les six prochains voyages de l’autocariste de Pipaix étaient pleins à ce moment-là, ce qui peut laisser imaginer autour de 300 clients qui avaient réservé leurs voyages en Espagne ou au Portugal.
Quels recours pour les victimes ?
A ce jour, JFA voyages n’a pas fait « aveu de faillite », dénomination belge pour désigner le dépôt de bilan. Le tribunal de commerce de Tournai nous l’a confirmé et nous a informé recevoir de nombreux appels de clients français de JFA désemparés. Il leur conseil d’écrire au Procureur du Roi à Tournai pour déposer plainte en précisant le montant des sommes engagées et perdues. Au vu de l’ampleur de ces courriers, le magistrat pourrait décider d’ouvrir une enquête pour retrouver le directeur de la société et lui demander des comptes.En vertu d’une réglementation européenne, chaque voyagiste a pour obligation de souscrire une assurance qui remboursera les clients en cas d’insolvabilité. Mais les assurances ne jouent que s’il y a dépôt de bilan, ou « aveu de faillite », ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.