C'est l'histoire d'Anaïs et de Seydou. Ils sont amoureux depuis deux ans. Ils se sont mariés au Sénégal. Mais pour pouvoir commencer à vivre ensemble en France, il leur faut franchir de nombreuses étapes. C'est ce parcours qu'a filmé la réalisatrice Marion Gervais dans son documentaire " Anaïs s'en va aimer ". Son premier opus, "Anaïs s'en va en guerre", avait été un succès.
Dans un premier documentaire, "Anaïs s'en va en guerre" Marion Gervais suivait le cheminement d'Anaïs, 24 ans, qui s'installait dans un petit village de Bretagne, pour y cultiver des herbes aromatiques et médicinales.
10 ans ont passé depuis le lancement de ce projet professionnel et aujourd'hui Anaïs est confrontée à un autre combat : celui de vivre pleinement l'amour en couple avec son compagnon originaire d'Afrique. Dans "Anaïs s'en va aimer", la réalisatrice suit la jeune femme qui se bat pour que son mari puisse la rejoindre en France afin de vivre ensemble.
Mais l'administration fait barrage. La lenteur du processus de régularisation aurait pu désespérer les jeunes mariés. Mais ce n'est pas le cas.
L’amour et la dure loi des frontières
Déterminée, Anaïs retrousse ses manches, tant dans son désherbage aux champs que pour les papiers administratifs. Elle ne lâche rien. Les nombreuses démarches, parfois absurdes, et les délais d’attente persistants provoquent de fortes émotions. Les journées sont longues et solitaires pour les amoureux éloignés. "C'est l'ascenseur émotionnel", dit-elle.
Je passe du rire aux larmes. On ne demande pas la lune pourtant, on veut juste vivre ensemble, c'est tout !
Anaïs
Main dans la main
Son titre de séjour en poche, Seydou va finalement réussir à rejoindre Anaïs. Les retrouvailles sont chargées d'émotions. Et le temps de la découverte peut commencer. Main dans la main, ils regardent ensemble ce qui devient désormais leur cadre de vie : la ferme, la campagne, les plantes et les animaux.
Le chemin n'est pas terminé
Mais la menace plane encore. Seydou est tenu de participer à une formation civique pour mieux s'imprégner des valeurs de la République. Il s'y applique, son titre de séjour en dépend. L'adaptation à son nouveau cadre de vie est primordiale. Le chemin n'est donc pas terminé.
Rattraper par le passé
Sans remettre en cause leur amour réciproque, le couple, réuni, traverse aussi des perturbations. À aucun moment la mixité de leur culture n'est mise en cause. Mais Seydou a grandi dans l’ombre d'un pays en guerre et cela a forgé le jeune homme à une grande prudence. Sa femme explique : « Il connait le bruit des armes. […] Pour lui, c'était sa musique ».
Les câlins, je n'ai pas l'habitude, je ne connais pas. Je ne me souviens pas de ça.
Seydou
Ils réalisent ensemble que le quotidien pourrait pâtir de leurs différences. Anaïs ne s'attendait pas à cette réserve. Elle se sent surmenée et responsable du bonheur de Seydou. Lui, a le sentiment d’être un fardeau pour sa femme.
C'est entre deux cueillettes que le couple d’agriculteurs s’accoutume doucement. Le dialogue est présent et les nuages passent. Pour Anaïs, "La vie est faite pour être partagée et puis il me manquait quelque chose dans mon quotidien. Il y avait quelque chose qui n’avait pas de sens. […] C’est exactement pareil, mais en mieux".
Un nouveau défi
Grâce au dialogue, ils sortent triomphants de cette première étape. Seydou s'intègre et prend ses marques, et Anaïs annonce sa grossesse.
La petite sera franco-sénégalaise, ce qui réjouit le couple. "On va avoir un bébé qui sera ni noir ni blanc, il va être métis. C’est en même temps une énorme richesse et ça doit être assez compliqué aussi peut-être" disent-ils.
C’est un défi de plus pour ce duo qui semble prêt à tout surmonter, avec amour et détermination.
"Anaïs s'en va aimer", le documentaire de Marion Gervais, est à voir en avant-première dans cet article ainsi que sur francetv.fr. Il sera également diffusé ce jeudi 15 juin, à 23 h 40 sur France 3 Bretagne.