Ségolène Royal : le processus de fermeture de Fessenheim "engagé" "dès l'année prochaine

Le processus de fermeture de la centrale de Fessenheim sera "engagé" "dès l'année prochaine", affirme mercredi la ministre de l'Energie Ségolène Royal, qui avait tenu la veille des propos jugés ambigus. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy et François Fillon promettent de ne pas fermer la centrale.

"Comme je l'ai dit hier (mardi), à partir du moment où deux nouveaux réacteurs vont ouvrir, deux vieux réacteurs devront fermer à l'échéance butoir de 2018, ce qui veut bien dire qu'il faudra dès l'année prochaine engager ce processus en respect des personnes, en respect des territoires", a déclaré Ségolène Royal interrogée par BFMTV.

C'est en fait un seul réacteur qui sera mis en service en 2018, l'EPR de Flamanville, l'un des plus puissants au monde avec 1650 mégawatts, ce qui demandera l'arrêt de deux réacteurs de 900 MW pour retirer du réseau une puissance équivalente, en conformité avec le plafonnement de la production nucléaire française instauré par la loi sur la transition énergétique.

EDF, exploitant des 19 centrales nucléaires françaises, a repoussé jeudi à la fin 2018 l'ouverture de l'EPR, relançant les spéculations sur la date de fermeture de Fessenheim, plus vieille centrale nucléaire française en activité. "Ce sera irréversible d'ici la fin du quinquennat, bien évidemment", a précisé la ministre à l'issue du conseil des ministres.

"L'objectif du gouvernement est que cette centrale soit fermée. Un décret sera pris dès le début de l'année prochaine pour engager le processus de fermeture" et celui-ci sera "irréversible", a ajouté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. "L'objectif c'est de tenir l'engagement qui a été pris de fermer la centrale de Fessenheim".

Interrogée mardi à Strasbourg par la presse sur les conséquences pour Fessenheim du report de l'ouverture de l'EPR de Flamanville, Ségolène Royal
avait expliqué que la loi avait prévu un plafonnement de la production d'énergie nucléaire. "Ce qui veut dire que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc, Flamanville va ouvrir d'ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer", avait-elle déclaré.

Ses propos avaient suscité de vives réactions des ONG dénonçant une remise en cause de la promesse de François Hollande de fermer la doyenne des centrales françaises d'ici à 2017. 

Interrogé par l'AFP, EDF s'est refusé à commenter ces différentes déclarations.


Si vous avez raté le début de la polémique...


A des journalistes qui l'interrogeaient mardi à la mi-journée sur les conséquences pour Fessenheim du report de l'ouverture de l'EPR de Flamanville, Ségolène Royal a expliqué que la loi avait prévu un plafonnement de la production d'énergie nucléaire. "Ce qui veut dire que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc, Flamanville va ouvrir d'ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer", a-t-elle admis.

En fin d'après-midi, une source gouvernementale interrogée par l'AFP a toutefois tenu à souligner que la fermeture de Fessenheim "d'ici à la fin" du quinquennat "reste l'objectif". Ségolène Royal "n'a pas parlé de 2018 pour la fermeture de Fessenheim", a encore affirmé cette source. Et peu auparavant, sur Twitter, Mme Royal assurait pour sa part que "la fermeture de Fessenheim n'est pas reportée, elle doit être organisée dans le cadre de la nouvelle loi. Il n'y a aucun sujet de polémique".



Mais celle-ci était déjà lancée. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, a vu dans les propos de Mme Royal "une remise en cause de l'engagement de François Hollande de fermer Fessenheim avant fin 2016". Lier la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de l'EPR, "vu le caractère improbable de la date de 2018 pour l'ouverture de Flamanville, c'est clairement renoncer à la transition énergétique en France", a martelé le directeur de Greenpeace. Les réactions n'ont pas tardé à se multiplier tout au long de la journée.
Pour André Hatz, porte-parole de l'association Stop Fessenheim, la ministre joue "la politique de l'autruche: ce qu'elle attend, c'est de refiler le bébé à ceux qui vont lui succéder".

L'interview de André Hatz, porte-parole de l'association "Stop Fessenheim"


Mise en service en 1977 avec deux réacteurs de 900 mégawatts chacun, Fessenheim est la doyenne des centrales nucléaires françaises. La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, s'est pour sa part "étonnée d'une annonce qui paraît aussi ferme qu'hasardeuse". "Il faudrait arrêter de lier Fessenheim à Flamanville", a ajouté la responsable des écologistes. "Lier ces deux événements, vu le caractère improbable de la date de 2018 pour l'ouverture de Flamanville, c'est clairement renoncer à la transition énergétique en France", a martelé le directeur de Greenpeace, Jean-François Julliard. "Qu'on ne cherche pas de fausses excuses, il est possible de fermer Fessenheim dès maintenant, un décret suffit", a renchéri Jean-Marie Brom, du réseau Sortir du nucléaire.

"Il faut fermer Fessenheim, quoi qu'il en soit. On est en train de conditionner la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de l'EPR mais ce n'est même pas dans la loi!" s'est-il emporté. "Nous regrettons amèrement la légèreté de Ségolène Royal dans ce dossier", a commenté de son côté André Hatz, porte-parole de l'association Stop Fessenheim. "Il faut fermer Fessenheim avant et pas l'inverse", a-t-il estimé, en accusant la ministre de jouer "la politique de l'autruche: ce qu'elle attend, c'est de refiler le bébé à ceux qui vont lui succéder".

Le président du conseil départemental du Haut-Rhin Éric Straumann (Les Républicains) s'est, lui aussi, étonné des propos de la ministre, mais pour des raisons différentes. "Le choix quant au réacteur à fermer relève de la décision de l'opérateur et non de l'État", a-t-il souligné dans un communiqué.
"Nous savions tous que l'échéance de 2017 n'était ni juridiquement ni techniquement tenable", a-t-il ajouté, estimant que la fermeture de la centrale devait "plutôt s'envisager à l'horizon d'une décennie".

Les réactions se multiplient 



 

 

La réaction d'Eric Straumann, président du Conseil départemental du Haut-Rhin

Eric Straumann est particulièrement étonné de la déclaration de Ségolène Royal qui a annoncé ce matin la fermeture de la centrale de Fessenheim en 2018. En effet, le choix quant au réacteur à fermer relève de la décision de l'opérateur et non de l'Etat. Nous savions tous que l'échéance de 2017 n'était ni juridiquement ni techniquement tenable. S'agit-il d'un couac après la déclaration récente du Président de la République ou d'une volonté délibérée de faire reporter sur la prochaine majorité la décision de la fermeture de cette centrale ?

Comme je l'avais déclaré à Breisach le 31 août, Fessenheim fermera mais pas en 2017 ni en 2018. L'arrêt de la centrale doit s'inscrire dans un projet raisonnable de reconversion du site permettant le maintien de l'emploi et la sécurité d'approvisionnement en électricité de notre région. Ainsi, celle-ci doit plutôt s'envisager à l'horizon d'une décennie.


Fessenheim : le renoncement, c’est maintenant ? la réaction d'EELV

La ministre de l’écologie Ségolène Royal a annoncé, mardi 8 septembre, le report de la fermeture de la centrale de Fessenheim à 2018, la liant à l’ouverture de l’EPR de Flamanville.

Les écologistes s’étonnent d’une telle affirmation et de la légèreté avec laquelle est envisagée le respect de la parole présidentielle. Il s’agirait d’un renoncement de la promesse faite par François Hollande durant la dernière campagne électorale de fermer la centrale de Fessenheim avant 2017, promesse pourtant maintes fois réitérée lors du quinquennat en cours.

EELV rappelle que la doyenne des centrales nucléaires, bâtie sur la plus grande nappe phréatique d’Europe, sur une zone sismique et inondable, et qui connaît des incidents à répétition, est un danger immédiat pour la santé et la sécurité des habitants. Ces séries d’incidents à répétitions doivent entraîner une prise de conscience lucide sur la dangerosité du nucléaire.

Par ailleurs, conditionner la fermeture de Fessenheim à l’ouverture sans cesse repoussée du fiasco industriel que représente l’EPR de Flamanville relève de la mauvaise plaisanterie. Il s’agit d’un tour de passe-passe qui masque mal le manque de volontarisme criant dans le virage écologique de la France pourtant initié avec la dernière loi de transition énergétique. Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux


Réaction de Jean Rottner, maire (LR) de Mulhouse

La nouvelle annonce par Ségolène Royal, Ministre de l'Ecologie, de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fin 2018 vient apporter un peu plus de cacophonie dans un dossier dont le pouvoir se sert régulièrement dans un objectif inavoué.

Promesse électorale du Président Hollande, mais impossible à réaliser dans les délais, ce marronnier socialiste permet probablement d'obscurs calculs politiciens au sein de la gauche. Il faut ainsi s'interroger sur l'opportunité de cette nouvelle prise de position au moment même où plusieurs leaders d'EELV se désolidarisent de cette formation et que les écologistes menacent de faire des listes séparées ou commune avec l'extrême gauche lors des prochaines élections régionales.

Certes la Conférence internationale sur le climat nécessite un engagement fort. Elle impose surtout un courage politique. Celui de faire des annonces, les yeux dans les yeux, avec les élus et les citoyens concernés. Celui d'être en capacité de dialoguer avec un territoire et de parler de son avenir. Le gouvernement de Manuel Valls est étranger à ces pratiques républicaines.

Je prends l'engagement d'être aux côtés des employés, du monde économique et des élus qui, dans le sud de l'Alsace ont trop de le sentiment d'être sacrifiés sur une durabilité mal anticipée.


Communiqué des trois associations antinucléaires alsaciennes: le CSFR, Stop Fessenheim et Stop Transports-Halte au Nucléaire

C'était une promesse du candidat François Hollande. C'était un engagement renouvelé à plusieurs reprises du président François Hollande. Et aujourd'hui on se cache derrière la loi sur la Transition Energétique pour conditionner la fermeture de la trop vieille centrale de Fessenheim au démarrage de l'EPR.

Mais cette loi ne fait que limiter la capacité totale de production nucléaire à 63,2 GW. Elle n'impose pas de rester à ce niveau. Et cette loi ne parle ni de l'EPR, ni de Fessenheim. La dernière sortie de Mme Royal éclaire une fois de plus la lamentable soumission des politiques à ce qu'il faut bien appeler le "lobby nucléaire", alors qu'un simple décret suffirait à imposer une date de fermeture définitive… Que faudra-t-il encore, pour que notre pays ne soit plus le dernier à croire encore à l'aventure nucléaire ? Autre chose que des faux-culs…

Réaction de Sandrine Bélier, tête de liste EELV aux régionales

« Le Gouvernement, en envisageant de reporter à 2018 la fermeture de la centrale de Fessenheim,  met non seulement en cause la crédibilité de la parole présidentielle, mais se prive également de donner un signal clair aux acteurs économiques des nouveaux secteurs de la transition énergétique, très créateurs d’emplois dans les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. On sait qu’un million d’euros investis dans le charbon ou le nucléaire génèrent 5 emplois au total. Le même million d’euros investis dans la transition génèrent 14 emplois dans les énergies renouvelables, ou 19 dans l’efficacité énergétique*. Faudra-t-il donc attendre 2018 pour voir s’inverser la courbe du chômage ?

Fessenheim: "regret et déception" de Berlin après le report de la fermeture (ministre)

La ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks, a fait part mardi de son "regret" et de sa "déception" après l'annonce du report à 2018 de la fermeture de la centrale de Fessenheim, doyenne des réacteurs nucléaires français. "Evidemment, je suis très déçue", a commenté Mme Hendricks dans un communiqué. "Je me suis adressée moi-même à plusieurs reprises à ma collègue française, pour plaider pour un arrêt le plus rapide possible de cette vieille centrale", a poursuivi la ministre sociale-démocrate, "je m'attendais à ce que le réacteur soit retiré du réseau en 2017, comme annoncé".

Pour plusieurs associations antinucléaires, pourquoi attendre 2016 ?

Le CSFR, Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin, les membres de Stop Transports Halte au Nucléaire, Stop Fessenheim, les Citoyens vigilants des environs de Fessenheim et l'association Alsace Nature regrettent que le Président de la République attende l'année prochaine pour prendre le décret entérinant la fermeture de la centrale. V
Voir leur communiqué :

"Chiche" : communiqué d'associations antinucléaires sur la fermeture de Fessenheim



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