L'enquête sur le vol de 52 kg de cocaïne en juillet, à la PJ parisienne, s'est accélérée avec la mise en examen de quatre personnes, des proches de l'ex-brigadier de la brigade des stupéfiants soupçonné d'avoir dérobé ces scellés. Parmi eux, sa femme et son frère, également policier, tous écroués.
Dans cette affaire qui avait ébranlé le célèbre "36, quai des Orfèvres", Jonathan G. avait été arrêté peu après que la disparition de la drogue fût constatée. Il avait été écroué le 6 août après avoir été mis en examen pour ce qui reste à ce jour un vol inédit dans les annales de la police.
Le 12 janvier, ce sont quatre de ses proches qui ont à leur tour été interpellés, a appris samedi l'AFP de source judiciaire.
Parmi eux, l'épouse de l'ex-brigadier, son frère qui est également policier et un autre policier, a précisé une source proche du dossier.
Selon cette même source, les deux policiers ne travaillent a priori pas au "36", le siège de la police judiciaire parisienne où avait été commis le vol. L'un d'eux est en poste dans un service de la préfecture de police de Paris, a-t-elle précisé.
Présentés aux juges d'instruction parisiens au terme de leur garde à vue, ils ont été mis en examen vendredi, notamment pour "blanchiment de trafic de stupéfiants en bande organisée" et "recel de détournement de biens par personne dépositaire de l'autorité publique", ou encore "destruction, soustraction, recel d'objets de nature à faciliter la découverte d'un délit ou la recherche de preuve", selon la source judiciaire.
A l'exception de l'épouse de l'ex-brigadier, tous ont été placés en détention provisoire par un magistrat spécialisé. La femme de l'ancien policier, qui est également poursuivie pour "subornation de témoin", a de son côté été écrouée en attendant que se tienne devant ce magistrat le débat sur son placement en détention provisoire.
Deux millions d'euros à la revente
Elle avait déjà été entendue en août, mais comme témoin, par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", afin d'éclaircir notamment le train de vie du couple et la provenance de près de 20.000 euros saisis lors de l'interpellation de son mari.
Une enquête financière avait révélé un "patrimoine immobilier" et des "mouvements de fonds" peu "en rapport avec un salaire de brigadier", selon des sources policières.
La précieuse poudre, d'une valeur estimée à deux millions d'euros à la revente, n'a toujours pas été retrouvée.
L'ex-brigadier interpellé à Perpignan
Jusqu'alors décrit comme un policier modèle par une majorité de ses collègues, Jonathan G., 33 ans, avait été interpellé à Perpignan où il se trouvait en vacances.
La cocaïne était entreposée Quai des Orfèvres, dans une salle des scellés où s'est rendu le brigadier "sous des prétextes futiles" avant le vol perpétré dans la nuit du 24 au 25 juillet. Cette nuit-là, une femme policier l'avait été vu sortir du "36" avec des sacs pleins à ras bord.
Alors que l'ex-brigadier interrogé par la "police des polices" refusait de s'expliquer sur les faits qui lui étaient reprochés, des sources policières avaient dit que les enquêteurs étaient convaincus d'avoir affaire à un homme qui avait "sans doute
partie liée avec le milieu".
Un collègue de Jonathan G. avait pour sa part été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
Ce vol spectaculaire était intervenu trois mois après une autre affaire qui a entaché l'image du 36, quai des Orfèvres. En avril, une touriste canadienne avait porté plainte affirmant avoir été violée dans les locaux du mythique siège de la PJ. Deux policiers de la brigade de recherche et d'intervention (BRI), "l'antigang", ont été mis en examen pour viol en réunion.