Vol de cocaïne : le suspect perpignanais reste muet

Trois mois après sa mise en examen, le policier originaire de Perpignan où il avait été arrêté, après le vol de 52 kg de cocaïne, au 36 Quai des Orfèvres à Paris, ne livre rien à la justice, se bornant à dire "je parlerai en temps utile".

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Jonathan G., 33 ans, ex-brigadier de police à la brigade des stupéfiants, est écroué depuis le 6 août après avoir été mis en examen pour ce qui reste à ce jour un vol inédit dans les annales de la police. Selon des sources policières, il n'a pas livré un "début d'aveu", il n'a pas non plus "nié", se bornant à répéter aux deux juges parisiens en charge du dossier qu'il s'exprimerait le moment venu. Et que des "têtes tomberont". Interrogé par l'AFP, l'avocat du brigadier, Me Michel Konitz, n'a pas souhaité faire de commentaires.

Les enquêteurs de la "police des polices", selon les sources policières, sont pourtant convaincus d'avoir affaire à un homme qui avait "sans doute partie liée avec le milieu". Ils recherchent d'ailleurs, a-t-on appris de sources policières et judiciaires, un indicateur de police patenté - un "tonton" dans le jargon policier - qui, malgré un mandat d'arrêt à son encontre, n'a pas été retrouvé.

Le "tonton", espèrent-ils, pourrait "être l'une des explications" de l'énigme qui persiste. Ils ont cependant bien avancé sur le profil du suspect, selon les sources, "pas aussi lisse qu'il paraissait" et sur son train de vie "pas en relation avec celui d'un simple flic".

C'était le 31 juillet. Médusés, les limiers des Stups voient débarquer dans leurs locaux du légendaire 36 Quai des Orfèvres, à Paris, une escouade de collègues des "boeufs-carottes", surnom de la "police des polices" qui fait mijoter les présumés ripoux. Perquisitions à tous les étages: 52 kg de cocaïne, estimés à deux millions d'euros à la revente, se sont volatilisés de la salle des scellés pourtant sécurisée et où l'on ne pénètre qu'avec un code parcimonieusement distribué à la brigade.

Arrêté à Perpignan en août 2014

C'est un choc dans cette unité d'élite. D'autant que, deux jours plus tard, au terme d'une enquête express, les "boeufs-carottes" mettent la main à Perpignan sur Jonathan G. décrit comme un policier modèle par tous ses collègues - entendus par la suite - "sauf une" qui se méfiait. A raison: ils découvrent plus tard qu'il était affublé de quelques surnoms laissant entendre qu'il "mettait les doigts dans le pot de confiture" et que cela "devait se savoir". Pas plus, pas de preuves.

Une enquête financière révèle un "patrimoine immobilier" et des "mouvements de fonds" peu "en rapport avec un salaire de brigadier", sur lesquels il a cependant tenu à s'expliquer, toujours selon les sources. Certains enquêteurs évoquent une personnalité proche de celle de l'ex-convoyeur de fonds Toni Musulin dont le vol rocambolesque de 11,6 millions d'euros dans son fourgon à Lyon, fin 2009, garde encore sa part de mystère.

Policiers et juges pensent que "le milieu est à la manoeuvre" dans ce vol, "de A à Z". "Voler autant de drogue sans être prudent, comme l'a fait Jonathan G., c'est une commande", avancent les sources. A ce stade aucune complicité policière "directe" n'a été établie. Un collègue de Jonathan G. a bien été arrêté mais il n'a que le statut de témoin assisté. Reste que le brigadier a été trouvé en possession du code d'accès à la salle des cellés.

La "police des polices" a pointé en septembre, dans un rapport administratif, une "défaillance individuelle". Ce qui ne préjuge "en rien", selon les sources, de ce que peut "encore révéler l'enquête". Et la drogue n'a toujours pas été retrouvée.
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