Une bonne centaine de personnes manifestait dimanche midi à Palavas-les-Flots contre le port du burkini. Le cortège, mené par un conseiller municipal Front National, a défilé sur la plage aux cris de "on est chez nous", au beau milieu d'estivants parfois éberlués, voire agacés.
L'appel circulait sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours, lancé par de jeunes habitants de la station balnéaire.
Il a été entendu par 100 à 150 personnes qui ont défilé contre le port du burkini, entre midi et 13 heures, sur la plage de l'hôtel de ville de Palavas, au milieu des estivants.
En tête de cortège, Stéphane Vincent, conseiller municipal d'opposition Front National et d'autres membres du parti de Marine Lepen, comme les FN jeunesse, qui affirment être le premier mouvement jeune de France.
La manifestation s'est déroulée dans le calme, quelques échanges parfois tendus ont eu lieu avec certains vacanciers qui n'ont pas apprécié la démarche.
Le maire de Palavas-les-Flots a fait savoir qu'il ne prendrait pas d'arrêté anti-burkini, estimant que c'est à l'Etat de prendre ce genre de décision.
Le reportage à Palavas-les-Flots de Delphine Aldebert et François Jobard :
Petite histoire du « burkini », des origines aux polémiques
Les décodeurs du monde ont consacré un article au " burkini » qui est au cœur de plusieurs controverses estivales en France.Une tenue inventée en Australie
La création de cette tenue est couramment attribuée à Aheda Zanetti, une Australienne d’origine libanaise.
Cette dernière raconte en avoir eu l’idée en 2004 à Sydney, en regardant sa nièce jouer au netball (une variante à sept du basket).
Selon elle, la jeune fille peinait avec son long hijab (un voile simple sur le haut du corps) et son survêtement. « J’ai fait des recherches et je n’ai pas trouvé de tenues convenables pour les femmes sportives et pudiques », raconte-t-elle au Monde.
L’Australienne imagine alors le « hijood », contraction de « hijab » et « hood » (« capuche », en anglais), un survêtement adapté à la « pudeur » religieuse.
L’idée du burkini, destiné à celles qui jusqu’ici se baignaient voilées, lui vient ensuite dans la foulée, dans un pays où les sports aquatiques sont omniprésents.
Une marque déposée
Aheda Zanetti crée alors sa société, Ahiida, et dépose les designs de ses produits en 2004 et commence à les commercialiser.
A partir de 2006, elle dépose également les marques « BURKINI » et « BURQINI » en Australie et dans plusieurs autres pays.
La plupart des dépôts de marques sur les noms « burkini » et « burqini » dont nous avons retrouvé trace concernent Ahiida Pty Ltd.
Si la créatrice affirme avoir eu en tête le bien-être des femmes qui portent le voile au moment où elle s’est lancée, le burkini est aussi un bon coup commercial.
La demande a vite suivi, affirme l’entrepreneuse, et « plus de 500 000 tenues de bain » ont été écoulées en une douzaine d’années, selon elle.
En 2016, ses ventes auraient augmenté de 40 %.
Signe que ce marché suscite des convoitises, de nombreuses marques ont emboîté le pas à Ahiida, y compris de grandes enseignes non spécialisées dans la mode islamique, comme Marks & Spencer.
Au niveau mondial, les consommateurs musulmans ont dépensé 266 milliards de dollars (236 milliards d’euros) en « vêtements et chaussures » en 2013, selon une étude de Thomson Reuters.
Aheda Zanetti ne se limite par ailleurs pas aux vêtements destinés à la communauté musulmane. Sa société propose aussi des modèles comparables au burkini, mais qui ne couvrent pas les cheveux, pour les femmes qui voudraient simplement se protéger du soleil.