Le photographe Aris Messinis a remporté le Visa d'or "News" du festival de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan. Correspondant de l'AFP à Athènes, il a témoigné de l'arrivée massive de migrants dans son pays, sur l'île de Lesbos. Le Visa d'or "Magazine" a été attribué à Peter Bauza.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le photographe de l'AFP Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté samedi le Visa d'or "News" du festival international de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan, pour son travail sur l'arrivée massive de migrants sur l'île de Lesbos (Grèce) en 2015.

Lutte pour une vie meilleure

"J'ai documenté leur lutte pour une vie meilleure", a déclaré Aris Messinis en recevant le prix samedi soir à Perpignan, lors de la soirée de clôture de la semaine professionnelle du festival. L'Agence France-Presse remporte donc pour la seconde année consécutive la plus prestigieuse récompense du festival, rendez-vous majeur du photojournalisme. L'an dernier, Bulent Kiliç, de nationalité turque, responsable de la couverture photo du bureau de l'AFP en Turquie, avait reçu le même prix pour ses images sur le passage de réfugiés à la frontière turco-syrienne en juin 2014.

"Notre photographe Aris Messinis a réalisé un travail remarquable sur les migrants avec cette série forte, émouvante et dérangeante", s'est félicité le PDG de l'Agence, Emmanuel Hoog, dans un communiqué.
 

"Notre photographe Aris Messinis a réalisé un travail remarquable sur les migrants avec cette série forte, émouvante et dérangeante" Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP.

"Ce Visa d'or vient aussi récompenser l'ensemble des équipes de l'AFP qui rendent compte partout en Europe et Moyen-Orient de la crise des migrants", a-t-il ajouté. Ses photos, bouleversantes et prises au plus près de l'action - montrant des gilets de sauvetage et des débris de bateaux au pied d'une malaise, des hommes criant leur joie d'être arrivés, des opérations de sauvetage - ont fait le tour du monde.

Photographe de guerre

Responsable de la photo au bureau de l'AFP à Athènes, Aris Messinis, âgé de 39 ans et fils d'un photoreporter, travaille pour l'Agence depuis 2003. Le conflit libyen, et notamment la bataille de Syrte, a été en 2011 son première théâtre de guerre. Il s'est fait très vite remarquer par son talent et son courage.

Pour cette couverture, il a reçu en 2012 le trophée photo du prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Il couvre ensuite la guerre en Syrie et, toujours, l'actualité grecque. Puis, à l'été 2015, Lesbos devient l'épicentre de la crise des migrants. Des milliers de réfugiés de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan embarquent depuis les côtes turques sur des canots pneumatiques pour tenter de rejoindre l'île, porte d'entrée de l'Europe.

Scènes de guerre en Grèce

"Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c'est de me dire qu'on n'est pas en zone de guerre. Qu'on travaille en zone de paix. Mais les émotions qui passent par mon objectif sont dignes d'une scène de guerre", a-t-il écrit dans un article publié par le blog de l'AFP "Making of". "C'est dur aussi d'avoir à traduire les difficultés des gens, leur souffrance, alors qu'on ne court soi-même aucun danger. Quand on couvre une guerre, on est menacé aussi, alors on est d'une certaine façon davantage sur un pied d'égalité avec les gens qu'on photographie", a-t-il ajouté dans le même article.

"Mais ici, on ne risque rien. C'est pourquoi, souvent, je lâche le boîtier et j'aide. C'est un besoin", a-t-il souligné. 

De nombreux prix ont été remis lors du festival, qui se poursuit pour le grand public jusqu'au 11 septembre, dont le Visa d'or "Magazine" à Peter Bauza pour son reportage sur un complexe immobilier de Rio surnommé Copacabana Palace, dont certains bâtiment inachevés sont occupés par des sans-abris.

Rencontre avec Peter Bauza

Reportage : J. Escafre / F. Jobard / A. Vaillant

"Aris a une sensibilité à fleur de peau. On la ressent tout de suite dans ses photos"
Il avait déjà rendu compte des conflits en Libye et en Syrie. Mais avec la crise des migrants, le photographe grec Aris Messinis, qui a reçu samedi le Visa d'Or dans la catégorie "news' du festival international de photojournalisme Visa pour l'image de Perpignan, a couvert pour l'AFP des scènes de guerre dans son propre pays et contribué à mettre des visages sur ce drame.

Ce professionnel de 39 ans, père de trois filles, n'a pas hésité à passer du statut de témoin à celui d'acteur. Il a délaissé momentanément son boîtier, pour aider une mère et son enfant à sortir de l'eau, porter un bébé ou même transporter à la morgue le corps d'un enfant échoué sur la plage. Pendant des mois en 2015, Aris Messinis s'est rendu sur l'île de Lesbos, porte de l'Europe face aux côtes turques, devenue l'épicentre de la plus grave crise
de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale. Ses images ont fait le tour du monde.

"Je n'avais jamais pensé couvrir cela dans mon propre pays", souffle-t-il. "Ce sont des moments forts, d'un point de vue émotionnel. Je ne peux pas les décrire avec des mots, tu ressens tellement de choses en même temps", poursuit-il. "J'ai essayé d'être aussi proche que possible d'eux, pour ressentir leurs souffrances".

Jusqu'à cesser de photographier pour les aider. "C'est un réflexe humain normal. Nous essayons de garder une distance, d'être objectifs. Mais quelques fois, c'est bien de donner la main à quelqu'un qui en a besoin. C'est une décision personnelle", souligne Aris Messinis. Ce supplément d'âme, cette humanité transparaissent dans ses photos, exposées au festival international de photojournaliste de Perpignan, Visa pour l'Image. Elles donnent un visage, souvent bouleversant, à la catastrophe humanitaire qui s'est jouée sur cette petite île grecque.

Avec Aris Messinis, les migrants, les réfugiés ne sont pas que des chiffres. Leur regard nous interpelle, on partage la joie de ceux qui sont arrivés au bout du voyage, on entend les cris de terreur de ceux que la mort a frôlés. 

Fils de photoreporter, le responsable photo du bureau AFP à Athènes, visage émacié, regard noir, look de baroudeur, travaille pour l'Agence depuis 2003. Le conflit libyen a été en 2011 son première théâtre de guerre. Il photographie la bataille de Syrte opposant les derniers carrés des partisans de Kadhafi aux forces du Conseil national de transition, quelques jours avant la mort du dictateur

Après la Libye, c'est la guerre en Syrie et toujours l'actualité grecque qui fait elle aussi la Une, avec les manifestations violentes contre l'austérité, la crise
politique. Puis à l'été 2015, quand naît sa troisième fille, le début de la crise des migrants. "On avait l'impression qu'il ne s'arrêtait jamais, il travaillait jour et nuit", témoigne Odile Duperry, directrice du bureau de l'AFP à Athènes. Il est "extrêmement
courageux"
, il a "ses opinions et les affirme avec force, il est très entier". Et dans le même temps, il "aide les gens, les réfugiés, il a un grand coeur", poursuit-elle.

"Aris a une sensibilité à fleur de peau. On la ressent tout de suite dans ses photos", abonde Stéphane Arnaud, rédacteur en chef photo de l'AFP.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information