Des échauffourées ont lieu sur la zone humide du Testet dans le Tarn. Les opposants à la construction du barrage de Sivens entendent bien empêcher les premiers déboisements. Les forces de l'ordre sont sur place.
Alors que le déboisement de la zone humide du Testet doivent débuter aujourd'hui, des échauffourées ont lieu entre opposants et forces de l'ordre selon nos journalistes sur place. 200 opposants qui ont érigé des barrages et entendent occuper les lieux pour empêcher les travaux. Environ 130 gendarmes et des bûcherons sont sur place pour débuter le chantier.
Nos équipes ont constaté des tirs de gaz lacrymogène pour déloger les opposants alors que des hélicoptères tournaient au-dessus du site. La situation est visiblement très tendue. il y aurait des blessés légers et un homme aurait été interpellé. Les contestataires en appellent au ministre de l'Environnement, Ségolène Royal.
blessé.
"Les CRS ont chargé, des gaz lacrymogènes sont utilisés, il y a des blessés légers. Des tronçonneuses abattent une cabane et les premiers arbres", a déclaré le porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, Ben Lefetey, qui a entrepris une grève de la faim il y a cinq jours.
Les opposants ont reçu le renfort d'agriculteurs dont les tracteurs ont tenté d'entraver l'approche des bûcherons du conseil général, tandis que les forces de l'ordre ont mis en place un groupe chargé notamment de "déloger les personnes dans les arbres", selon le responsable de la gendarmerie.
Manifestation à Albi
En parallèle de la résistance sur le terrain, le collectif a rassemblé une cinquantaine de manifestants en début d'après-midi devant le conseil général du Tarn, à Albi, pour demander "un moratoire et un vrai débat". "Nous vivons un vrai coup de force, les violences sur le terrain sont de la responsabilité du président du conseil général" Thierry Carcenac (PS), a affirmé Guillaume Cros, élu régional ELLV et porte-parole des Verts de Midi-Pyrénées, dénonçant le "non-courage politique" du président du département. "Il faut qu'il attende, il n'y a aucune urgence", a répété M. Cros, après avoir été reçu au cabinet de M. Carcenac.Les opposants comptent également demander à la ministre de l'Écologie Ségolène Royal d'intervenir pour arrêter le déboisement qui donne le coup d'envoi aux travaux Les anti-barrage de Sivens attendent des décisions de justice, du ministère chargé de l'Ecologie et de la Commission européenne, car ils contestent l'utilité du projet et sonnent l'alarme contre la destruction d'un réservoir de biodiversité de 13 hectares.
Suite d'une semaine mouvementée
Dimanche, quelque 200 personnes, dont des grévistes de la faim, accompagnées de nombreux enfants ont manifesté contre les travaux. Tant ces manifestants regroupés sous deux bannières, le Collectif du Testet et le Collectif Bouille, que la Confédération paysanne veulent un moratoire ou un report du début des travaux pour ce projet sur la rivière de Tescou. Ils ont aussi le soutien du député européen José Bové.Des tentes et même un chapiteau ont été installés avec la ferme intention d'empêcher le déboisement d'une trentaine d'hectares de la zone à partir de ce lundi, malgré des arrêtés de la préfecture interdisant jusqu'au 15 septembre l'accès au site.
Mardi dernier, des dizaines de manifestants avaient été bloqués par 80 gendarmes durant les travaux de terrassement d'un champ voisin.
Les pouvoirs publics déterminés eux aussi
Le barrage sera érigé aux pieds de la forêt de Sivens, lieu de randonnées prisé dans cette zone humide qui abrite 94 espèces protégées. Doté d'un réservoir d'eau de 1,5 million de m3 pour une superficie de 42 hectares, pour un coût estimé à 8,4 millions d'euros, le barrage imposera la destruction de 13 hectares de zone jusqu'alors protégée. La préfecture du Tarn insiste sur le caractère selon elle exemplaire du projet en terme environnemental car 19,5 hectares de zones humides favorables aux espèces protégées recensées seront reconstituées."Il n'y a aucune ambiguïté pour moi, des décisions ont été rendues, le dossier à fait l'objet de toutes les procédures nécessaires, tout le monde a pu s'exprimer, il n'y a pas de recours qui suspende le démarrage du chantier", a déclaré lundi le nouveau préfet du Tarn Thierry Gentilhomme. "Le chantier doit démarrer, nous ne pouvons pas admettre de tels comportements de violences sur place", a-t-il dit.
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