Barrage de Sivens : les discussions reprendront sur la base des 2 propositions des experts.

"La réalisation du projet initial n'est plus d'actualité", a tranché Mme Royal, enterrant ainsi définitivement un projet qui suscite la controverse depuis des années. Dans ce rapport, les experts jugent que "le projet initial de barrage à Sivens (...) n'apparaît pas comme une solution adaptée".

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Les experts proposent en effet deux solutions. La première envisage un réservoir réduit de moitié environ, soit 750.000 m3, "sur le site de Sivens,
de préférence situé 330 m en amont du projet initial, épargnant plus de la moitié de la zone humide impactée par le projet initial".
Cette zone humide, dite du Testet, a été détruite dès septembre par l'avancement du chantier. Elle abritait de multiples espèces sauvegardées.
Le deuxième scénario est un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires, une à Sivens et deux autres non loin.
Le conseil général du Tarn débattra de ces solutions fin janvier, indique Mme Royal.
Mais d'ores et déjà, le président de l'assemblée départementale, le socialiste Thierry Carcenac, montre clairement sa préférence pour le premier scénario. "La retenue d'eau sur le site de Sivens, décalée et sous dimensionnée, reste la moins coûteuse et la plus efficace (...) Son déplacement à quelques mètres de l'emplacement initial démontre également une volonté d'apaisement", estime le cabinet du président dans un communiqué.

Les zadistes contre un 'Sivens light' 
Un Sivens allégé pourrait arracher l'approbation de la FDSEA du Tarn, le syndicat agricole majoritaire, qui estime nécessaire le barrage pour irriguer les terres agricoles alentour. "Un projet de barrage à 1 million de m3, à Sivens, pourrait réduire les coûts sans souci de nouveau délai", juge Philippe Jougla, le président de la FDSEA du Tarn, sans vouloir descendre aussi bas que les 750.000 m3 proposés par les experts.
Les Chambres d'agriculture du Tarn et du Tarn-et-Garonne, grands porteurs du projet initial, ont elles fixé le "minimum" à 1,1 million de m3. Se disant "consternées" par l'abandon du projet initial, elles exigent dans un communiqué commun la "révision" des propositions.
Un "Sivens light" est cependant combattu bec et ongles par les anti-barrage, ainsi que par les occupants de la Zone à défendre (ZAD) qui sont encore une grosse cinquantaine à occuper le site.
"Nous sommes satisfaits que le projet initial soit abandonné", a déclaré Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet.
La mort du projet permet, de plus, de mettre fin à la procédure d'infraction lancée contre la France par l'Union européenne pour "détérioration de l'état écologique de la masse d'eau".
Mais les adversaires du barrage estiment que les besoins en irrigation peuvent être satisfaits en utilisant les retenues collinaires existantes, des ouvrages
de stockage d'eau construits par les agriculteurs eux-mêmes et remplis par les eaux de ruissellement ou de pompage.
"Nous demandons de nouvelles études et nous estimons qu'il sera démontré qu'aucun ouvrage ne sera nécessaire", estime M. Lefetey.
S'il est prouvé que les besoins en eau ne peuvent pas être satisfaits par les retenues déjà construites, "alors, il faudra discuter d'un possible ouvrage". Mais il ne peut pas se faire à Sivens et "il faudra que ce soit le moins impactant pour l'environnement. Sinon, nous nous réservons le droit d'utiliser
des recours en justice", a-t-il souligné.

Reportage Amélie Poisson Frédéric Desse


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