Plus de 10.000 femmes enceintes auraient pris de la Dépakine, un antiépileptique accusé notamment de provoquer des malformations chez le foetus,
entre 2007 et 2014. En Midi-Pyrénées, au moins 24 familles se sont manifestées auprès de l'Apesac, une association qui les regroupe.
Le Canard Enchaîné dans son édition de mercredi précise que ce chiffre figure dans une étude "alarmante" menée conjointement par l'agence du médicament ANSM et la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS).
L'association Apesac (Association d’Aide aux Parents d'Enfants souffrant du Syndrome de l'Anti-Convulsivant) propose sur son site aux personnes qui ont absorbé de la dipakine de se faire connaitre. Pour l'instant, en Midi-Pyrénées, 24 femmes se sont signalées dont 10 dans la Haute-Garonne.
Le valproate de sodium
Présent dans plusieurs spécialités pharmaceutiques dont la Dépakine, le valproate de sodium est sur la sellette depuis plusieurs années à cause de son
risque élevé de malformations - de l'ordre de 10% - mais également d'un risque plus élevé de retards intellectuels et/ou de la marche ainsi que de cas d'autisme,qui peuvent atteindre jusqu'à 40% des enfants exposés.
Utilisée pour traiter l'épilepsie, la Dépakine est commercialisée en France par Sanofi depuis 1967, puis sous forme générique par d'autres laboratoires.
Mais le valproate est également prescrit dans les troubles bipolaires, sous d'autres appellations (Dépakote, Dépamide).
Une étude connue dès la mi-juillet
Selon le Canard Enchainé, la première partie de l'étude aurait été communiquée au ministère de la Santé dès la mi-juillet
Le ministère de la Santé qui précise que "le premier volet" de l'étude sera présenté à l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) le 24 août prochain.
L'institution ajoute que l'étude et "le plan d'action qui sera établi sur cette base" seront pour leur part rendus publics début septembre.
L'Apesac avait alerté
L'Apesac avait donné l'alerte dès 2014, accusant Sanofi et les autorités sanitaires d'avoir tardé à agir alors que les risques du valproate de sodium sont connus depuis longtemps. Elle évalue à près de 30.000 le nombre des victimes du médicament depuis 1967.
En février dernier, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) avait pour sa part évalué à 450 le nombre d'enfants nés avec des malformations congénitales entre 2006 et 2014 après avoir été exposés in utero au valproate.
En 2014, avant la mise en place de nouvelles restrictions d'utilisation, 93.000 femmes en âge de procréer prenaient ce médicament en France dont 37.000 pour épilepsie et 56.000 pour des troubles bipolaires.
Une filière devrait être créée
Suite au rapport de l'Igas, la ministre de la santé Marisol Touraine a annoncé la création d'une filière pour prendre en charge les enfants victimes. Elle a également reçu la présidente de l'Apesac pour faire avancer le dossier des indemnisations.