L'agence Crédit Agricole de Bessières (Haute-Garonne) a été dévalisée pendant sa fermeture du week-end par un tunnel creusé à partir des égouts de la ville, a-t-on appris de source judiciaire. Le butin emporté dans les 110 coffres qui ont été ouverts n'est pas encore évalué
Les faits se sont produits entre la fermeture de l'agence bancaire de Bessières samedi et sa réouverture mardi matin. Profitant du week-end, des malfaiteurs sont parvenus à pénétrer dans la salle des coffres de la banque, par un tunnel qu'ils avaient préalablement creusé depuis les égouts de la ville. A la manière du malfaiteur Albert Spaggiarri, qui avait opéré de la même façon pour son "casse du siècle" à la Société Générale de Nice en juillet 1976."Le tunnel a été creusé sur 10 mètres de long", a précisé Michel Valet, le Procureur de la République de Toulouse. "Il était parfaitement consolidé et a demandé savoir-faire, outillage, et beaucoup de temps".
L'alerte n'a été donnée que mardi en fin de matinée, à la réouverture de l'agence de cette petite ville de 3000 habitants. Dans la banque, 110 des 160 coffres ont été percés. Une enquête a été ouverte et confiée à la brigade et à la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse où pas moins de 60 enquêteurs ont été mobilisés sur l'affaire.
Les systèmes d'alarme de la banque ont-ils fonctionné ? Coïncidence troublante, dans la nuit de samedi à dimanche, le central téléphonique de Bessières, ainsi que celui de Villemur-sur-Tarn avaient été victimes d'un attentat. Les deux centraux téléphoniques avaient été détruits par des incendies volontaires presque simultanément, privant de communications des milliers d'abonnés du réseau de téléphonie fixe et Internet, Le ou les incendiaires avaient fait exploser le central de Villemur-sur-Tarn tandis que celui de Bessières était détruit par le feu. Sur place, des inscriptions au nom du Crav (Comité d'action viticole) avaient été retrouvés, laissant les enquêteurs dubitatifs.
"La question d'un lien possible entre l'attentat contre les centraux téléphoniques et le cambriolage de la banque est assez légitime", s'est contenté d'indiquer Michel Valet.
L'absence de réseau téléphonique n'a certes pu qu'aider les malfaiteurs. Mais, selon nos informations, l'agence bancaire était toutefois télésurveillée par une filiale spécialisée du Crédit Agricole, c'est-à-dire par un réseau informatique privé, et pas par le téléphone public. L'incendie du relais téléphonique n'aurait donc pas pu servir à empêcher les alarmes de la banque de fonctionner. C'est un des points que l'enquête devra éclaircir.
EN VIDEO / les images des gendarmes présents sur les lieux mardi après-midi
Depuis mardi, des spécialistes en spéléogie de la gendarmerie ont été chargés d'explorer la galerie creusée par les cambrioleurs ainsi que les égouts voisins, tandis que des techniciens d'identification criminelle prélèvent le moindre indice. Dans la galerie, étayée d'une façon très professionnelle par les malfaiteurs, les gendarmes ont notamment retrouvé des bouteilles d'oxygène, ayant probablement servi à faciliter la respiration de ce véritable "gang des égoutiers". Le montant du butin emporté n'a pas été révélé. Selon le parquet, il est nécessaire de connaître précisément le contenu de chacun des coffres qui ont été vidés avant de pouvoir évaluer le préjudice.
En 1976, à Nice, l'équipe de Spaggiarri avait raflé un butin évalué à 50 millions de francs, équivalant à 31 millions d'euros actuellement. A priori, les coffres de l'agence bancaire de Bessières n'étaient pas autant fournis...