Malgré la tentative de conciliation du ministre Patrick Kanner lundi matin à Saint-Gaudens (31), le maire Jean-Yves Duclos maintient sa décision de rompre le contrat de ville avec l'Etat en signe de protestation contre l'ouverture prochaine d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
La tentative de conciliation lundi matin à l'Hôtel de Ville de Saint-Gaudens entre Patrick Kanner, le ministre de la Ville, et Jean-Yves Duclos, le maire Divers Gauche de la commune, dans le dossier de l'ouverture prochaine d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) de 38 places dans la sous-préfecture du Comminges a tourné court.Le maire de Saint-Gaudens, qui affirme avoir appris par hasard la prochaine ouverture d'un CADA sur sa commune, refuse d'être mis devant le fait accompli. En signe de protestation il maintient sa décision de rompre le contrat de Ville entre Saint-Gaudens et l'Etat. Selon Patrick Kanner, la mairie avait été informée dès juin par l'Intérieur de la création d'un centre destiné à 38 personnes, des familles "en grande difficulté" et en attente de "la fraternité française", selon lui. Le local choisi est un bâtiment légué à l'association Adoma par l'intermédiaire de la Fondation Saint-Vincent de Paul.
Le ministre de la Ville s'est désolé sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées de la décision du maire de Saint-Gaudens. Patrick Kanner estime que ce dernier devrait faire preuve de plus de solidarité et assure qu'il "prend en otage les habitants de Saint-Gaudens".
La rupture du contrat de Ville entre Saint-Gaudens et l'Etat devrait notamment se traduire par un manque à gagner de 58.000 euros de subventions pour la commune.
L'installation d'un CADA est "une décision d'État", a rappelé le ministre de la Ville, soulignant que ce centre "se fera" et ne représentera "aucune charge" pour la ville car ce sont l'État et la région Occitanie qui financeront.
"Trente-huit places pour une ville de 12.000 habitants et dans une agglomération de 21.000 habitants, c'est tout à fait possible. Je regrette cette fermeture à ce projet de solidarité nationale et internationale",
a ajouté Patrick Kanner.
"Vraiment, on est sur de la posture. Je le regrette parce que M. le maire, en suspendant le contrat de Ville, va priver ses concitoyens d'un tas d'apports de l'État",
a conclu le ministre.
"J'ai rappelé qu'une erreur grossière avait été commise par l'État d'implanter un projet dans un quartier prioritaire de la ville sans aucune concertation",
a répondu Jean-Yves Duclos, assurant "ne pas se laisser impressionner" par "des arguments de subventions et autres" et réclamant une décision "consensuelle".
Voir ici le reportage à Saint-Gaudens de Stéphanie Bousquet et Frédéric Desse :
En vidéo, le reportage de Juliette Meurin :
Pour le président du conseil départemental de la haute-Garonne, la suspension du contrat de Ville de Saint-Gaudens est "une décision infondée et inacceptable"
Le président du conseil départemental de la Haute-Garonne Georges Méric, qui participait à la tentative de conciliation entre le ministre de la Ville et le maire de Saint-Gaudens regrette dans un communiqué "que nous n'ayons pas été entendus et que le maire persiste à prendre en otage les habitants de Saint-Gaudens, et ce pour des raisons politiciennes infondées et inacceptables"."Infondées car l'implantation d'un centre d'hébergements pour les demandeurs d'asile n'est pas liée au dispositif du contrat de ville qui permet de soutenir les associations, rénover le logement ou améliorer l'accès à l'emploi", explique Georges Méric.
"Inacceptables car dans notre République, chacun doit prendre la mesure de la responsabilité collective qui est la nôtre afin d'accueillir les réfugiés et les demandeurs d'asile. Il en va de nos valeurs et de notre éthique républicaine. Le projet de création de 38 places d'hébergement à Saint-Gaudens doit pouvoir être poursuivi" ajoute-t-il.
"Persister à vouloir suspendre le contrat de ville, c'est amputer la commune de Saint-Gaudens de moyens supplémentaires d'action au bénéfice des habitants. Tout cela avec des relents nauséabonds de démagogie et de populisme qui ne sont pas dignes des valeurs de la République que nous devons tous défendre", conclut le président de l'assemblée départementale.