Enquête et polémique après le dérapage de Jean-Marc Rouillan, l'ex d'Action directe jugeant "courageux" les jihadistes de novembre

Pour le Gersois, ancien lycéen à Toulouse, fondateur d'Action directe, condamné pour assassinats et en liberté conditionnelle, les auteurs des attentats de Paris sont "très courageux".  Ces propos déclenchent une vive polémique et lui valent d'être visé par une enquête pour "apologie du terrorisme".

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Le parquet de Paris a ouvert lundi soir une enquête préliminaire après les propos tenus par Jean-Marc Rouillan, le gersois ancien lycéen toulousain dans les années 60 et actuellement interdit de séjour en Haute-garonne dans une interview au mensuel satirique marseillais Le Ravi de mars et à radio Grenouille.

"Moi, je les ai trouvés très courageux, en fait. Ils se sont battus courageusement: ils se battent dans les rues de Paris (alors qu'ils) savent qu'il y a 2.000 ou 3.000 flics autour d'eux", y déclare l'ex-figure d'Action directe, organisation armée d'extrême gauche qui commettait dans les années 1980 assassinats et attentats.

"On peut dire (qu')on est absolument contre leurs idées réactionnaires, on peut dire plein de choses contre eux, dire +c'était idiot de faire ci, de faire ça+,
mais pas dire que c'est des gamins qui sont lâches", poursuit-il dans cet entretien, dont l'enregistrement intégral peut être écouté sur le site internet de ce mensuel diffusé dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Contacté, Jean-Marc Rouillan a dit assumer ces propos, tout en affirmant qu'il ne s'agissait "pas d'une valorisation du tout" des jihadistes, dont il dit ne pas partager l'idéologie.


Offense à la mémoire

Ces propos ont fait réagir lundi soir le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, interrogé durant son audition par la commission d'enquête parlementaire mise en place après les attentats qui ont tué 130 personnes et blessé des centaines d'autres le 13 novembre.

"Je n'ai aucune mansuétude à l'égard de ce type de propos (...). Ces propos sont une offense à la mémoire des victimes et une blessure supplémentaire pour des familles qui ont déjà beaucoup enduré", a dénoncé le ministre.

"Il appartient au ministère public de requérir la révocation de la libération conditionnelle de cet individu",


a-t-il ajouté.

Dans un courrier adressé lundi au procureur de la République François Molins, Me Samia Maktouf, avocate qui défend plusieurs familles de victimes des tueries de novembre, avait elle aussi dénoncé ces propos, et appelé à des poursuites pénales à l'encontre de l'ancien d'Action directe.

"La position de Jean-Marc Rouillan heurte la mémoire des victimes et de leurs familles (...) A l'heure où de jeunes Français continuent de tenter de partir pour la Syrie, de tels propos irresponsables peuvent avoir des conséquences graves, voire irrémédiables", a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Jean-Marc Rouillan, 63 ans, est le dernier membre du noyau dur d'Action directe à avoir recouvré la liberté, après 24 ans de prison, en mai 2012. Il avait été condamné en 1987 à perpétuité pour les assassinats de l'ingénieur général de l'armement René Audran et du PDG de Renault Georges Besse. Il avait pu bénéficier en 2007 d'un régime de semi-liberté, révoqué fin 2008 car il n'avait pas respecté son interdiction de s'exprimer publiquement au sujet des faits pour lesquels il avait été condamné, avant d'être à nouveau en semi-liberté en 2011.

L'enquête le concernant sur le délit d'"apologie du terrorisme" a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes de la PJ parisienne.
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