Le voyagiste français Fram a déposé jeudi son bilan dans le but de faciliter sa reprise par le seul intéressé à son rachat, Karavel-Promovacances, qui s'est dit prêt à reconduire 77% des effectifs.
Le dépôt de bilan a été annoncé aux salariés lors d'un Comité d'entreprise extraordinaire (CEE) convoqué dans la matinée à Toulouse, ville où le voyagiste a son siège social.
La première audience devant le tribunal de commerce est fixée à vendredi, a indiqué à l'AFP la direction de Fram, précisant qu'un administrateur judiciaire pourrait être nommé pour assister le groupe dans son projet de cession.
Peu après le CEE, le groupe français Karavel-Promovacances a "confirmé avoir déposé une offre de reprise", selon un communiqué du fonds d'investissement LBO France, qui détient 76% de Karavel.
LBO France propose de sauvegarder "77% des effectifs actuels", qui étaient de quelque 630 à la date du 25 octobre. Seraient ainsi repris un total de 356 CDI et 137 "contrats non permanents", a détaillé LBO à l'AFP.
Karavel-Promovacances, qui se revendique comme le numéro un français de la vente de séjours sur internet, souhaite au préalable passer par une procédure collective.
Le rachat aurait ainsi lieu "dans le cadre d'un plan de cession concerté et immédiat, dit +pré-pack+", a précisé LBO France. Cette procédure, une nouveauté dans le droit des entreprises, permet de préparer la cession d'une société en amont de son redressement, de façon à gagner du temps.
Le projet de reprise promet "un redressement économique pérenne de Fram".
Pour les clients de Fram, le dépôt de bilan devrait être sans conséquence.
Selon Jean-Pierre Mas, président du syndicat autonome des agences de voyages, ils sont protégés par l'organisme de garantie financière de la profession et "seront remboursés" en cas de problème.Depuis une semaine et après le retrait de l'offre de reprise du conglomérat chinois HNA, associé à un partenaire minoritaire français, le dépôt de bilan semblait inéluctable.
Une chute prévisible
La situation financière de Fram, toujours l'un des voyagistes les plus importants de France en nombre de clients (environ 300.000 par an), était intenable.A l'origine: le printemps arabe qui a entraîné une désaffection du Maghreb, où Fram était fortement implanté, l'essor des vols low-cost et la montée en puissance d'internet.
Mais il y a eu aussi le combat fratricide des deux actionnaires majoritaires -chacun près de 40% du capital-, Georges Colson et sa demi-soeur Marie-Christine Chaubet, conjugué à une valse de dirigeants.
Plus de 600.000 clients à son apogée
Avec ce dépôt de bilan, c'est la fin d'une saga familiale. Fram, acronyme de Fer Route Air Mer, est né après-guerre en 1949, créé par Philippe Polderman.Cette marque emblématique, qui a participé à la démocratisation des vacances au soleil, a commencé avec quatre salariés en achetant des autocars pour relier Toulouse à Barcelone.
Dès la fin des années 1950, Fram a affrété ses premiers avions. Le groupe a poursuivi son développement avec une série d'acquisitions d'hôtels au Maroc, en Tunisie, ou encore en Espagne, et le lancement en 1984 du label Framissima, sa populaire chaîne d'hôtels-clubs.
A son zénith, en 1999-2000, le groupe a dépassé les 600.000 clients.
En 2013 et 2014, miné par les pertes, Fram a cédé une partie de ses actifs, mais le groupe a reçu le coup de grâce cette année avec les deux attentats meurtriers en Tunisie, en mars et juin.
Karavel
Karavel, créé en 2000 par Christian Blanc, ancien patron d'Air France, est spécialisé dans la vente de séjours sur internet. Il a racheté en 2001 Promovacances, devenu sa marque phare, et exploite aujourd'hui une douzaine de marques, soit 700 salariés.Selon plusieurs sources, Karavel pourrait investir jusqu'à 50 millions d'euros pour racheter Fram et ainsi doubler en volume.