L'année 2015 vue par... DER, artiste graffeur toulousain

[Série de fin d'année 2/7] Toute cette semaine nous avons interrogé des Midi-Pyrénéens pour savoir ce qu'ils retenaient de l'année 2015. Aujourd'hui, DER, graffeur toulousain spécialisé, dans le "Wild-Style" (Style sauvage).

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DER, c’est son nom d’artiste. Eric son prénom. Tout sourire, c’est dans une maison tout en longueur que DER nous a reçus pour faire une retour sur les événements qui ont marqué son année. Sur sa terrasse Eric ne fait pas des barbecues. Il crée. "Je dois quelques fois attendre qu’il ne pleuve plus, mais je ne peux travailler que là, à cause des solvants des bombes."

Quand on lui demande l’actualité qui l’a marqué cette année 2015,  Der répond avec simplicité :

"Pour moi, c’est le 'Mister Freeze'.  (Du 26 septembre au 3 octobre a eu lieu la plus grande exposition de graffiti de France, dans un ancien bâtiment industriel réhabilité, dans la zone de Montaudran à Toulouse) 

Durant quelques jours des milliers de personnes se sont déplacées à la galerie 50cinq. J’ai adoré rencontrer autant de gens différents, qu’ils soient artistes ou curieux. Je suis très heureux d’avoir participé à cet événement éclectique, ravi d’avoir partagé mon savoir-faire.
Pour autant, je ne voudrais pas que ce genre d’événements se produisent plus d’une ou deux fois par an. Pour les curieux quand c’est beaucoup d’un coup, il y’ a trop de choix et ils ne savent pas quoi aimer ou ne pas aimer. Pour moi, l’art perd de son authenticité à ce moment là.

Les événements comme le Mister Freeze ou le Woops permettent, à nous artistes, d’avoir un retour positifs ou négatif sur notre travail et ça nous pousse à faire évoluer nos oeuvres."



Quand on lui demande si un événement particulier a influencé sa créativité :

" Comme tout le monde, les attentats de Paris m’ont beaucoup affecté. Mais si vous voulez savoir si cela m’a donné envie de créer un graff particulier en hommage aux victimes, je vous réponds que pour moi cela ressemble à de la récupération. Je me sens mal à l’aise.

Si je n’avais pas l’intention de créer une oeuvre avant, je ne vais pas la créer en fonction d’un événement, comme le drapeau vivant sur le pont Saint-Pierre... Je préfère rendre hommage aux victimes autrement que par mes oeuvres qui sont aussi mon gagne-pain. 

Quand je vois que la photo d’Aylan, l'enfant syrien retrouvé sur une plage turque fait le tour du monde, aussi parce qu’elle est détournée sur les réseaux sociaux, je trouve cette récupération malsaine.

Même si je comprends que d’autres personnes le fassent, moi,  j’aurai l’impression de faire ma promotion sur le dos des autres…
En général, c’est seulement le travail des couleurs de mes oeuvres qui montrent mon état d’esprit."

Quand on lui demande si Toulouse l’inspire :

"J’habite à Toulouse depuis que j’ai 5 ans. Et c’est dans cette ville que j’ai débuté en 1989 avec mon groupe la "Truskool". Le graff a décollé avec nous.  C’est une ville artistiquement très riche et qui évolue en permanence. Je m'inspire de tout ce que je vois, Le street-art se développent, moi je n'exerce plus beaucoup dans la rue."
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