Une enquête préliminaire a été ouverte concernant les agissements d'un ancien prêtre de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), aujourd'hui retourné à la vie laïque. Des accusations "d'emprise" sur un groupe de jeunes et surtout d'agressions sexuelles, contre cet ancien prêtre lyonnais.
Une enquête préliminaire a été ouverte au parquet de Montauban (Tarn-et-Garonne) sur les agissements d'un prêtre originaire du Tarn-et-Garonne, "exfiltré" du diocèse de Lyon en 2002 après une première affaire et contre qui des accusations "d'emprise" mais d'autres accusations d'agressions sexuelles sont portées notamment par un groupe de jeunes de la région Toulousaine, selon les révélations des journalistes lyonnais de WeReport publiées par Médiapart.
Revenu récemment à la vie laïque
Le diocèse de Lyon a affirmé à Médiapart que le prêtre qui était jusqu'à présent "en ministère extra-diocésain" mais toujours rattaché à Lyon, donc au Cardinal Barbarin, dans la tourmente actuellement des affaires de pédophilie dans l'Eglise, venait d'être rendu à l'état laïque. Il a donc quitté l'Eglise, mais plusieurs années après les premiers signalements.Emprise sur les jeunes à Lyon
Selon WeReport et Médiapart, ce prêtre originaire du Tarn-et-Garonne avait quitté le diocèse de Lyon en 1994 après des plaintes de familles portés à la connaissance du diocèse mais pas de la justice. Proches des jeunes, le prêtre avait une "emprise" sur certains d'entre-eux.Exfiltré à Castelsarrasin
Il est alors exfiltré dans son département d'origine, à Castelsarrasin, où il va officier jusqu'en 2002. Cette année-là, une victime dénonce à l'évêché de Montauban "l'emprise captative" du prêtre. L'évêque de Montauban de l'époque, Mgr Housset, lui retire tout ministère. Selon Médiapart, le diocèse de Lyon n'a pas informé en 1994 son homologue de Montauban des vraies raisons de son départ de Lyon.Interrogé par France 3 Midi-Pyrénées, le parquet de Montauban a confirmé qu'il avait été saisi de la plainte d'un père pour son fils, jeune majeur, concernant des qualifications "d'emprise" mais pas d'actes sexuels.
Agressions sexuelles sur des jeunes à Toulouse
Mais en 2005, le prêtre se rapproche de jeunes élèves de 3ème de l'agglomération toulousaine. Là, il n'est plus question d'emprise mais d'agressions sexuelles sur des jeunes mineurs : attouchements, masturbations, caresses.En revanche, le parquet de Toulouse dément ce vendredi soir auprès de France 3 Midi-Pyrénées, les informations de Médiapart indiquant qu'il n'y a pas actuellement d'enquête préliminaire ouverte à Toulouse.
Il assume
Les journalistes de WeReport ont retrouvé l'ex-prêtre dans sa maison familiale du Tarn-et-Garonne où il vit toujours. "Je n'ai jamais été un gourou, dit-il, J'ai un charisme, un tempérament, c'est indéniable. Mais pas un manipulateur". Il reconnaît aussi avoir caressé le sexe d'un de ses "disciples". Il dit assumer tout ce qu'il a fait.Selon Médiapart, plusieurs jeunes (qui avaient moins de 15 ans à l'époque des faits et ont aujourd'hui moins de la trentaine) concernés n'ont pas encore été entendus par la justice. L'un d'eux, même s'il refuse de porter plainte, veux "surtout éviter que le père D. fasse d'autres victimes".
"Un comportement psychologique inquiétant" selon le diocèse de Montauban
Interrogé par France 3 Midi-Pyrénées, le diocèse de Montauban nous a fait parvenir un communiqué que nous reproduisons ici :"D. est arrivé en 1994 en Tarn-et-Garonne. Il était venu auprès de son père malade, pour le soigner et rester auprès de lui et c’est à la suite de ce séjour un an après, qu’un ministère lui a été confié en accord avec l’archidiocèse de Lyon. Il semblait que des désaccords et des conflits en matière de pastorale, dans le cadre du ministère qui lui avait été confié à Lyon, avaient rendu toute collaboration difficile dans la paroisse Sainte-Elisabeth où il était.
A notre connaissance, il n’y a pas de plaintes qui aient été déposées au tribunal de Montauban contre cette personne. Mais manifestement, au regard des difficultés rencontrées, en matière de pastorale et vu son comportement psychologique inquiétant dans la paroisse de Castelsarrasin, Mgr Bernard Housset, alors évêque de Montauban, lui a demandé d’arrêter son ministère pour une année sabbatique en 2003. Puis, Mgr Housset a exigé l’arrêt définitif de tout ministère dans le diocèse de Montauban en 2004.
Enfin, il est utile de préciser que le diocèse n’a plus eu de lien avec D. à partir du moment où il n’exerçait plus de ministère, même s’il habitait le département.
Le diocèse de Montauban confirme sa volonté de systématiquement coopérer avec les autorités judiciaires. Il se met évidemment à la disposition de la justice si elle souhaite entendre ses responsables au sujet de cette personne. Mgr Ginoux ou son vicaire général sont disposés à recevoir toute personne qui aurait pu souffrir du comportement de ce prêtre.
Nous réitérons notre volonté de protéger toute victime et de prévenir tout type d’infraction au sein de l’Eglise" (communiqué du diocèse de Montauban)