Un an après sa libération, Florence Cassez sort un livre et veut "rattraper le temps perdu"

A son retour en France, le 23 janvier 2013, elle se disait "dans les nuages", incapable d'"atterrir". Un an après sa libération, Florence Cassez a repris pied dans sa nouvelle vie, et entend désormais "tourner la page", après une difficile adaptation.

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"J'ai atterri. Douloureusement, mais j'ai atterri", confie Florence Cassez, emprisonnée au Mexique pendant sept ans pour des enlèvements qu'elle a toujours niés, dans un entretien à l'AFP. "Je suis passée par toutes les étapes. Il y a eu l'euphorie de la sortie de prison, puis l'adaptation à la vie extérieure... J'ai l'impression d'avoir vécu dix ans en une année", ajoute l'ancienne détenue.

Dans un livre à paraître jeudi ("Rien n'emprisonne l'innocence", Ed. Michel Lafon), Florence Cassez, 39 ans, revient longuement sur son arrestation. Mais aussi sur sa sortie de prison et sa difficile reconstruction. "En sept ans, beaucoup de choses ont changé. Il a fallu que je réapprenne à vivre en étant une autre", explique-t-elle, confiant avoir "parfois eu peur" à l'idée de sortir dans la rue ou faire des courses.


En cause: l'intérêt médiatique que son histoire suscite. "Lorsqu'elle est rentrée, les médias l'ont prise d'assaut. Elle voulait leur consacrer du temps, car ils
l'avaient beaucoup aidée dans son combat
", raconte son frère, Sébastien Cassez. Autre source de mal-être: la suspicion persistante sur sa culpabilité. "C'est cela qui m'a poussée à écrire ce livre, je voulais prouver à ceux qui en doutent encore que je suis innocente", raconte-t-elle.

Mariée à un Franco-Mexicain

Florence Cassez avait été arrêtée le 8 décembre 2005 sur une route menant à Mexico en compagnie de son fiancé, Israel Vallarta. Dès le lendemain,
un montage télévisé organisé par la police faisait d'elle une dangereuse criminelle, "Florence la diabolique", aux yeux des Mexicains. "La détention, c'était dur. Mais ce lynchage médiatique, c'était pire encore", soupire-t-elle. Cheveux roux désormais coupés au carré, visage tout en sourire
et verbe pétillant, la Lilloise, libérée par la Cour suprême mexicaine en raison des multiples irrégularités dans la procédure, dit aujourd'hui vouloir "tourner
la page".

"Je l'ai revue à Noël: elle était plus posée, elle semblait avoir retrouvé ses marques", dit son frère. "Je m'efforce de profiter au maximum de la vie. Il faut
rattraper le temps perdu
", confirme l'intéressée. En juillet, la jeune femme a épousé un Franco-Mexicain, Fausto Avila, installé dans les Alpes depuis plus de dix ans. Un mariage en petit comité, confie le maire de Dunkerque, Michel Delebarre (PS), qui dit avoir pris du plaisir à officier.

Son mari, salarié d'un groupe hôtelier, faisait partie de son comité de soutien et lui avait rendu visite en 2009 dans sa prison de Tepepan. "Il m'a beaucoup aidée", raconte Florence Cassez, installée à ses côtés dans la région d'Annecy.

Un film en préparation

Après plusieurs mois consacrés à l'écriture, elle dit rechercher un emploi. "J'ai eu du mal jusque-là, je ne voulais pas qu'on m'embauche pour mon image. Mais je veux travailler, retrouver une vie normale", assure-t-elle.

En attendant, la Savoyarde d'adoption participe à l'écriture d'un film autobiographique, réalisé par Fred Garson, dont le tournage devrait débuter à l'automne. Une façon de "poursuivre le combat" contre la "machination" dont elle a été victime. "L'affaire Cassez ne s'est pas arrêtée à ma sortie de prison. Il y a encore du travail à faire pour qu'éclate la vérité", affirme-t-elle en espérant encore "des réponses de la justice mexicaine".

Son ancien compagnon, Israel Vallarta, désigné comme le leader présumé de la bande de kidnappeurs "Los Zodiaco", est toujours détenu dans une prison de haute sécurité, sans avoir été jugé. La justice mexicaine a annoncé en avril une enquête pour "obstruction à la justice" à l'encontre des fonctionnaires impliqués dans le montage de son arrestation, en premier lieu Genaro Garcia Luna, ministre de la Sécurité publique sous la présidence
de Felipe Calderon et chef de l'Agence fédérale d'investigation (AFI) lors de l'interpellation. Une enquête dont on est sans nouvelles.

"Au-delà de mon histoire, il faudrait qu'on s'intéresse aux autres. A tous les innocents qui sont encore emprisonnés au Mexique. Des innocents en prison, dans ce pays, il y en a plein", estime Florence Cassez.

Pour son avocat mexicain, Agustin Acosta, ce dossier à rebondissements a eu le mérite de mettre "à jour tous les fantômes d'une société gravement blessée par la criminalité", mais aussi de hisser au premier plan la notion de "procès équitable". "Ce dossier a été réglé par les moyens juridiques et non pas par les voies politiques", affirme Me Acosta, "c'est une victoire du droit, fondamental pour la consolidation
de la démocratie au Mexique
".

 

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