Pendant 14-18, la capitale de la Belge vécut 50 mois durant, à l’heure allemande. Une occupation si brutale, qu'après-guerre les Bruxellois ont débaptisé les noms à consonance germanique : l’eau de Cologne devient l’eau de l’Yser, le café viennois s'appellle le café liégeois.
20 août 1914, Bruxelles est passée sous le joug allemand. Le bourgmestre exhorte la population à garder son calme, la ville échappera ainsi aux exactions. Ordre est donné de vivre à l’heure de Berlin, en avance d’une heure sur celle de Bruxelles. Les Bruxellois ne s’y feront jamais.
Très vite, c’est la pénurie car Bruxelles est coupée de ses campagnes et victime du blocus anglais sur la mer du Nord. Tout manque. Et il y a un million de Boches à nourrir.
Bruxelles va échapper à la famine grâce aux pays neutres. A l’initiative des Etats-Unis, un vaste mouvement de solidarité internationale envoie sous protection diplomatique des produits de première nécessité. Les parcs publics sont transformés en jardins potagers ; dans chaque maison, c’est le pillage. L’occupant prend jusqu’aux casseroles, baignoires, marteaux pour récupérer le cuivre et autres métaux. La population est contrôlée en permanence. En mars 1915, un arrêté oblige chaque Bruxellois à se munir d’un certificat avec nom, âge, lieu de naissance. L’ancêtre de la carte d’identité.
Malgré les risques, les Bruxellois affichent leurs couleurs nationales sur des tasses de café, des bijoux, des corsets. Ils gardent leurs sens de l’humour : de nombreuses caricatures circulent sous le manteau.
Le 17 novembre 1918, Bruxelles est enfin libérée ! Le Maneken Pis, symbole de la ville peut alors arborer l’uniforme du Jans, le nom du soldat belge pendant la Grande Guerre.